Jacques Turgot et l'édit sur les Jurandes, 1776

Résumé du document

Ce texte est l'extrait d'un édit, un acte législatif émanant du roi et statuant sur une matière spécifique. On a ici une partie de l'Édit qui fut donné au Parlement de Paris, à Versailles, le 9 février 1776 et qui veut supprimer les corporations de métiers ; c'est l'œuvre du contrôleur général de l'époque, Turgot, mais un édit étant un acte promulgué par le roi, c'est Louis XVI qui en est le narrateur, l'édit commence par "Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre, à tous présents et avenir, salut". Le ton employé par Turgot, et qui est repris par le souverain, est le témoin d'une hostilité portée, à cette période, aux jurandes.

Le présent édit est donc l'entreprise d'Anne Robert Jacques Turgot (1727-1781), désigné au contrôle général des finances de la France le 24 août 1774. Partisan des théories de François Quesnay, chef de file des physiocrates, il publiera de nombreux articles, notamment en 1757 dans l'Encyclopédie de Diderot, ou en 1770 dans les Éphémérides, journal des physiocrates, où il y développe les théories d'une économie reposant sur la libre concurrence. Adepte des principes économiques libéraux et disciple des physiocrates, Turgot prône la liberté du commerce et de l'industrie par la suppression des corporations, ce qui renverserait les fondements de l'ordre économique d'Ancien Régime.

Extraits

[...] Le maître est censé être l'ouvrier le plus habile de son art, il doit donc l'enseigner aux apprentis. Plus qu'un ouvrier, il est aussi un boutiquier possédant un petit commerce. Il reçoit les clients, prend les commandes, tient les comptes et s'occupe de l'achat des outils et des matières premières. Notons que les membres des six corps de Paris (drapiers, épiciers, merciers, fourreurs, bonnetiers et orfèvres) traitaient quant à eux de plus importantes commandes extrêmement lucratives. Pouvait devenir maître quiconque satisfaisait, on le verra, à de nombreuses conditions, si celle-ci était remplie le futur maître prêtait le fameux serment de fidélité qui faisait de la corporation une jurande. [...]

[...] De plus, c'est lui qui définit et qui défend les intérêts du métier. Le maître détient donc de nombreux pouvoirs au détriment des apprentis, à qui ils vont, de plus en plus, barrer la route de la maîtrise. Les maîtres, qui font les règlements, poussent l'exploitation de l'apprenti aussi loin que possible. En effet l'accès des apprentis à la maîtrise n'est pas simple. L à 6 ceux de nos sujets qui, par goût ou par nécessité, se destinent à l'exercice des arts et métiers, ne peuvent y parvenir qu'en acquérant la maîtrise, à laquelle ils ne sont reçus qu'après des épreuves aussi longues et aussi nuisibles que superflues Ces candidats à la maîtrise sont des adolescents de moins de 16 ans. [...]

[...] Adepte des principes économiques libéraux et disciples des physiocrates, Turgot prône la liberté du commerce et de l'industrie par la suppression des corporations, ce qui renverserait les fondements de l'ordre économique d'Ancien Régime. Anne Robert Jacques Turgot (1727-1781) Site : www.culture.gouv.fr Louis XVI, roi de 1774 à 1791 Ni homme d'Eglise, ni homme d'épée, le Tiers Etat est la classe inférieure de la pyramide sociale d'Ancien Régime, la classe des travailleurs. A l'intérieur, les individus adhèrent à des corporations, des associations d'ouvriers et d'artisans solidaires défendant les intérêts de leur profession. [...]

[...] La présence féminine dans le monde du travail est connue par des gravures, notamment les planches de l'Encyclopédie de Diderot. Les femmes n'obtiennent pas le même salaire que les autres ouvriers, alors que les compagnons gagnaient entre 20 à 25 sous par jour à 15 sous c'est le maximum auquel pouvaient prétendre les femmes, pour vous donner une idée, j'ai lu dans Gens de métiers et sans-culottes, de Jean- Michel Gourden, qu'en dehors des périodes de crise à Paris on achète du pain pour 10 sous. [...]

[...] L les caprices de leur régime arbitraire et intéressé Les communautés ont établi des législations techniques pour règlementer la production dans leur profession. Les critères sont très précis et portent sur le type et la qualité des matières, sur le genre d'outils à utiliser pour réaliser l'ouvrage . Ces procédés devaient être employés à l'exclusion de tous autres, dans les métiers de la draperie par exemple, on avait prescrit la longueur et la largeur du drap, la qualité de la laine utilisée, le poids final du produit, le nombre de fils dans une chaîne tout était réglé. [...]