Les liens entre les villes et le pouvoir sont extrêmement forts ; elles constituent des relais du pouvoir royal. Les villes sont des relais administratifs des pouvoirs. Elles mettent au service du pouvoir leur administration et leurs compétences juridictionnelles. Afin de parer aux limites administratives du pouvoir royal, celui-ci compte sur des officiers peu nombreux, des institutions ayant une capacité faible d'un point de vue juridique.
Pour gouverner et administrer ce territoire dans son ensemble, l'administration royale fait appel aux villes qui assurent un contrôle juridictionnel, fiscal et juridique sur les espaces urbains et sur un vaste territoire rural sur lequel la ville a des compétences et qu'elle administre. On se réfère aussi à l'hinterland de la ville, c'est-à-dire l'espace rural sur lequel la ville a un pouvoir. En Castille, on parle de tierra, en Italie de contado…
[...] Les réseaux urbains constituent l'ossature de cette monarchie éparse. Le contact direct du souverain avec les représentants locaux rapproche le souverain avec ses sujets. Ce sont des facteurs de stabilité. Elles suscitent des inquiétudes en raison de leur pouvoir, de leur taille. Cet aspect structuré est exporté en Amérique et le réseau urbain américain est beaucoup moins dense. Il est un point d'appui fort du pouvoir royal. [...]
[...] Cette explosion démographique n'est pas du à l'activité économique, mais c'est un important pôle politique avec un très bon profil fiscal. Lorsque la monarchie prend possession de Naples, elle fait d'énormes efforts et concessions fiscales pour être bien reçu. Cette ville est la seule à être totalement exemptée d'impôts directs. Elles ne paient que des impôts sur les transactions, sur les douanes : ce sont des privilèges annonaires. L'administration s'occupe du ravitaillement. Le prix du pain est fixe, la monarchie s'est engagée à maintenir son prix afin que toutes les catégories sociales puissent accéder au ravitaillement. [...]
[...] En Castille comme en Aragon, ce sont toujours des représentants des élites urbaines qui ont le contrôle de ces charges. Ces charges sont prisées, c'est une position de pouvoir et une position dans laquelle on peut obtenir des bénéfices du roi. Les villes sont pour la royauté des interlocuteurs nécessaires. Des institutions comme les Cortès avaient pour fonction de discuter la politique fiscale. Elles sont concurrencées par les villes. Au 17e siècle, les souverains convoquent rarement les Cortès, préférant s'adresser directement aux villes. C'est à ce moment-là que les représentants des villes pourront recevoir des récompenses personnelles. [...]
[...] La ville est responsable de la survie de ses habitants. Elle a en charge l'entretien de la voirie, les questions sanitaires, l'assistance aux pauvres et la mise en place de structures d'urgence en cas d'épidémie. Chacune d'elles organise une milice urbaine, constituée de citoyens qui, en cas de danger, prend la défense de la ville. Elles sont très présentes dans les territoires de frontière. Les villes ont des compétences fiscales, elles ont des revenus propres, elles perçoivent des taxes, différentes selon la ville. [...]
[...] La population est classée en trois catégories : les Vecinos, qui représentent le patriciat urbain, faisant partie du conseil municipal. Les Habitantes, de rang inférieur, sont les habitantes permanentes. Enfin les Estantes, qui ne sont là que de passage. Ce sont des marchands ou des soldats. Le fonctionnement de la ville américaine est le même que dans la péninsule. Seuls les vecinos peuvent représenter le peuple. La différence avec le modèle castillan et qu'il n'y aura pas la vénalité et la transmission héréditaire des charges. Ce sont quand même les mêmes familles qui détiennent le pouvoir. [...]
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