« Ceux qu'on domestiqua et christianisa », cette formule d'Aimée Césaire résume la double expérience de colonisation et de christianisation.
Les quatre textes que nous allons étudier sont tirés de « Relations de ce qui s'est passé en la Nouvelle-France en l'année 1637 » écrit par Paul Lejeune. Paul Lejeune devient catholique à l'âge de seize ans après avoir abjuré le protestantisme. En 1613, il entre dans la compagnie des Jésuites. A partir de 1639, il fera de nombreuses visites à Québec avant de devenir responsable d'un poste de missionnaire jésuite à Montréal en 1642. Les Relations des Jésuites réunissent les rapports envoyés par les Jésuites à leurs supérieurs où ils décrivent les événements qui se sont passés durant leurs missions. Ces textes constituent donc une source de renseignement sur l'évangélisation au Canada.
Le XVIème siècle est caractérisé par une expansion missionnaire qui obéissait à la règle selon laquelle les églises des pays chrétiens assumaient sur tous les plans l'évangélisation de nouvelles régions. Le terme de mission est introduit dans la deuxième moitié du XVIème siècle par la Compagnie de Jésus et désigne l'évangélisation des populations non chrétiennes. Le terme est ensuite confirmé par la papauté en 1622, une organisation centralisée pour la propagation de la foi aux hérétiques et aux païens.
La politique coloniale française en Nouvelle-France connut un premier infléchissement avec Richelieu qui devint le principal ministre de Louis XIII. En 1627, Richelieu forme la Compagnie des Cent Associés qui en contrepartie de son monopole commercial s'engage à implanter 4 000 colons catholiques en Amérique du Nord. Cette société devait oeuvrer à la conversion des Indiens et leur accorder le statut de « naturels français » en cas de baptême. Cependant, les problèmes financiers de la Compagnie ainsi que les conflits avec l'Angleterre entre 1629 et 1632 affaiblirent considérablement la compagnie qui perdit de nombreux appuis à la cour. Le projet de colonisation fût de ce fait fortement perturbé.
Parallèlement au déclin de la compagnie, on assiste en Nouvelle-France en 1632, à un véritable élan missionnaire. Les jésuites tentèrent de sédentariser les Indiens près du Saint-Laurent à Québec, et à partir de 1634 ils se rendirent en Huronie sous la direction du père Jean de Brébeuf. Les jésuites étaient désormais animés par un rôle de mission et d'encadrement dans la colonie, leur but premier étant d'écarter la menace protestante qui visait à étendre son influence en Amérique. L'objectif était de constituer une société catholique conforme à « l'idéal tridentin », et de créer sur le site de Montréal une ville missionnaire où les Indiens pourraient se sédentariser et au contact des Français pourraient se convertir.
Comment ces textes constituent ils un témoignage de la propagande évangéliste en Nouvelle-France et par quels moyens les jésuites mènent-ils leur mission en territoire inconnu ?
[...] L'impossible adaptation des jésuites en Nouvelle-France L'implantation des jésuites en Huronie va se faire de manière très pénible et dans des conditions insoutenables ce qui va d'autant plus les ralentir dans leur mission. Au XVIIème siècle, le Canada est présenté par les européens comme une terre d'horreur. On en savait peu sur ce monde inconnu et la plupart des colons refusaient de s'y installer. Dans le premier texte, l'auteur raconte les conditions difficiles des missionnaires qui les empêchent d'accomplir leur mission de manière efficace, car les obstacles sont trop nombreux. [...]
[...] Le but serait plutôt de conserver la coutume tout en l'adaptant à la France et en retirant ce que les jésuites jugent comme mal et contraire à la religion retenir ce qu'on leur avait enseigné la lumière pour croire en lui Ils tentent donc de faire apparaître une passerelle entre christianisme et croyances indiennes, tout en accentuant le côté magique de la religion pour la rendre semblable aux pensées des sauvages. Ils ouvrent donc un espace dans lequel l'imaginaire religieux des sauvages peut se réinvestir. Le réemploi de la tradition est rendu possible et permet moins de résistance à la conversion. Le missionnaire doit avant toute chose s'identifier à son destinataire. Il cherche donc à comprendre la langue du sauvage, ses coutumes, sa morale, dans le but cependant d'en combattre une partie, la corriger et la christianiser. [...]
[...] Les quatre textes que nous allons étudier sont tirés de Relations de ce qui s'est passé en la Nouvelle-France en l'année 1637 écrit par Paul Lejeune. Paul Lejeune devient catholique à l'âge de seize ans après avoir abjuré le protestantisme. En 1613, il entre dans la compagnie des Jésuites. À partir de 1639, il fera de nombreuses visites à Québec avant de devenir responsable d'un poste de missionnaire jésuite à Montréal en 1642. Les Relations des Jésuites réunissent les rapports envoyés par les Jésuites à leurs supérieurs où ils décrivent les événements qui se sont passés durant leurs missions. [...]
[...] Les religieux tentent donc de conserver leur indépendance pour délivrer leur propre message aux indigènes. Le missionnaire se retrouve alors partagé entre deux statuts : celui de bon citoyen français au patriotisme exemplaire, ou celui de l'homme de Dieu dévoué uniquement pour la religion et l'évangélisation des peuples étrangers. Ainsi, les résistances à la conversion en Huronie seront le plus souvent justifiées par les jésuites comme la réaction aux excès de la colonisation. III. Les obstacles à l'évangélisation entre incompréhension et rejet. [...]
[...] Cette politique répond à une logique d'universalisme civilisateur c'est un programme issu des Lumières et de la Révolution, mais également qui témoigne d'une étroite alliance entre Eglise et la royauté. C. Vers une conciliation entre colonisateurs et missionnaires : l'impossible indépendance des missions chrétiennes. Ce discours civilisateur que l'on retrouve implicitement dans chacun des textes est né avant tout d'une coopération entre mission et colonisation. Cependant il convient de marquer certaines différences entre ces deux actions. Malgré une forte influence, le discours du missionnaire n'a pas comme finalité concrète la civilisation, mais le salut. [...]
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