Le texte soumis à notre réflexion est un extrait du "Voyage en Inde" du comte de Modave (1773-1776), édité par Jean Deloche. À la fois témoignage historique et journal de route, ce texte de Louis Laurent de Féderbe, comte de Modave, est également la description singulière de la province du Bengale et des rivalités européennes grandissantes en Inde à cette époque.
Militaire, passionné d'histoire, aventurier et philosophe, le Comte de Modave, nait le 25 juin 1725 en France dans une ancienne famille de nobles diplomates. Décoré de l'Ordre de Saint Louis incarnant sa brillante carrière militaire, il se lance dès 1757 dans la grande aventure coloniale et en mai de cette même année, il embarque pour l'Inde comme aide de camp à l'État major de Lally. Il y sera nommé colonel quelque peu après son arrivée, suite à la prise du fort de Saint David et du siège de Madras.
Lorsqu'il est de retour en France en 1759, il dispose alors d'une expérience unique de l'Inde - comme en témoignent ses rapports et plans préparés pendant son voyage du retour, qu'il soumettra au ministre à son arrivée en février 1760 – et se voit accorder une place toute particulière au sein de la Compagnie française.
L'extrait étudié ici concerne plus particulièrement la période de son séjour au Bengale, d'octobre 1773 à septembre 1774, sur une terre découverte donc trois siècles auparavant, emblème d'une histoire et d'un passé singulier. En effet, le 20 mai 1498 Vasco de Gama, suivant les traces de son prédécesseur Bartholomé Diaz, arrive à Calicut, sur la côte ouest de l'Inde, découvrant ainsi la route du cap de Bonne Espérance et par là même les richesses des Indes.
Les Portugais, alors seuls en Inde, prennent peu à peu le contrôle du marché des épices, mais doivent rapidement faire face à la concurrence de grandes Compagnies qui se créent peu à peu dans toute l'Europe. Très vite l'expansion commerciale développe des relations entre les puissances européennes et les villes d'Inde et d'Asie. Dès 1600 est crée
Dès lors, le texte nous montre comment au cœur d'un commerce unique face à la richesse des Indes, les rivalités entre les grandes puissances européennes naissent peu à peu. Ainsi, il s'agira de voir comment, à travers l'exemple de la région du Bengale, les pays européens vont s'organiser et s'affronter sur la scène commerciale, cherchant chacun à affirmer leurs puissances dans un monde aux mille richesses.
[...] Alors que les Portugais ont depuis longtemps laissé le premier rang aux Compagnies, les Européens se retrouvent confrontés à des espaces divers. Au XVIIIe siècle, l'affaiblissement de l'Empire moghol donne alors aux Européens l'occasion de conforter leur présence en Inde et surtout au Bengale. Les Anglais s'y installeront définitivement en 1650 marquant ainsi le début des rivalités européennes dans cette région extrêmement riche et pleine de ressources qu'est la vallée du Gange. Le texte du comte de Modave s'organise suivant trois mouvements ; après avoir présenté les richesses du Bengale et ses atouts (premier paragraphe), celui-ci décrit les échanges principaux et les modalités du commerce avec les Européens (paragraphes deux et trois) pour ensuite en relever les rivalités, les intérêts des puissances européennes et les rapports de force que mettent en place les Compagnies (dernière partie du texte). [...]
[...] En conclusion, ce témoignage du comte de Modave nous apporte des informations originales sur les comptoirs Européens, de leurs relations sur les terres des Indes et les modalités de leur organisation. A travers l'exemple essentiel de la région du Bengale, une des plus riches et des plus prospère de l'Asie, le Comte de Modave nous ouvre les portes du monde commercial européen en proie à un lente décadence qui se fait sentir dès le début du 18ème siècle, et à une période de tentions véritable entre les Européens, tant sur le plan commercial que politique. [...]
[...] Le traité de Paris du 10 février 1763, qui met fin à cette guerre franco-britannique en Europe et en Inde, ne laisse que cinq comptoirs à la France (Chandernagor, Karikal, Mahé, Pondichéry et Yanaon), la Compagnie avec peu d'espoir de se rétablir laisse ainsi les Britanniques libres sur les terres du Bengale. Aux lignes 50 à 69, le comte de Modave nous décrit avec précisions les modalités de la défaite des français à s'imposer dans cette partie du monde. Ils crurent follement qu'ils pouvaient s'emparer de tout le commerce des Indes. Leur infériorité en force navale, le gouvernement absurde d'une Compagnie ignorante et vénale, le peu de succès ( . [...]
[...] Par des moyens divers et variés les britanniques s'enrichissent par le bais d'un commerce privé qui se développe de plus en plus, sans toutefois concurrencer la Compagnie. Ceux-ci s'allient et aide les souverains locaux en l'échange de bien et de faveurs qui augmente la fortune des marchands privés mais aussi des agents de l'East India et notamment des capitaines qui peu à peu, grâce au port permis, s'enrichissent également. En 1756 : le nabab tente de mettre fin à ces avantages mais il est trop tard, les britanniques se sont déjà emparés d'un pouvoir politique important dans la région. [...]
[...] Bien que c'est la péninsule Ibérique qui dominait cette partie du monde pendant les premières années de découvertes, notamment depuis le 15ème siècle et le traité de Tordesillas, où les deux pays se découpèrent le monde et développèrent les relations avec les terres découvertes et à découvrir, au nom de leur couronnes respectives. Mais comme on peut le voir dans le texte, ces deux présences ne sont plus très présentes et dominantes au Bengale en 1773. D'ailleurs, à la ligne 49, le comte de Modave souligne que les Hollandais voulaient consoler les portugais de l'abaissement ou ils les ont réduits En effet, face à l'arrivée de Compagnies commerciales l'organisation portugaise ne parvient pas à se maintenir et leur organisation est trop faible pour soutenir ces nouveaux territoires découverts et à exploiter. [...]
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