La guerre occupe l'Europe tout entière depuis tout temps, et jusqu'alors, on n'a jamais réussi à établir une paix stable, la guerre est toujours réapparue. Mais en 1713, l'abbé de Saint-Pierre manifeste sa volonté d'établir une paix perpétuelle. Le document proposé est un texte extrait du Projet pour rendre la paix perpétuelle en Europe de l'abbé de Saint-Pierre publié en 1713, et publié ici dans Corpus des Œuvres de philosophie en langue française de 1986. Charles-Irénée Castel de Saint-Pierre (1658 – 1743) est issu d'une famille noble, il entre dans les ordres après des études chez les Jésuites. Il fréquente de nombreux salons littéraires, si bien qu'il se fait élire à l'Académie française en 1695. Avec le recul, on peut le considérer comme précurseur du mouvement philosophique du XVIIIe siècle, celui des Lumières, avec son esprit éclairé. Accompagnant le cardinal de Polignac à la rédaction de la paix d'Utrecht dès 1712 pour mettre fin à la guerre de Succession d'Espagne qui durait depuis 1701, il réalise combien il est difficile de négocier une paix. Il conçoit alors dans la foulée son Projet pour rendre la paix perpétuelle en Europe en 1713, qui contient plusieurs articles destinés aux États et souverains pour garantir de la meilleure manière possible la paix en Europe.
[...] La plupart des souverains d'Europe sont issus de dynasties, qui ont leur place en Europe depuis un long moment (Bourbon L'abbé de Saint- Pierre dégage deux tendances pour les souverains d'Europe : ils ont la nécessité de vivre en paix (l. et d'avoir des guerres entre eux 5). Ces deux tendances opposées s'expliquent : les souverains d'Europe se sont faits de nombreuses guerres avant celle de Succession d'Espagne, rien qu'au XVII on trouve la guerre de 30 Ans (1618 1648), des guerres plus locales (guerre allemande en 1620 1625 ou guerre française en 1635 1648), la guerre franco-espagnole en 1659, la guerre de Dévolution (1667 1668), la guerre de Hollande (1672 1678), la guerre de la Ligue d'Augsbourg (1688 1697) et finalement la guerre de Succession d'Espagne (1701 1713). [...]
[...] Ces Ligues sont surtout là pour gérer l'équilibre de puissance des Maisons dominantes 13). On sous-entend ici les Maisons de France (dynastie des Bourbons) et d'Autriche (dynastie des Habsbourg), qui se concurrencent pour acquérir l'hégémonie en Europe depuis le XVI siècle. De nombreuses guerres ont opposé les deux maisons entre le XVI et le début du XVIII y compris la guerre de Succession d'Espagne du fait que la France vole en quelque sorte l'Espagne à l'Autriche en y mettant le petit-fils de Louis XIV sur le trône. [...]
[...] Il parle tout d'abord des traités de commerce, de trêve, de paix, où l'on règle les limites du territoire 11). Un traité de commerce est un traité signé entre deux États au niveau économique, ce n'est pas un traité territorial. On peut citer comme exemple de traité de commerce le traité franco-hollandais de 1678 après la guerre de Hollande, qui permet à la Hollande de supprimer le tarif douanier exorbitant mis en place par la France en 1667 et qui freinait l'importation de produits hollandais. [...]
[...] L'abbé ne voit a priori que des avantages à la concrétisation de son projet, que l'on a déjà expliqué auparavant : conservation de l'Europe telle qu'elle est présentée en 1713 d'où stabilisation des territoires et frontières, création d'un Congrès perpétuel pour discuter entre les États des décisions à prendre en toute collégialité du fait de l'attribution d'une seule voix pour chaque souveraineté afin d'éviter toute hégémonie, non-intervention de la Société européenne dans les affaires des États ce qui permet à ces derniers de garder leur souveraineté, arbitrage des conflits entre les États pour éviter de nouvelles guerres, et enfin règlement du commerce entre les États pour établir une sorte de libre-échange européen. On ne voit ici que des conditions avantageuses pour tous les États européens, l'abbé de Saint- Pierre ne distingue pas de limites à son projet, ce dont on peut faire la critique. En effet, cela ne peut être parfait dans la mesure où il faut encore que les États veuillent l'adopter pour arriver à une sorte de système démocratique en Europe, et ce n'est pas gagné à l'époque. Le projet peut-il alors aller au-delà d'une simple utopie ? [...]
[...] C'est à ce moment-là que l'abbé de Saint-Pierre commence à exposer les 2 raisons principales expliquant la situation de guerre quasi permanente en Europe. D'abord, il remet en question la composition présente de l'Europe (l. 24) : l'organisation de l'Europe ne permet pas sûreté suffisante (l. 25). On peut l'expliquer de différentes manières : instabilités politiques (Provinces- Unies, Angleterre), morcellements (Saint-Empire Romain Germanique, empire des Habsbourg), rivalités Ce qui amène à la 2e raison, au sujet de l'équilibre de puissance entre la maison de France et la maison d'Autriche (l. 27). [...]
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