La crise de la Conscience Européenne, Paul Hazard, crise, idées, Révolution française
Paul Hazard, auteur de La crise de la conscience européenne, est originaire de Noorpeene, un village du Nord de la France. Né en 1878 et décédé en 1944, cet historien et essayiste français, agrégé de lettres, était membre de l'Académie française. En 1925, il fut titulaire de la chaire d'histoire et de littératures comparées de l'Europe méridionale et de l'Amérique latine au Collège de France. Durant toute sa carrière, Paul Hazard s'est consacré à l'étude de la Révolution française et de l'histoire des idées. Son œuvre majeure reste celle qui est étudiée ici, La crise de la conscience européenne, publiée en 1935, véritable bouleversement dans la recherche sur l'origine des idées de la Révolution française.
Paul Hazard a ainsi apporté une pierre indispensable à la reconstruction de l'histoire des idées avant la Révolution française. Cet essai est largement reconnu comme étant un texte clé par la plupart des historiens. C'est à travers lui que la thèse de Paul Hazard est devenue un fait historique. Avant sa publication, jamais l'évolution des idées au XVIIème siècle n'avait été envisagée comme l'origine même des idées révolutionnaires du XVIIIème. C'est par l'utilisation de sources précises mais aussi variées qu'il a pu justifier cette thèse.
Parmi ces sources, on peut distinguer la présence récurrente de plusieurs auteurs. C'est le cas de Bossuet, de Pierre Bayle, de René Descartes, de Baruch Spinoza, de John Locke, de Voltaire, de Fontenelle, de Leibniz ou encore de John Toland. Ces auteurs sont ceux qui, pour Paul Hazard, ont le plus marqué les changements d'idées durant les années 1680-1715. Il les utilise en tant que sources primaires, analyse leur progression idéologique et leurs écrits, mais surtout leurs divergences. C'est cette analyse qui amènera sa thèse.
Dans La crise de la conscience européenne, Paul Hazard défend l'idée qu'une crise de conscience est apparue en Europe à la fin du XVIIème siècle. Elle a amené les idées de la Révolution française et a modifié le fonctionnement d'une société fondée sur un Etat de devoir pour en faire une société fondée sur un Etat de droit. Ce qui motive ce changement n'est autre que la recherche de la vérité, notamment par la Raison. Ainsi les idées du Siècle des lumières sont-elle apparues bien avant la Révolution française.
[...] On montre ce que l'on ressent, ce qui se place en totale contradiction avec l'émergence de la Raison : précisément, l'opéra était déraisonnable, et l'opéra plaisait Il s'agit là de faire revivre les passions, de laisser emporter par l'émotion. Ce triomphe des sensations se retrouve ainsi dans tous les arts. Il ira jusqu'à imprégner tous les domaines de la vie. Une philosophie tournée vers la sensation Au début du XVIIIème siècle, de nombreux penseurs vont remettre en question l'omniprésence de la Raison. Cela commencera par le débat sur l'instinct, et notamment sur l'âme animale. Il semble alors que celui-ci ne peut pas répondre de la Raison. [...]
[...] Il s'attaque à deux constructions illogiques et ruineuses : la cité de Dieu et la cité du Roi Il n'est pas le seul rationnel à s'attaquer à la religion. John Toland le suit de près, bien qu'il s'oppose fortement, dans un débat qui animera cette fin de siècle, à ses idées. Fontenelle, quant à lui, s'attaque aux croyances surnaturelles et les décortique pour en prouver l'absurdité, comme il le fait avec l'histoire de la dent d'or dans Histoire des oracles. [...]
[...] On considère les poètes comme des menteurs, la poésie, c'est le faux Selon Paul Hazard, ce que les artistes recherchent surtout à cette époque, c'est la rupture avec l'académisme. Cependant, si la Raison semple triompher de la poésie, d'autres arts s'en éloignent plus encore que les vers. Le XVIIème siècle ouvre les portes du genre épique, de la tragédie et du pittoresque. Les contes de fées, les comédies, les histoires d'amour sont accueillis avec enthousiasme par le public du XVIIIème siècle. [...]
[...] Par ces exemples concrets, Paul Hazard tente de démontrer qu'un véritable scepticisme s'est emparé de l'Europe à la fin du XVIIème siècle. Les rationaux n'ont pourtant pas, à ce stade, réussi à éclaircir les doutes qui apparaissaient en nombre de plus en plus grand, et ce dans tous les domaines. Ce premier échec témoigne d'une désunion profonde au sein des religions et entre les pays européens. Les rationaux ne s'arrêteront pourtant pas là : ils tenteront de reconstruire la société en la basant sur la vérité et la Raison. [...]
[...] Synthèse Remise en cause des principes traditionnels du classicisme partout en Europe : l'éveil de la pensée critique Paul Hazard commence par décrire l'origine de la crise de conscience qui s'empare de l'Europe. Elle trouve ses racines dans le doute, dans cette volonté qu'ont les penseurs de recommencer à zéro et de s'émanciper des connaissances erronées des Anciens. C'est l'éveil des rationaux qui apportera la pierre angulaire à cet esprit critique, remettant tout en cause, cherchant avant tout la vérité. [...]
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