Il serait vain de compter les morts, entre Vassy en 1562 et l'Edit de Nantes en 1598. Des milliers de corps sont tombés sous les coups des épées et des dagues ou des famines engendrées par les sièges des villes. De cette période des guerres de Religion, l'on observe l'évolution de la violence, de la raison et de la pensée. La souveraineté pensée par Jean Bodin dans La République laisse entendre un pouvoir fort, qui ne permet plus la violence illégitime. Ici, une autre figure du parti des « politiques » nous intéresse, il s'agit de Pierre de l'Estoile, qui fut audiencier de la Chancellerie jusqu'en 1601 et qui représente un peu les catholiques modérés, via media entre des extrêmes violents. Dans son registre-journal, il a conservé une somme importante de documents, dont les documents ici étudiés sont extraits. Il s'agit de huit documents présentant neuf illustrations et huit textes d'accompagnement. Ces documents présentant la mort du duc de Guise, de son frère le cardinal de Guise et enfin du roi Henri III. Mais plus encore, ces documents nous permettent de nous interroger sur l'évolution de l'image du roi, sur les raisons de sa « déroyalisation » pour ainsi dire. Ces pamphlets, riches d'images, d'idées reçues, véhiculent les pensées de ceux qui, comme nous le verrons, légitimèrent l'assassinat d'Henri III. Pour tenter au mieux de comprendre et d'analyser ces documents, nous commencerons par étudier l'assassinat des Guise, en 1588, aux vues des pamphlets et de nos connaissances. Dans un second temps, nous étudierons comment Henri III devient, dans les pamphlets, « Henry de Valois », un roi de rien du tout comme lui aurait dit sa mère Catherine de Médicis. Enfin, nous terminerons par la mort d'Henri III et ce qu'elle implique, notamment pour son successeur Henri IV.
[...] Cela n'est pas sans rappeler l'image dévote du roi pénitent, qui essayait d'introduire la flagellation publique à Paris, après l'avoir vue dans le sud et en Italie lors de son voyage au retour de Pologne où il abandonna le trône. De la Pologne viennent aussi des traits jugés à l'époque exotiques comme la barrière qui séparait Henri III de ses convives, à table. Finalement, c'est un roi incompris que tous décrivent. Et comme de nombreuses choses incomprises, les catholiques préférèrent tuer Henri III, qui n'était plus déjà qu' henry de Vallois C'est le meurtre qui est décrit page 5. [...]
[...] Mais au lieu de renforcer son pouvoir, nous voyons grâce à ces pamphlets que les réactions furent vives contre le roi. Ce qui est un coup d'Etat au sens naudéen devient une tragédie pour le roi. Le terme de Tragédie semble être bien choisi, d'ailleurs, pour commenter ces pamphlets. Ceux-ci sont mis en scène pour chaque mort, avec la présence à chaque fois d'un rideau au centre, qui monopolise le regard sur ce qui s'y passe devant. La première image (page présente même une lecture en trois temps. [...]
[...] Le loci la scène, change mais la figuration entre les trois premières images reste la même. Les mêmes codes d'une perspective très aléatoire sont utilisés, tout comme le drap, séparant l'espace au premier plan de l'arrière plan, qui montre bien la volonté simple et même simpliste d'illustrer rapidement les faits de manière orientée. Ce qui est présent ici, c'est la première mort d'Henri III. Le roi est assassiné un an plus tard, comme nous le verrons, mais déjà, nous remarquons ici les prémices de l'acte de Jacques Clément. [...]
[...] D'ailleurs, les corps des Guise furent passés à la chaux, d'après ce que dit dans son journal Pierre de l'Estoile, pour éviter que le peuple n'en fasse des reliques. Page les corps sont disposés à terre (le duc garde ses dagues et le cardinal ses lances) et sont tous deux martyrisés de six coups dont un sur la tête. Page la nature des Guise martyrs est clairement énoncée, ils sont disposés de chaque côté du Christ en croix, priant devant celui-ci. [...]
[...] C'est la main de Dieu, pour ainsi dire, qui tua le roi. Ce coup d'Etat qui eu les conséquences dramatiques que l'on sait pour Henri III n'en reste pas moins un coup d'Etat dont les effets seront bénéfiques pour le pouvoir d'Henri IV. C'est d'ailleurs ce dernier qui clôt l'épisode régicide avec sa propre mort en 1610 par Ravaillac. Contrairement à celui d'Henri III, l'assassinat d'Henri IV ne réveilla aucun engouement populaire et même au contraire, la population condamna Ravaillac. [...]
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