Louis 14, Louis XIV, le métier de roi, ancien régime, absolutisme, roi soleil, mémoires pour l'instruction du Dauphin
Louis XIV (1638-1715) est assurément l'un des rois les plus marquants de l'Histoire de France au même titre que Philippe le Bel, Saint Louis, ou Henri IV. Il occupe une place à part dans l'imaginaire collectif, statut conféré par son action au cours d'un règne long de plus de cinquante ans. Son règne débute en 1661, à la mort du cardinal de Mazarin qui assurait jusqu'à lors la régence, et coïncide avec l'apogée d'une conception absolutiste de la monarchie de droit divin. En fait, Louis XIV incarne le roi total, en témoigne la célèbre formule qu'on lui impute « l'Etat, c'est moi ». Louis XIV est un roi dont l'action a contribué à renforcer le pouvoir de l'Etat, et à organiser le fonctionnement d'une monarchie hiérarchisée, à définir le rôle d'une administration centralisée. Dans l'extrait des Mémoires que l'on analyse, Louis XIV formule des conseils à son successeur. Ces conseils concernent à la fois les qualités dont un monarque doit faire preuve, les institutions qu'il utilise pour gouverner, ainsi que la relation qu'il faut entretenir vis à vis des sujets, et de la Cour. En définitive, le Roi Soleil exprime la vision qu'il a de lui-même, à la fois en tant que personne et en tant qu'institution suprême incarnant l'Etat.
[...] Selon lui, la perspective de déléguer est envisageable, si toutefois elle est rationalisée. Ainsi, le roi est l'unique détenteur de ce qu'il appelle « l'autorité de maître », il accorde la gestion des affaires ordinaires à des ministres qu'il nomme arbitrairement, et se réserve le droit de contrôler « quand ils s'y attendraient le moins » leurs agissements. Plus largement, le roi souhaite que l'Etat se résume à sa personne. Il estime devoir être le seul détenteur d'une souveraineté transmise par Dieu. [...]
[...] Le rapport entre le roi et ses conseillers, indifféremment appelés « ministres » ou « secrétaires d'état » (le chancelier est le nom donné au Ministre de la Justice, et le surintendant désigne le Ministre des Finances) est paradoxal. En effet, le roi est élogieux dans la description de ses conseillers les plus proches : le Chancelier « fort habile », Michel Le Tellier pour la guerre (« une conduite sage, précautionnée et modeste »), Hugues de Lionne pour les affaires étrangères (« l'esprit aisé, souple et adroit » p. Nicolas Fouquet pour les finances. Ces hommes d'Etat disposent de la confiance du roi et travaillent en collaboration directe avec lui. [...]
[...] Par plusieurs aspects, la position tenue par le monarque demeure celle d'un roi au pouvoir absolu. La conception absolutiste du pouvoir royal est justifiée par le concept de droit divin. Cela place Louis XIV dans la lignée des monarques français, dont l'action est légitime parce qu'elle est guidée par Dieu. Ainsi, dans ses Mémoires, le Roi Soleil évoque « le bon sens, qui agit toujours naturellement et sans peine » (p. 42). La Providence détermine les décisions du roi, et son aptitude à trancher de façon juste est le résultat de la morale catholique que son statut lui confère inévitablement. [...]
[...] Certaines propositions énoncent des idées inédites dans la culture politique de l'époque. D'abord, Louis XIV va dans le sens d'une modernisation institutionnelle. Il veut améliorer le système judiciaire archaïque. Les rois de France, avant Louis XIV, étaient les détenteurs presque exclusifs de l'autorité judiciaire. La main de justice remise aux rois par l'archevêque de Reims faisait d'eux des juges, chargés de trancher toutes sortes de litiges (image de Louis IX rendant la justice sous un chêne). Or, le règne de Louis XIV est l'occasion d'une évolution de l'organisation judiciaire. [...]
[...] C'est pour être capable d'assumer toutes les autres responsabilités de sa fonction que Louis XIV accepte de déléguer son pouvoir judiciaire à des juges locaux, spécialisés. Le roi conserve cependant un droit de regard sur toute les affaires. D'autre part, il est conseillé au Dauphin de poursuivre le processus de publicisation des affaires du royaume entamée par Louis XIV. En effet, le roi veut perpétuer des pratiques qu'il a mises en place, qui traduisent à la fois une volonté de réduire l'opacité institutionnelle et de partager le pouvoir dans certains domaines. [...]
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