Révolte des esclaves, révolte négrière, Adam Joulin, esclavagisme, traite négrière, commerce négrier
Si la traite négrière a scellé, il y a près de quatre cents ans, le destin des nations, en particulier celles européennes et africaines, sa narration et surtout sa mise en lumière progressive ont, via une documentation diverse, composée à la fois d'éléments de représentation choisis tels que les gravures et les dessins, mais également les discours philosophiques de Montesquieu ayant essaimé dans les manuels scolaires, servant dès lors la cause abolitionniste, à l'exemple du plan du bateau-négrier Le Brooks, visant à dénoncer, à partir du XVIIIe s, une économie marchande fondée sur un système savamment organisé, l'historiographie concernant les conditions de vie des esclaves parut tout autant richement documentée, à l'aide d'archives originales, d'écrits, mais également de témoignages, dont, en particulier, les journaux de bord rédigés chaque jour avec soin par des officiers de marine, matelots ou simples intendants, destinés à rendre compte des évènements survenus au cours de la navigation.
[...] ) lui a déchargé un coup de sa bûche et l'a abattu à ses pieds» (l.33). De même, la description détaillée du massacre de la sentinelle « lui ayant tout fracassé la tête et auquel la cervelle en sortait dedans»(l.141) traduit parfaitement la rage et la brutalité alimentant cette action de révolte. Cet acharnement apparaît ici particulièrement traduit, « toutes les fois qu'il le voyait remuer, il l'abattait également» (l.37) démontrant une détermination sans faille des esclaves à tuer l'équipage et gagner leur liberté. [...]
[...] De même, ce renversement inédit des valeurs apparaît ailleurs retranscrit par la dissociation opérée entre l'extérieur et l'intérieur. Ainsi, si la notion de « dessus » apparaît renvoyer à l'espace de garde des esclaves et dans le même temps, à un enjeu clé de pouvoir, les officiers apparaissent, devant l'insurrection, chercher à se replier dans des lieux clos, sécurisé, évoquant avec détails cette stratégie opportune du bord, de « si heureusement, nous nous étions pas emparés de la grande chambre » (l.75) La prise d'armes à bord, symbole du pouvoir : Ce récit apparaît également frappé par la multiplicité des armes utilisées par les esclaves, semblant être le fruit de trouvailles de bord et de situations de fortune, formant un arsenal hétéroclite. [...]
[...] Philippe HAUDRERE. La révolte des esclaves à bord des bâtiments négriers français au xviiie siècle : essai de mesure. p. 191-200. Olivier PETRE-GRENOUILLEAU. Les traites négrières, essai d'histoire globale. [...]
[...] Cette attaque vive et brutale de l'espace constituant symboliquement comme concrètement le « réduit défensif habituellement séparé et isolé du reste du navire par une palissade de bois » constitue déjà, un premier acte de sédition, particulièrement renversant. Or, si cette dichotomie renvoie à l'agencement convenu des bateaux négriers de la période, il s'agit aussi et surtout, de souligner l'étendue symbolique de cette progression, repoussant, en dernier recours, les maîtres dans leurs quartiers de prédilection La répression, étape de restructuration de l'ordre social : L'espace retrouvé dans sa forme originelle cloisonné apparaît, en outre, à travers ce récit, révélateur d'une volonté et de la représentation symbolique du retour à l'ordre social établi. [...]
[...] Les fusils de chasse, ailleurs mentionnés dans le récit, semblent ainsi davantage caractériser une prise de force opportune, symbolisant dès lors, uniquement par l'aspect incongru dont ils relèvent, ce renversement inédit des forces. D'autre part, cette relation inextinguible entre « armement et émancipation » Gainot, 2018) apparaît encore fortement soulignée dans le carnet de bord, associant explicitement la possession d'arme avec la prise de pouvoir, notamment sur la vie, « L'un qui s'était saisi du couteau de chasse, l'autre ( . [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture