Le parti communiste allemand analyse la situation au lendemain des élections du 6 novembre 1932

Résumé du document

Ce texte est une déclaration du comité central du parti communiste allemand, dirigé par Ernst Thälmann, homme de confiance de Staline, qui se tient deux jours après les élections législatives.

L'Allemagne est alors sous la République de Weimar depuis 1919, dirigé par Franz Von Papen chancelier du Reich depuis le 1er juin 1932 et son gouvernement. Cependant le contexte est difficile, en octobre 1929 le krach de Wall Street touche les États-Unis et se propage dans les économies occidentales.

Cette crise a fait retirer les crédits américains des banques allemandes les mettant dans la difficulté, à cela s'ajoute un recul général de la valeur des exportations ainsi qu'une chute des importations et une crise agraire faisant croître le chômage, les mécontentements de la population et plongeant l' Allemagne, en 1932, dans une longue série de grèves souvent dirigées par les partis extrémistes qui ont vu leur rang augmenter suite à ce contexte. Dans le même temps, la République de Weimar est critiquée, à cause de la situation du Reich et de la volonté du président Franz Von Papen et de son entourage de revenir à un état autoritaire.

Extraits

[...] A cela s'additionnent des mécontentements sociaux. La crise qui touche l'Allemagne provoque une hausse importante du nombre de chômeurs qui atteint son maximum en 1932 avec plus de 5,6 millions soit 29,9% des actifs et 43,7% des syndiqués. La paupérisation qui s'installe touche tous les milieux, même libéraux. Le nombre de petites et moyennes entreprises qui font faillite sont d'environ par an mais ce sont surtout les ouvriers et les jeunes qui sont touchés : à Berlin, ils représentent environ les deux tiers. [...]

[...] Fin 1932 le KPD est alors un parti important mais cela ne sera qu'éphémère. En effet, lors de l'incendie du Reichstag de Berlin du 27 février 1933 soit près d'un mois après l'arrivée d'Adolf Hitler à la chancellerie, celui-ci l attribuera à un prétendu complot communiste et fait arrêter les cadres du KPD. Le même jour, il fera signer par le président du Reich Von Hindenburg un «décret pour la protection du peuple et de l'État» qui suspend les libertés fondamentales, donne des pouvoirs de police exceptionnels aux Régions (Länder) et met fin à la démocratie. [...]

[...] Colin Paris Christian Baechler. L'Allemagne de Weimar 1919-1933. Fayard Paris J. Solchang. L'Allemagne au XXème siècle. PUF Paris F-G Dreyfus. L'Allemagne contemporaine 1815-1990. [...]

[...] On peut dire alors qu'en grande partie, les adhérents ne résultent pas de la politique du KPD mais se font sur une base protestataire contre la crise. Quoi qu'il en soit, les résultats permettent au KPD d'être le 1er parti de la capitale et l'encourage dans la lancée de sa politique : la lutte contre la social-démocratie, soit le SPD, lutte décidée comme prioritaire depuis le 6ème congrès de l'internationale communiste à Moscou en 1928 : le SPD qui est le principal soutien social de la dictature capitaliste et la lutte classe contre classe : le résultat du scrutin atteste le fait primordial que constitue à l'heure actuelle la lutte des classes . [...]

[...] La vie des Allemands est difficile et cela provoque une radicalisation de la population alimentant l'essor des partis extrémistes comme la NSDAP ou le KPD. Après les élections du 6 novembre, le parti communiste atteint le score de 16,90%, soit 100 sièges ce qui lui fait devenir le 3ème parti politique, derrière le NSDAP (33,10 et le SPD (20,40%). Ce qui est important de noter ici est que le KPD est le seul qui progresse comparé aux élections du 31 juillet, il gagne 11 sièges et de voix tandis que le NSDAP perd 34 sièges ainsi que les autres partis : le recul du SPD Cette avance s'explique par les voix que le parti communiste a récoltées au profit du parti catholique : le parti communiste réussit une percée dans certaines régions catholiques [ ] et parvient ainsi à dépasser le Zentrum , au profit du SPD poursuivre sa pénétration dans les masses ouvrières de la social-démocratie et des nazis , a conquis des masses importantes d'ouvriers nationaux-socialistes . [...]