Lire et écrire : l?alphabétisation des Français de Calvin à Jules Ferry, chapitre 2, école, l?Ancien Régime et la Révolution, François Furet, Jacques Ozouf
L'histoire de l'alphabétisation des Français a fait longtemps l'objet d'une polémique centrale dans la politique française de par les enjeux et valeurs qu'elle implique, en argumentant le débat sur l'école qui a opposé le parti du conservatisme clérical et une gauche républicaine, avec pour conflit le rôle capital attribué ou non à la Révolution de 1789 dans le développement de cette alphabétisation.
[...] L'ECOLE EN MIETTE - Dans les villes se développe au XVIIe parallèlement au réseau de congrégation enseignantes (Filles de la Charité de J.B De la Salle) gratuites, une école privée mais payante donc élitiste et répartie sur toute l'année. Dans les campagnes, la qualité de l'enseignement diffère entre un Centre ou le maître est financé et choisit par les communautés et des régions que la Contre-réforme a peu ou pas atteintes ou la scolarisation est médiocre et discontinue comme en Bretagne fin XVIIIe ou l'école est une vague pratique sociale. [...]
[...] Les villes aux XVIe et XVIIe siècles sont marquées par un grand mouvement de fondations scolaires (efforts des protestants et de la Contre-réforme catholique d'instruction du peuple et surtout des plus pauvres) et le catholicisme urbain par sa richesse a constitué une matrice privilégiée de développement scolaire. → Comment ce modèle urbain et élitiste a pu « descendre » dans la société rurale ? Au XVIIIe l'alphabétisation urbaine a tendance à diminuer contrairement au décollage du score d'alphabétisation rurale ou au moins au Nord de la France. [...]
[...] A ceci s'ajoute la démocratisation du livre par l'imprimerie par laquelle « Luther à rendu nécessaire ce que Gutenberg à rendu possible ». L'Eglise catholique de France s'adapte et suite au Concile de Trente elle élabore aux XVIIe et XVIIIe siècles une idéologie de l'école (« l'obsession scolaire ») comme inséparable de l'éducation chrétienne. L'école a dès lors une finalité chrétienne (enracinement d'une piété catholique) et morale (normaliser les comportements et les pratiques).Ainsi le curé a la main haute sur l'école. [...]
[...] Emile Souvestre dans ses Souvenirs met en scène la France du retard, celle des maîtres sans école cherchant ses élèves jusqu'au champ et des écoles sans maître ou les enfants sont confiés à un paysan le plus souvent de la Toussaint à pâques. La diversité des mœurs et des terroirs sont sans doute perpétués par les différences des institutions scolaires : le régent de la France de l'Est apprend à lire, écrie et compter voir même des rudiments de latin alors que le magister itinérant de Basse -Bretagne est à peine plus qu'un valet. [...]
[...] Le réseau communal d'école particulière est partout plus dense que celui de l'école publique (dans le Gers il y avait 19 instituteurs publics pour 53 cantons contre 104 instituteurs particuliers pour 30 cantons).L'institution privée est beaucoup plus souple, plus décentralisée et épouse mieux les contraintes géographiques et techniques du milieu et répond mieux au profond désir de continuité culturelle qui anime les familles. La Révolution avec son idéologie de l'école ne peut combattre la continuité de l'école d'Ancien Régime au cœur de l'histoire de l'école qui retisse une société. L'école est devenu celle de l'Etat mais comme hier elle est à la merci des familles. [...]
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