La paix de religion. L'autonomisation de la raison politique au XVIe siècle - Olivier Christin (1997) - Les pactes d'amitié pendant les premiers troubles de religion (1562-1567)

Thèmes abordés

La paix de religion l'autonomisation de la raison politique au XVIe siècle, Olivier Christin, pactes d'amitié, premiers troubles de religion, 1562-1567, défense des villes, pacte de Montélimar, pacte de Vienne, pacte de Caen, catholicisme, guerres de religion

Résumé du document

L'histoire de France a été marquée par de nombreux événements, mais les guerres de religion étaient sans doute l'un des moments les plus tragiques, comme en témoignaient les pactes d'amitié dans leur tentative de favoriser une coexistence pacifique entre les différentes confessions. "Les pactes d'amitié pendant les premiers troubles de religion 1562-1567" constituent un extrait issu de l'ouvrage de Olivier Christin intitulé, "La paix de religion, L'autonomisation de la raison politique au XVIe siècle" publié aux éditions Paris Seuil en 1997. Olivier Christin est né dans les années 1961, il est professeur d'histoire et il a été aussi directeur d'études à l'École Pratique des Hautes Études. Considéré comme un moderniste, Olivier Christin est un spécialiste des relations entre la religion et la politique. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages.

Extraits

[...] Les pactes soulignaient des passages qui prouvaient que les hôteliers et les habitants ne doivaient pas en aucun cas offrir leur hospitalisé aux étrangers. C'était le cas du pacte de Caen en ces termes :"Que deffence sont faictes aux hostellaires, manans et habitants de ceste ville de retenir en logis et maisons aulcuns estrangiers et en cas que aulcuns accoureroient en lad. ville quilz seront tenus en advertir promptement la Justice sous paine de punition corporelle." Par contre, l'ennemi était tout à fait le contraire de l'ami. L'ennemi au regard des pactes était celui qui était en marge avec les directives du roi. [...]

[...] En dépit, des clivages religieux, les habitants devaient défendre leur ville afin de garantir leur sécurité. Le constat est que la raison politique a pris le dessus sur l'aspect religieux. C'était comme si un État était en train de naître. La distinction des affaires religieuses sur celles politiques était devenue primordiale pour garantir la paix des habitants de la ville. La primauté du politique était en fait la solution pour mettre fin aux guerres de religion. En cas de menace extérieure, mieux vaut se départir des divergences religieuses pour l'intérêt de la ville. [...]

[...] " La paix était devenue une condition sine qua non pour assurer l'entente entre les différentes confessions afin d'éviter tout conflit pouvant compromettre l'ordre social. La volonté de vivre en paix se lisait dans le pacte de Vienne édictz faictz sur la paciffication des troubles Le roi s'est rendu compte que la tuerie et le massacre ne faisaient qu'empirer la situation parce que les exécutants se voyaient comme des martyrs lorsqu'ils étaient décapités ou tués pour des raisons religieuses. Il fallait alors pour le roi adopter une autre méthode plus avantageuse, c'était tout l'intérêt des pactes d'amitié entre protestants et catholiques. [...]

[...] Étant donné que ces pactes ont été assimilés à des pactes d'amitié, quel sens donner alors à la notion d'ami et d'ennemi. La notion d'amitié et d'ennemi Dans les pactes, il apparaît clairement que les différentes confessions s'apprêtaient à vivre en parfaite symbiose tel que stipulé dans les pactes. La meilleure façon de faire la paix, c'était d'être des amis, c'était pour cette raison que les pactes faisaient référence à la notion d'amitié. Prostestants et catholiques étaient invités à être des amis comme le voulait le roi. [...]

[...] La sentence judiciaire était alors le fondement sur lequel reposait le caractère obligatoire des pactes d'amitié. Les éventuels anticonformistes étaient alors placés sous l'autorité judiciaire. Ils encouraient des sanctions selon la nature et la gravité de leur désobéissance, c'est le sens du pacte de Caen : Et sil advient que lung offense laure serait tenus se retiter pardevant la justice pour yestre pourveu . La justice veillait à ce que le pacte soit respecté. Les habitants de la ville étaient d'accord sur ce point. [...]