Une société évolue constamment, des mutations ont lieu à l'intérieur des multiples groupes sociaux. Grégory King, à travers le tableau du revenu et des dépenses des diverses familles de l'Angleterre, tente de faire une projection de la société anglaise, une photo précise des diverses classes et de leurs finances dans un espace-temps déterminé.
Grégory King a vécu entre 1648 et 1712. Jusqu'en 1695, il effectue divers emplois, notamment en servant plusieurs nobles héraldistes, c'est-à-dire spécialistes des blasons et des armoiries. En 1695, il commence une seconde carrière dans l'administration chargée de la gestion des ressources économiques du pays.
En tant que commissaire aux impôts, il instaure une nouvelle taxe sur les mariages, les naissances et les enterrements, puis devient secrétaire à la commission des comptes publics et secrétaire du contrôle des comptes de l'armée. Enfin, en 1708, il est l'un des trois commissaires nommés pour évaluer les dettes du roi Guillaume décédé.
Mais King est également un statisticien, « le premier grand statisticien économique » comme l'a appelé Richard Stone. Contrairement à John Graunt et William Petty qui avaient commencé un travail similaire, King ne publia pas ses œuvres qui restèrent à l'état de manuscrit pendant plus d'un siècle.
Le tableau ci-dessous est issu du manuscrit de King écrit en 1696 et intitulé Observations et Conclusions naturelles et politiques sur l'état et la condition e l'Angleterre. Le document contient des estimations sur la population et les richesses de l'Angleterre à la fin du XVIIe siècle. King décrit ainsi les caractéristiques démographiques de la population de l'Angleterre et du Pays de Galles : âge, genre, statut marital, nombre d'enfants, domestiques. Mais il calcule aussi d'autres informations comme la quantité de bière et de malt consommée annuellement dans le royaume. Ces estimations se basent sur des déductions d'informations issues des rapports d'imposition.
[...] Par exemple, de nombreux salariés d'industries, comme dans celle de la laine, ont un petit jardin. Autour de la ville d'Halifax, chaque ouvrier du textile possède une vache ou deux dans un champ. Beaucoup de pauvres passèrent de la catégorie des humbles et indigents à celle d'ouvrier et journalier. Ils décident en effet de lâcher un peu de terre pour migrer vers un travail dans une industrie, ce qui ne leur permit pas de sortir de la pauvreté. En effet, les salaires sont bas et le chômage peut advenir lors d'un moment de dépression. [...]
[...] Les revenus de ces personnes tiennent en grande partie à la possession de la terre. A la fin du 17e siècle, la noblesse possède entre 60 et 70% de la terre. Pourtant, les historiens de cette période parlaient de crise de l'aristocratie pour décrire les menaces qui pèsent sur la domination sociale de l'aristocratie. Elle doit faire face à une difficulté pour augmenter ses revenus en raison de la hausse des prix. Elle maintient donc difficilement son niveau de vie qui lui coûte cher. [...]
[...] Ce sont des chiffres assez proches. Pourtant, si l'on prend comme critère le nombre de famille, la différence entre ces catégories est nettement plus grande : familles font accroitre la richesse contre qui la font décroitre. Cela permet de conclure que les pauvres vivaient dans de petites familles alors que les familles plus aisées vivaient dans des grandes. La colonne Nombre de personnes par famille est ainsi à expliquer. La famille pour King comprend les domestiques vivant à la maison ainsi que les enfants. [...]
[...] On est donc dans les mêmes idées vues par King. Ce dernier peut nous permettre de fixer un ordre de grandeur et une évolution même si en ce qui concerne les chiffres, ils peuvent être aléatoires. Gregory King nous renseigne donc en priorité sur la perception que la société anglaise avait d'elle-même, ou du moins sur la vision qu'entretenaient les élites de la fortune et de leur propre condition. De plus, l'auteur décrit en 1696 une situation qu'il place en 1688, année de la glorieuse révolution. [...]
[...] Les familles pauvres perdent certains de leurs membres au profit des riches qui en faisaient leurs serviteurs. C'est ainsi qu'une famille de duc et pair comprend en moyenne 40 membres contre 3 et demi pour une famille d'ouvriers et journaliers. L'augmentation de la population va avoir quelques conséquences au 17E siècle. Tout d'abord, un redécoupage dans la répartition entre populations urbaines et rurales avec une nette croissance démographique des principales villes, comme York, Exeter ou Londres qui, d'après King, a habitants en 1688, soit un dixième de la population totale alors que 74% de la population vient encore dans un village ou un hameau. [...]
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