Rien au XVIIe siècle, n'est plus éloigné de l'idée d'amour et de passion que l'idée de mariage.
On est confondu devant la masse des écrits, manuscrits ou imprimés, consacrés aux Temps Modernes, aux thèmes de l'amour et de la femme. La plupart des textes de la littérature classique, chez Molière notamment, ont trait à des situations qui mettent en cause la condition des femmes au sein de la société. Dès le Moyen-âge on voit des moralistes tracer à la femme ses véritables devoirs : soumission absolue à l'homme. Ils condamnent la parure, la coquetterie, font de la chasteté l'unique vertu féminine, préconisent une obéissance entière au mari, voire un comportement servile.
Il existe dans ce temps de conflits et de violence, différents types d'union : mariages par rapt, à savoir l'enlèvement illégal d'une personne non consentante, mariage par achat de la femme ou de l'homme, mariage par consentement mutuel ou mariage clandestin...
Un exemple de mariage par rapt, dont on donnera une définition plus précise, est rapporté ici par le biais d'une lettre; il s'agit de la lettre écrite à Melle de Vigny, de Dijon, au sujet de ce qui est arrivé aux Filles-Dieu de Paris, le 24 mars 1648. Ce document est un manuscrit extrait d'un ouvrage composé de 374 feuillets, publié en mars 1884. Cet ouvrage comprend des manuscrits de natures diverses : des lettres, des mémoires, des requêtes, des traductions, des sermons ou encore des testaments... Bien qu'on ne connaisse pas l'auteur de cette lettre, on comprend qu'il s'agit d'une jeune fille mineure issue de l'aristocratie qui rencontre l'assentiment de son père au sujet du choix de son futur conjoint et qui va être enlevée de force par un homme que son père a choisi et livrée à la violence de plusieurs hommes dans son couvent. Malgré la volonté de rendre justice à cette victime, la condamnation de ses agresseurs est faite en effigie en raison de la fuite et de l'anonymat de ses bourreaux.
Dans quelles mesures cette lettre révèle-t-elle la condition fragile et déshonorante des femmes de la noblesse au XVIIe siècle mais aussi des femmes en général et y a-t-il une évolution de la condition des femmes par rapport au XVIIe siècle ?
[...] Désormais, la sagesse commande donc que parents et enfants se mettent d'accord; et lorsque l'accord est impossible, les enfants doivent attendre leur majorité pour imposer leur choix. Ici ce n'est pas la fille qui impose son choix étant donné qu'elle est mineure:"n'avait que 17ans" (l. 7-8). En revanche on ne connait pas l'âge de Martin de Charmois, qui s'il était majeur ou beaucoup plus âgée que Louise de La Croix, aggraverait la situation. La déclaration de 1639 ôtait toute valeur aux promesses échangées sans le consentement des parents et hors de leur présence. [...]
[...] Ds le domaine du rapt, on ne retient que deux éléments non caractéristiques de l'ancienne réalité: la violence et la minorité. A la notion de rapt, se sont largement substitués les notions de viol et de détournement de mineure, qui tous deux dépassent le domaine du rapt. On a l'impression que la réalité du viol était plus familière aux gens du XVIe s. On peut comparer la forme que prend le rapt de Melle de La Croix avec un récit du XVIe s concernant le viol de Jeanne Jacquet (1516); en effet les procédés sont plus ou moins semblables: le passage à commenter débute par le passage forcé du monastère, il y a donc effraction du lieu sacré, puis l'attente par les hommes masqués de la fin des matines pour procéder à l'enlèvement. [...]
[...] Dans quelles mesures cette lettre révèle-t-elle la condition fragile et déshonorante des femmes de la noblesse au XVIIe siècle mais aussi des femmes en général et y a-t-il une évolution de la condition des femmes par rapport au XVIIe siècle ? Pour y répondre, on étudiera dans un premier temps, la discorde née entre les parents d'une religieuse au sujet de son futur mariage, puis dans un deuxième temps, les deux formes d'enlèvement de la demoiselle commis par Martin de Charmois. [...]
[...] La vénalité des offices, même ceux qui sont par tradition réservés aux grandes familles, oblige à des dépenses importantes pour assurer aux garçons une situation à la hauteur de leur rang. Le mariage, plus que l'union de deux personnes, est celle de deux familles, et la tradition veut qu'elles apprennent à se connaître. Le début du XVIIe s est encore marqué par le système féodal. Les mariages entre grands confirment leurs alliances et l'on ne craint de mésalliance que suite à un coup de tête d'un fils indocile. [...]
[...] Qu'il s'agisse de refuser ou de nouer le lien conjugal, les mâles de la bonne société occidentale, seuls maîtres du jeu, raisonnent d'abord en termes matériels. D'où dans la France d'Ancien Régime, par exemple, ces innombrables alliances négociées prudemment et marchandées car il ne s'agit pas de s'aimer mais de s'établir. On dispose pour le milieu du XVIIe d'une source: Le Roman bourgeois de Furetière qui dresse une étonnante table des mariages qui condamnait les filles de Paris à n'épouser selon le montant de leur dot, que tel ou tel parti, du marchand commis ou sergent au président, marquis ou duc et pair. [...]
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