Quatre documents sont à commenter. Le 1er est un tableau tiré du livre La Chine et L'occident, le commerce à Canton au XVIIIe. Il est intitulé "Les vaisseaux d'Europe arrivé à Whampou, 1719-1791" et nous est présenté tronqué, se bordant à l'année 1791 et non plus 1833. Le 2e document est un graphique intitulé "Le trafic anglais à Canton, 1719-1790". Le troisième document s'intitule "Le voyage à Canton au XVIII , temps moyen (aller et retour)". Le 4e document s'intitule "La Chine et la circulation mondiale des métaux précieux". Il est rapporté de l'oeuvre "Observations du Sieur de Gennes", et daté de 1734 ou 1735.
Les quatre documents sont issus de la thèse en 4 tomes de Louis Dermigny. Les trois premiers documents furent constitués par l'auteur lui-même. Le dernier document est du Sieur de Gennes. Il est lyonnais et a probablement des intérêts dans le commerce de la soie. Ces quatre documents s'inscrivent dans un contexte d'expansion européenne. Au début du XVIIIe l'Europe affirme sa supériorité sur le reste du monde par son dynamisme, qui s'oppose au repliement des autres centres de civilisation sur eux-mêmes, et par son aptitude à établir des relations avec les autres peuplements.
[...] Les Européens auraient pu mettre un réseau de subversion ou d'espionnage. Le séjour des Européens fut même raccourci à Canton , quatre à cinq mois seulement , le temps de se livrer à toutes les opérations commerciales nécessaires. A Canton les étrangers sont donc confinés dans un tout petit quartier ( 350 mètres de long ) en bordure du fleuve . Les autorités chinoises ont aussi une culture du monopole , ce dernier permet la gestion des taxes d'une part et la surveillance des étrangers d'autre part. [...]
[...] Il faut en canaliser et en limiter les effets afin de protéger l'ordre traditionnel. Produits du négoce et thèmes de civilisation non seulement suivent les mêmes routes, mais sont si intimement mêlés, que consommer les premiers c'est, consciemment ou pas, s'ouvrir au second. Toute marchandise porte avec elle une philosophie pratique et une doctrine de la vie. Se vêtir d'étoffes étrangères ou surtout, manger des aliments ou boire des breuvages exotiques, c'est participer aux valeurs des contrées qui les fournissent. [...]
[...] Ce constat place ainsi Canton au centre d'un commerce entre la Chine Intérieure et le monde extérieur, drainant vers la rivière des Perles, toute l'économie de la Chine méridionale jusqu'au Yang-Tseu-Kiang. Les provinces voisines se mettent à produire spécialement pour l'exportation, résultat d'un phénomène capitaliste typiquement occidental, c'est alors que la Chine méridionale rentre de plain-pied dans une économie de marché. La vogue du thé en Angleterre est vue comme une alternative à l'alcoolisme et un aspect de moralisation de la société selon Dermigny, tandis qu'elle n'a pas aussi bien pris sur le continent, se bornant à l'élite. [...]
[...] Ce sont des marchands privés (free-traders) qui font ensuite le trafic vers Canton, à noter que la Chine a interdit l'opium depuis 1730. La vente de l'opiacé s'effectue contre de l'argent sonnant ou contre un crédit auprès des Hanistes au sein même de la ville, puis les free-traders remettent les profits aux marchands de la Compagnie à Canton, qui peuvent ainsi acheter du thé avec les bénéfices de cette entreprise illicite. De plus, le parlement britannique a voté en 1785 le Commutation Act qui abaisse fortement la taxe sur le thé, afin de lutter de manière plus efficace contre la contrebande. [...]
[...] Les Européens arrivent par la mer. Leurs marchandises peuvent être utiles ainsi que leurs achats, mais il faut s'en méfier. Depuis la rupture officielle avec le christianisme sous Yong-Tcheng, la méfiance s'est beaucoup accrue à leur égard. Les Chinois n'étaient pas sans connaître ce qui était arrivé aux Indiens d'Amérique, aux Philippins, aux Hindous. Les Européens , heureusement pour la Chine, étaient divisés et ne pensaient nullement à une conquête de cet empire. Mais les Chinois étaient inquiets, sans aller jusqu'à adopter tout à fait la politique japonaise d'exclusion ( Hollandais exceptés ) , ils prenaient en 1760 la décision de confiner les occidentaux dans un espace infime à Canton , le long de la rivière des Perles , et leur interdisant toute relation réelle avec la ville chinoise de Canton . [...]
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