Au cours de l'année 1694, la commune de Siran voit la naissance d'une confrérie de pénitents bleus. C'est une association de laïcs mettant en pratique les principes chrétiens de vie fraternelle et de secours mutuel. Celle-ci s'oriente vers des actions concrètes comme l'entraide auprès des victimes du froid et de la faim.
On peut supposer que le curé Michel Lalande va partir de la paroisse pour aider également les paysans en difficulté. En effet, il est très imprégné par cette cause puisqu'il va même jusqu'à construire un hôpital pour aider les plus modestes. En réalité, c'est un témoin du monde rural qui retrace le combat des humbles pour vivre et même survivre lors de cette "année de misère".
C'est pourquoi nous pouvons nous demander de quelle façon ce curé du Languedoc conçoit l'année 1694 et les crises qui la ponctuent.
[...] Le curé de Siran évoque également un déficit des naissances, car logiquement moins de mariages, c'est automatiquement moins de naissances. Pendant la crise, un certain nombre de femmes ne conçoivent pas un nouvel enfant, ce qui revient à dire que l'intervalle entre deux naissances successives s'accroît fortement à ce moment-là. On peut supposer que les rapports sexuels deviennent moins fréquents en période de crise ou que certaines maladies comme l'aménorrhée qui bloque les règles des femmes soient une réponse inconsciente à la précarité de la vie, à la dureté des conditions, reculant ainsi la possibilité d'avoir un enfant. [...]
[...] Cependant même si la charité organisée produisit quelques effets dans les villes ou dans les plus gros bourgs pourvus d'une bourgeoisie, d'un clergé et d'œuvres établies puisque l'on distribue davantage d'aumônes et on accueille les pauvres, les mendiants dans des hôpitaux. Elle fut sans effet, parce que sans moyens, dans des milliers de villages où ne vivaient que des populations déjà à la limite de la misère. L'aide se faisait alors grâce à la charité du curé et de la charité des bonnes gens» (l.28). Le recteur de Siran nous donne une impression de terres abandonnées et de villages dépeuplés par la faim elle chassoit de plusieurs grandes paroisses tous les habitants» (l.24- 25). [...]
[...] Face à temps de misère, on ne s'étonnera pas donc que Charles Perrault ait conté en 1697, dans le Petit Poucet, la triste histoire d'un couple de pauvres bûcherons qui, ne pouvant plus nourrir ses sept enfants, va les perdre dans la forêt. Bibliographie : *BERLIOZ, Catastrophes naturelles et calamités au Moyen Âge, Firenze, éd del Galluzzo *GOUBERT, Louis XIV et vingt millions de Français, Paris, Fayard *LACHIVER, Les années de misère. [...]
[...] Cependant, les curés ont souvent utilisé les pages blanches qui restaient à la fin de chaque année pour noter les faits de l'histoire de la paroisse. C'est certainement de cette manière que Michel Lalande a pris ces notes. Il est recteur de Siran c'est-à-dire qu'il est curé (le nom change selon la région) dans une commune française située dans l'Hérault. Lors de cette année 1694, Siran voit la naissance d'une confrérie de pénitents bleus. C'est une association de laïcs mettant en pratique les principes chrétiens de vie fraternelle et de secours mutuel. [...]
[...] Ces mauvaises récoltes se répètent depuis près de quatre ou cinq ans» (l.8) causant ainsi l'épuisement des réserves. Cette augmentation de prix est catastrophique pour les plus pauvres. En effet, d'après le curé qui tient un rôle important d'interface entre l'État et le village, la faim cause le plus de dégâts. Les paysans produisent tout juste de quoi nourrir la famille et payer les impôts. S'ils doivent faire face à deux mauvaises récoltes consécutives, ils ne peuvent plus vendre ni même nourrir jusqu'à l'année suivante. [...]
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