BOULAY Dionisio, Le bienheureux Jean Eudes, Chapitre X, mission prêchée en 1650, Saint Jean-Eudes, paroisse du Cotentin
Des « Indes nouvelles, noires et obscures non par la couleur des gens, mais par leur ignorance ». C'est en ces termes que le général des Jésuites décrit la campagne française au XVIIe siècle dans une lettre à un religieux français. Cette comparaison sévère montre cependant le contexte d'alors, où le clergé notait que les populations ne connaissaient plus les bases de leur foi. Ainsi des mesures ont-elles été prises par les autorités ecclésiastiques pour remédier à ce problème. En témoigne un extrait d'un récit de mission datant de 1650 émanant d'un compagnon de Saint Jean Eudes, Jacques Finel. Ces extraits ont été compilés plus tard par Pierre Costil, annaliste et premier mémorialiste des Eudistes, dont il était l'un des membres. Ces religieux réunis autour de Jean Eudes étaient de véritables missionnaires « de l'intérieur » et œuvraient à une évangélisation nouvelle des campagnes. Jean Eudes est une figure caractéristique de la vitalité du clergé de son temps et il est connu pour les nombreuses missions qu'il a prêchées, environ une centaine, en Normandie notamment. Né en 1601 à Ri dans l'Orne, il a été élève des Jésuites de Caen puis prêtre. Il est le fondateur d'une nouvelle congrégation sacerdotale créée sur le modèle de l'Oratoire, la congrégation dite de Jésus et Marie, dont les membres ont été appelés plus tard les Eudistes. Bien qu'il soit resté un « apôtre des campagnes », il a également fait des missions à Paris et même à la cour de Versailles auprès de Louis XIV.
[...] Jourdan [ ] que le prédicateur était vase d'élection, electus a allusion à la parole entendue par Ananie, juif ayant adhéré au christianisme, qualifiant Saul converti de electionis”, dans les Actes des Apôtres, chapitre IX Ceci montre les connaissances poussées de Pierre Jourdan en matière de religion. On trouve de plus mention de “Mademoiselle de Taillefer, l'hôtesse des missionnaires”. Il s'agit ici d'une femme mariée, membre de la noblesse, ayant offert le gîte aux missionnaires. Ces deux exemples sont caractéristiques d'une évolution qui a cours au XVIIe siècle. [...]
[...] Il est ici question du haro, ou clameur de haro, qui est une protestation légale et suspensive utilisée alors en Normandie, par laquelle on sommait quelqu'un de comparaître sur-le-champ devant un juge pour se plaindre en justice par action civile du dommage que l'on affirmait avoir souffert. Le prédicateur fait ainsi appel à une loi en place pour illustrer son propos et sensibiliser ses auditeurs. On voit donc le rôle primordial des prédicateurs parmi les missionnaires, exerçant le ministère de la parole dans le but de transmettre une doctrine. Par ailleurs, les missionnaires ne sont pas uniquement présents pour sensibiliser les populations, mais également pour tenter de leur inculquer les bases de la doctrine religieuse qu'ils défendent. [...]
[...] Ce document intervient dans un contexte de mise en pratique de la réforme catholique, processus qui s'est déroulé entre 1598 et 1660. Il en présente les mises en œuvre, dans le cadre de la petite paroisse normande de Denneville dans le nord-ouest du Cotentin. En effet, après le retour à la paix civile de 1598 se développe un courant d'intense effervescence spirituelle, propulsé par les projets réformateurs décidés près d'un siècle plus tôt lors du concile de Trente (1545-1563). Au début du XVIIe siècle, celui-ci est alors déjà bien connu des ecclésiastiques français et, lors d'une assemblée du clergé le 7 juillet 1615, le concile de Trente a été solennellement reçu et mis en application. [...]
[...] Depuis le concile de Latran IV en 1215, le chrétien est tenu de communier au moins une fois par an, à Pâques suite à une confession préalable. On peut ainsi comprendre l'étonnement du curé du lieu de voir pareil affluence en son église suite à cette fête religieuse. Par ailleurs, cette communion plus fréquente est voulue par le concile de Trente qui la préconise dans sa politique de reconquête des âmes, notamment en encourageant les pratiques de l'adoration de l'hostie. Le texte mentionne aussi : le désir ardent de leur salut qui semblait alors animer les paroissiens. [...]
[...] Cette idée de la bonne mort est d'ailleurs le thème principal de bon nombre d'ouvrages parus vers la première moitié du XVIIe siècle. Ce thème était déjà présent par le passé, mais il prend alors une ampleur considérable. Ces écrits tentent de trouver les clés de la bonne mort de l'art de bien mourir et traduit cette intense angoisse de mourir en état de pêcher, ce qui pour les prédicateurs se révèle être un argument de poids en faveur de la conversion. [...]
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