La régence de Philippe sur l'Espagne entre 1543 et 1548 en témoigne. Cette régence a poussé Charles Quint à donner des instructions à son fils. Lorsqu'en décembre 1541, Charles revient en Espagne, il a conscience qu'il n'y restera pas longtemps. Il décide donc de se consacrer à l'éducation politique de Philippe car il veut que la prochaine régence soit confiée à l'infant.
L'année 1542 est une année majeure dans le développement de Philippe. Charles associe désormais Philippe à la vie publique. En mai 1543, après son départ de Barcelone, il est bloqué entre le 2 et le 12 mai dans le port de Palamós, Charles Quint entreprend un voyage pour l'Italie afin de rejoindre ensuite les Pays-Bas et l'Allemagne et de combattre la France.
Entre le 4 et le 6 mai 1543, Charles Quint y compose ses Instructions à Philippe qui a seize ans. Ces instructions comprennent deux parties, l'une officielle, qui doit être lue à Juan de Zúñiga, l'homme de confiance de Charles Quint, et l'autre privée, qui doit être détruite ou renvoyée scellée à l'empereur en cas de maladie de l'infant. Les instructions sont un exposé détaillé sur la manière dont un souverain doit se comporter. Elles sont rédigées de la propre main de Charles. La lettre publique a été certainement composée avec l'aide de son premier conseiller, Nicolas Perrenot de Granvelle.
La lettre privée est entièrement l'œuvre de l'empereur. En août 1547, Charles Quint, malade, a peur de mourir prématurément. Les instructions rédigées, également avec l'aide de Nicolas Perrenot de Granvelle, en janvier 1548 à Augsbourg sont nées d'une détresse physique. Elles sont une longue évaluation politique, un bilan du règne, considérées comme le testament politique de Charles Quint. Ce testament est remis en main propre à Philippe, qui a vingt ans, en janvier 1548 par le duc d'Albe qui revient en Espagne. Il est destiné à guider Philippe en cas d'une mort subite de l'empereur.
Quels sont les enjeux politiques et dynastiques de ces instructions ? Quels idéaux Charles Quint veut-il transmettre à son fils ?
[...] Dorénavant : Il vous faudra, aussi, mon fils, changer de vie et de fréquentation. (l.66), Vous vous entourerez de vieillards et d'hommes d'âge mûr [ ] qui puissent vous donner des bonnes habitudes et de bons exemples [ (l.68 à 70). Charles Quint souhaite que, comme lui, l'infant est une conscience de ses devoirs et dès ses responsabilités, qui font de lui un homme qui impose le respect. Philippe doit se marier en novembre 1543 avec sa cousine, Marie Manuelle du Portugal, afin de renforcer les liens entre la maison des Habsbourg d'Espagne et celle des Aviz du Portugal. [...]
[...] Dans ses instructions de 1543, Charles Quint ne fait aucune allusion à la politique étrangère de l'Empire, se concentrant sur les affaires des royaumes d'Espagne et sur la conduite à venir de Philippe, sans doute pour ne pas accabler son fils qui est un novice en matière de gouvernement. Par contre, le testament politique de 1548, est plus centré sur la politique intérieure et étrangère de tout l'Empire. Considérant l'incertitude des choses humaines, je ne saurais vous donner de règle générale [ ] (l.1). [...]
[...] Le concile de Mantoue en 1536, réuni par Paul III, pape depuis 1534, est un échec. C'est après la paix de Crépy-en-Laonnois entre Charles Quint et François Ier du 19 septembre 1544 que l'organisation du concile est possible. En effet, la tenue de celui-ci était impossible à cause de l'opposition entre les deux souverains. Le Concile de Trente doit se réunir le 15 mars 1545, mais ne s'ouvre que le 13 décembre. Pour le pape, la réforme de l'Église dans son ensemble se limite à l'éradication des abus que tout le monde dénonce depuis longtemps et ne doit pas évoquer le dogme. [...]
[...] Elles sont une longue évaluation politique, un bilan du règne, considérées comme le testament politique de Charles Quint. Ce testament est remis en main propre à Philippe, qui a vingt ans, en janvier 1548 par le duc d'Albe qui revient en Espagne. Il est destiné à guider Philippe en cas d'une mort subite de l'empereur. Quels sont les enjeux politiques et dynastiques de ces instructions ? Quels idéaux Charles Quint veut-il transmettre à son fils ? Dans un premier temps, nous étudierons quels sont les soucis dynastiques de Charles Quint ; dans un second temps, nous verrons les préoccupations politiques et militaires de l'empereur et pour finir, nous analyserons ses préoccupations religieuses. [...]
[...] Les instructions de 1548 sont révélatrices de la politique et de la personnalité de Charles Quint, des conflits qui opposent les puissances européennes. La personnalité de Charles permet de comprendre son projet politique et les limites qui lui sont imposées, et il tente de les expliquer à son fils. Il essaie de décortiquer la situation intérieure et extérieure de l'Empire à l'infant afin qu'il ne commette pas d'erreur de jugement au moment de gouverner, en cas de la mort prématurée de l'empereur. [...]
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