Nous avons ici une lettre d'Henri II roi de France (1547-1559), adressée au cardinal de Bourbon, archevêque de Sens (1536-1557), à l'occasion du carême, le 18 février 1551. Elle est extraite des pièces justificatives de l'ouvrage de Josef Roserot de Melin sur Antonio Caracciolo, évêque de Troyes entre 1551 et 1562, qui s'est converti au protestantisme, dans lequel l'auteur cherche à comprendre les motifs de la conversion d'un prélat catholique et d'en vérifier les preuves.
Henri II veut se rendre compte de l'orthodoxie et du zèle des pasteurs et prédicateurs de son royaume Il demande donc à ses évêques, ici au cardinal de Bourbon, de résider dans leur diocèse, de les visiter, d'enquêter sur les couvents et monastères, et d'envoyer, dans les 6 mois, un rapport sur l'état religieux du clergé et des laïcs. Il cherche, en réalité, à mettre en place les bases d'une réforme du système religieux français.
[...] Laisser se développer le protestantisme serait indigne de Dieu et de la religion catholique. Chacun doit donc participer à cette purification collective par une purification personnelle, c'est-à-dire par une foi renouvelée, et des pratiques régulières du jeûne, de la prière et des processions l. 24/25. Il faut relier cette application individuelle à la religion à ce que nous avons dit sur le salut et les inquiétudes eschatologiques propres à cette période. Il s'agit, par là, de défendre la religion catholique et ses traditions, afin d'en assurer la gloire. [...]
[...] Parmi les doctrines hérétiques qu'Henri II condamne, l.21/22/23, faulces et risquées doctrines qui contaminent et infectent le trouppeau deJhesus Cris, c'est bien le protestantisme qui est visé. Les protestants sont jugés responsables des déchirures de la Chrétienté, et en particulier en France. Selon Henri II, ils sont l.24 des malheureux perturbateurs du repos publicq. Et la conséquence de la diffusion du protestantisme est l.6 la diminution de la religion. On peut noter que le vocabulaire utilisé par Henri II est celui de la maladie. [...]
[...] Ainsi, dans un premier temps, nous analyserons quelles menaces pèsent sur la religion catholique selon Henri II. Puis, nous étudierons le plan d'action qu'il propose, dans sa lettre, de mettre en œuvre. Enfin, nous montrerons que celui-ci recherche une solution strictement gallicane aux problèmes qu'il dénonce. I. Une religion menacée Dans le premier paragraphe de sa lettre, Henri pousse un véritable cri d'alarme : la religion catholique se trouve dans une situation très périlleuse à cause de la négligence des prélats et des curés, dont les nombreux abus ont constitué le terreau de la Réforme protestante. [...]
[...] Enquêter sur l'état religieux Lors des visites que l'évêque mènera dans son diocèse, il aura pour tâche d'enquêter minutieusement sur l'état religieux des paroissiens, mais aussi des membres du clergé régulier et séculier. Pour cela, l'évêque devra interroger les curés et leurs vicaires sur la croyance et le comportement de leurs paroissiens, sur leur foi, leurs pratiques et leur fidélité, l.16 ce qu'ilz sentent et coignoissent de leurs paroissiens. Inversement, il interroge ceux-ci sur la conduite pastorale de leurs curés l.16/17 et aussi desdicts paroissiens comme lesdicts curez, vicaires et ministres d'eglise se conduisent et acquitent de leurs charges. [...]
[...] On dénonce la fréquentation des tavernes, le concubinage, le goût pour les vêtements à la mode. Tout cela choque car la permissivité décroît. Tels sont les abus que condamne Henri II. Au premier titre desquels : la non-résidence. Elle touche tous les bénéficiers, qui délaissent leur ministère et négligent les fidèles : l.6/7 : la negligence ou peu de debvoir d'aucuns desdicts prelatz et pasteurs l.32. Une autre cause de la non-résidence est le cumul bénéficial. Il permet de confier pouvoir et richesse à quelques serviteurs dévoués. On brocarde également l'ignorance des curés. [...]
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