Nous sommes en présence d'un extrait tiré de l'essai politique sur le commerce de Jean François Melon, daté de 1736. Ouvrage théorique qui décrit les mécanismes de Law tout en se référant à des faits qui lui sont contemporains. Nous sommes en présence d'un témoin privilégié.
Jean François Melon (1676-1738) est un économiste français issu d'une famille d'officiers de justice. Il fut secrétaire de Law.
Le système de Law décrit par son secrétaire, Melon, s'inscrit dans un vaste contexte. Le règne de Louis XIV s'est achevé par la banqueroute. En effet, les guerres successives que sont la Ligue d'Augsbourg (1689-1698) et la guerre de succession d'Espagne (1702-1713) plongèrent le pays dans un marasme économique. La dette consolidée s'élevait, alors, à deux milliards de livres, à laquelle s'ajouterait un milliard de billets d'État et de diverses créances à court terme que l'on devait aux financiers. La situation catastrophique oblige le duc de Noailles à instituer, par l'édit du 23 décembre 1715, une baisse de 30% du cours de la livre tournois afin de compresser la dette publique. Gestionnaire prudent, le duc de Noailles estime qu'il faudra au moins onze années pour que le royaume puisse éponger sa dette. Situation mal acceptée par le régent Philippe d'Orléans qui souhaiterait sortir dès que possible des embarras financiers. C'est pourquoi il se tourne vers les propositions de l'économiste écossais Law. Ce dernier a étudié lors de ses voyages en Europe les mécanismes financiers des grands centres monétaires (Amsterdam,Vienne), et envoie au régent deux ouvrages : Mémoire sur l'acquittement des dettes publiques et Mémoire sur les banques,qui lui permettent d'obtenir le crédit du régent.
Dans quelle mesure le « système » de Law tout en apparaissant comme un recours essentiel pour la monarchie française, s'avère un outil difficilement maîtrisable ?
[...] Certains refusant de se séparer comme les commerçants et manufacturiers, de leurs espèces et métaux précieux. C'est dans ce contexte qu'est lancée la deuxième mesure, datée du 5 mars 1720, dont il est fait mention à la ligne 45 il imagina de les augmenter Il s'agit cette fois de porter les espèces à un niveau de valeur jusqu'ici inégalé. Par exemple, le Louis bondit de 36 à 48 livres, l'écu passe de 6 livres à 8 livres et la pièce de 20 sols à 30 sols. [...]
[...] La politique de Law fut mal perçue par ses détracteurs car son dirigisme ne s'accordait pas avec les intérêts des financiers comme Grozat et avec le libéralisme naissant. De plus, cet épisode cristallisa une violence chronique teintée d'assassinats comme celui de l'agioteur Lacroix. Enfin, cette expérience eut des effets désastreux sur le plan psychologique. En effet, certains se sont ruinés et d'autres se sont enrichies comme le prince de Conti. Ainsi, après l'épisode chaotique de Law, la régence opte pour une politique plus autoritaire sous l'égide de l'abbé Dubois(1720-1723). [...]
[...] De plus, les revenus de la Compagnie des Indes sont en inéquation par rapport à son capital évalué à 100 millions de livres dont les revenus, ne portant que sur le produit de la ferme du tabac aliénée, sur les profits du bail des monnaies et des fermes, et sur un commerce à peine commencé, ne pouvaient pas procurer un revenu proportionné à un si gros capital (l.22). Melon met ici en lumière la faiblesse des recettes dont est victime la Compagnie. En effet, Law présentait la Louisiane comme un eldorado attractif permettant d'attirer des capitaux mais les succès de la colonie se font attendre, la faute à une mise en valeur tardive des terres sur un commerce à peine commencé (l.22). Le système de Law est aussi victime de la spéculation. [...]
[...] Le système de Law décrit par son secrétaire,Melon s'inscrit dans un vaste contexte. Le règne de Louis XIV s'est achevé par la banqueroute. En effet,les guerres successives que sont la Ligue d'Augsbourg (1689-1698) et la guerre de succession d'Espagne (1702-1713)plongèrent le pays dans un marasme économique. La dette consolidée s'élevait,alors, à deux milliards de livres,à laquelle s'ajouteraient un milliard de billets d'État et de diverses créances à court terme que l'on devait aux financiers. Le rendement des impositions est allé décroissant à cause d'une série de mauvaises récoltes,tandis que la nécessité de trouver de l'argent pour payer les dépenses militaires a conduit le Contrôleur général aux pires expédients. [...]
[...] Enfin, la Compagnie s'empare de la fabrication des monnaies sur les profits du bail des monnaies (l.21). De même, elle dispose d'un capital de cent millions divisé en 200.000 actions de 500 livres payables en billets d'État rapportant Ainsi, la Compagnie engrange 60 millions de livres, permettant d'enrayer partiellement la dette publique et dans le même temps, d'obtenir un fort crédit auprès du régent. Ainsi, Law par l'arrêt du 27 août 1719, assurait le remboursement de la dette publique par arrêt du 27 août de la même année, le roi avait accepté de la Compagnie des Indes un prêt de douze cents millions, à trois pour cent (l.14). [...]
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