Les années 1635-1660 sont marquées par la plus importante vague de révoltes rurales de l'histoire de l'Ancien Régime. Ces révoltes, dont les acteurs reçurent par dérision les surnoms de Croquants ou de Nu-Pieds, s'inscrivent dans une longue tradition de « jacqueries », tenues pendant longtemps par l'historiographie comme un épiphénomène.
Leur importance a été mise en lumière dans les années 1960-1970 à l'occasion d'une controverse historiographie (à forte connotation idéologique) qui eut le mérite d'attirer l'attention des historiens sur ce phénomène mal connu et de susciter de nombreuses recherches locales. En naquirent notamment les travaux d'Yves-Marie Bercé et sur les révoltes du Sud-Ouest, région qui fut le berceau des Croquants et le théâtre des plus nombreux et des plus importantes des guerres paysannes.
Ce récit présenté ici relate la révolte des paysans d'Angoumois et de Saintonge en 1636, il est tiré de l'oeuvre d'Yves-Marie Bercé, Histoire des Croquants. Études des soulèvements populaires au XVIIe siècle dans le sud-ouest de la France, publié en 1974. De ce témoignage on ne connaît avec certitude ni la provenance, ni l'auteur, ni la date. Elle figure dans un recueil de textes (récits ou manifestes) relatifs aux révoltes de Saintonge, d'Angoumois et du Périgord des années 1636-1636. Yves-Marie Bercé émet l'hypothèse que ce recueil ait pu être collationné par Henri-Auguste Loménie de Brienne, secrétaire d'État de 1615 à 1643, qui, à la fin de sa vie, aurait réuni des pièces documentaires à des fins personnelles. Il suggère également que la relation ait pu être envoyée en 1636 à une personnalité parisienne par quelque gentilhomme local. En effet, le début du texte donne à penser qu'il est contemporain des événements relatés, dont on sait qu'ils ont commencé en avril 1636.
[...] Les trois lieux cités, Saint- Savinien, Montendre( en Saintonge) et Chateauneuf ( en Angoumois) sont suffisamment éloignés l'un de l'autre pour permettre de penser que la révolte a embrasé un espace assez vaste aux confins de l'Angoumois de la Saintonge et de la Guyenne. Le chiffre avancé est invérifiable de plus de quarante mil enrôlés laissent supposer que plusieurs dizaines, voir une centaine de paroisses étaient concernées. Le seul terme qui puisse donner une quelconque indication sur la sociologie de la révolte est celui de paysans Il s'agit d'une révolte purement rurale contrairement à beaucoup d'autres qui voyaient villes et campagnes s'insurger simultanément. [...]
[...] On s'en prend également aux modalités de la levée : aux exactions des partisans qui pour un écu versé au roi en lèvent cent sur le peuple; à la violence des sergents qui saisissent les biens des récalcitrants. Les séditieux accepteraient même en cas de nécessité extrême de supporter de nouvelles impositions si celles-ci étaient déterminées selon les formes traditionnelles, c'est-à-dire consenties par les États Généraux. Derrière ces refus c'est le système fisco-financier qui est visé: l'affermage des impôts à des traitants ou partisans qui avancent au trésor royal les sommes nécessaires et reçoivent le droit de lever l'impôt. [...]
[...] En définitive, la rébellion de 1636 se démarque des autres révoltes par son caractère non-violent Cette sorte de résistance passive et active quand il le faut témoigne d'une organisation assez bien rodée. La résistance s'inscrit dans une tradition bien enracinée. Nous sommes ici dans une terre du refus. L'Angoumois et la Saintonge étaient déjà le foyer de la révolte, des Pitauds de 1548. Ils participeront à tous les croquandages des années 1635 à 1660. On doit s'interroger sur la permanence de cette contestation inconnue dans d'autres provinces tout autant assujetties que l'Angoumois à la dictature fiscale des années Richelieu. [...]
[...] Récit anonyme de la révolte des paysans d'Angoumois et de Saintonge (1636) Les années 1635-1660 sont marquées par la plus importante vague de révoltes rurales de l'histoire de l'Ancien Régime. Ces révoltes, dont les acteurs reçurent par dérision les surnoms de Croquants ou de Nu-Pieds, s'inscrivent dans une longue tradition de jacqueries tenues pendant longtemps par l'historiographie comme un épiphénomène. Leur importance a été mise en lumière dans les années 1960-1970 à l'occasion d'une controverse historiographie (à forte connotation idéologique) qui eut le mérite d'attirer l'attention des historiens sur ce phénomène mal connu et de susciter de nombreuses recherches locales. [...]
[...] Ces taxes grèvent l'activité économique de la province et écrasent les paysans. L'enchainement infernal de l'endettement est ici évoqué: les arriérés d'impôts qui s'accumulent, les saisies, la fuite hors des villages pour échapper au fisc, l'abandon des cultures, et au bout du compte la mendicité. Peut-être y a-t-il dans la description une part de dramatisation et de pathos désespoir, extrême pauvreté (l.5) mandier souffrance (l.11); mais cela correspond assez à ce que l'on connait du processus d'endettement qui s'aggrave au moment des crises. [...]
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