Dans l'article « A social interpretation of the reign of Louis XIV », William Beck conteste l'idée courante selon laquelle la période du règne de Louis XIV correspondrait à la première manifestation de l'État moderne. Il propose de revenir sur l'affirmation du caractère supposé moderne du régime par un nouvel examen de ses fondations sociales. Le développement des rapports marchands n'a-t-il pas diminué et affaibli les seigneuries ? Les nouvelles élites qui en ont émergé représentent, elles aussi, une difficulté : ne s'affirment-elles pas contre la noblesse traditionnelle, et ce avec l'appui du Roi ? Comme le dit lui même Beik : « en considérant ces facteurs, comment peut-on prétendre que Louis XIV a perpétué le régime social de ses prédécesseurs » ?
[...] Il identifie quatre facteurs de changement, présentés comme des difficultés qui pourraient remettre en cause sa théorie. Il y première difficulté, [Des] changements dans la nature de la richesse de la classe terrienne entre le quatorzième et le dix-septième siècle Le développement des rapports marchands n'a-t-il pas diminué et affaibli les seigneuries ? Les nouvelles élites qui en ont émergé représentent, elles aussi, une difficulté : ne s'affirment-elles pas contre la noblesse traditionnelle, et ce avec l'appui du Roi ? [...]
[...] Beik affirme que Les terres constituaient toujours la base de la fortune des différentes noblesses, qui trouvaient un intérêt direct à voir leurs arrangements avantageux protégés par l'Etat Si, comme il le dit, l'État était de plus en plus indispensable au maintien des avantages sociaux les relations entre le roi et classe dirigeante n'en sont pas moins resté inchangées. Tout d'abord, la richesse provenait toujours en énorme partie des travaux traditionnels des paysans ; ensuite, la société était toujours organisée autour du principe d'une répartition inégale des avantages ; enfin, le pouvoir de commandement [ ] était toujours très largement intangible, fondé davantage sur le prestige que sur les résultats de mécanismes bureaucratiques et de contrôle Le Roi et l'aristocratie était donc dépendant l'un de l'autre. [...]
[...] Par ailleurs, troisième difficulté, l'accroissement du pouvoir de l'État royal n'est-il pas, justement, une manifestation éclatante de la modernité du règne de Louis le Grand ? Enfin, dernière difficulté, ces changements de nature de l'aristocratie ne témoigne t-ils pas de sa perte d'influence politique et de son assujettissement à la cour ? Comme le dit lui même Beik : en considérant ces facteurs, comment peut-on prétendre que Louis XIV a perpétué le régime social de ses prédécesseurs ? [...]
[...] Bien que concernant tout le monde, sa structure reflète malgré tout la véritable hiérarchie sociale (Bluche et Silnon cités par l'auteur) de l'Ancien Régime, puisque les initiateurs de l'impôt par tête se sont fondés sur une subtile combinaison de richesse et de rang qui, selon Bluche et Solnon, reflétait les réalités de la période une hiérarchie d'estime sociale subtilement adaptée aux valeurs et aux conditions de l'époque Enfin, Louis XIV a restauré la paix sociale en affirmant le contrôle de la classe dominante sur le menu peuple séditieux tant à la ville qu'à la campagne Beik affirme que depuis le temps des croquants, des rebeines, des lantulerus, des nu-pieds, des cascaveoux, des ormées, des loricards et de tous leurs homologues, l'insubordination populaire avait été le cauchemar des magistrats et l'expérience de révolte était bien présente à l'esprit aussi bien des autorités que des masses Les magistrats devaient-ils faire respecter l'ordre au risque de se faire lyncher, ou alors devaient- ils laisser la foule désobéir, au risque d'être discrédité par le roi ? [...]
[...] Le roi, selon l'auteur, a tout d'abord été une force de régulation en coupant court aux suicidaires batailles pour la préséance et en limitant les incertitudes des combats juridiques débilitants En augmentant les effectifs militaires, il aurait contribué à donner un nouvel éclat à la noblesse traditionnelle Enfin, il affirme aussi qu'il aurait rendu sa gloire à la hiérarchie de l'Église car ceux qui ont coopéré ont joui d'un pouvoir accru sur le clergé paroissial. Le roi a aussi recueilli et redistribué les richesses essentiellement vers cette nouvelle aristocratie. [...]
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