Ce combat naval franco-anglais date de 1756, c'est-à-dire le début de la guerre de Sept Ans. A l'issue de la guerre de Succession d'Autriche, qui prit fin en 1748 , la période de paix qui commence est plus une trêve qu'une véritable fin des hostilités. Les deux grandes puissances, Grande-Bretagne et France, n'attendent que le moment propice pour reprendre le combat avec l'espoir de mettre à terre son adversaire. La guerre larvée se poursuit par l'intermédiaire des colonies d'Amérique et des comptoirs Indiens.
On peut penser que celui qui a rédigé ce rapport est écrivain (il y en avait toujours un à bord), représentant à bord soit du roi, soit du bourgeois ou de la compagnie, qui a un certain pouvoir, notamment en marine de guerre. Il est l'intermédiaire entre le Général, dont il enregistre les ordres, et les capitaines ; il surveille aussi la gestion du bateau…Cet homme décrit donc ici la bataille qui a eu lieu probablement vers le 17 juin (date de la déclaration de guerre entre les Français et les Anglais, par les Anglais), car le texte est daté du 20 juin, jour de la bataille de Port Mahon, et que le Colchester est alors réparé puisqu'il participe à cette bataille (il était placé en deuxième ligne). Le combat narré ici a lieu entre deux frégates françaises (la Fidèle et l'Aquilon) attaquées par deux navires anglais (le Lyme et le Colchester) en rentrant d'Amérique, bataille mouvementée gagnés par les Français et qui semble amorcer celle du 20 mai.
On peut noter que ce genre de source, écrite par des gens qui ont vécu et vu ce qui s'est passé, sont de précieuses sources et témoignages du point de vu de la véracité, et donc de la crédibilité du document. On peut cependant remarquer que document-ci est écrit par un anglais, et donc que la question de l'objectivité peut être mise en doute, et cela est notable à plusieurs reprises dans le texte qui visent à montrer la courage et le dynamisme de l'équipage Anglais contrairement à celui des Français, mais aussi les nombreuses qualités de leur façon de combattre : précision de tir, moins de morts et de blessés…
L'écrivain cherche donc ici à montrer la façon dont le combat s'est déroulé, depuis le repérage des voiles françaises à l'horizon, jusqu'à la défaite, bien qu'elle ne soit pas mentionnée en propre.
Nous pourrons donc nous attacher à dégager trois aspects de ce document, d'une part les stratégies mises en œuvre dans les deux camps durant cette bataille, mais aussi le navire en lui même (la frégate, l'armement, l'équipage) et enfin nous intéresser à la bataille de Port Mahon, qui se déroule le 20 juin 1756, jour où est rédigé ce rapport, et qui marque les débuts de la guerre de Sept Ans.
[...] Pour essayer de déterminer ce qu'est le navire, on fait monter un homme dans la mâture et, de la dunette, on regarde à la lunette. Lorsqu'on a vu, on prend le navire en chasse, tandis que lui prend la chasse ou prend chasse (fuit). -l.12-13 voyant qu'ils ne pouvaient pas nous passer au vent en virant de bord, ils viraient parfois de deux ou trois points puis serraient leur vent ; l.35 prendre le vent de l'Aquilon ; l.40-41 l'Aquilon mit sa barre sous la vent ; l.42-43 on serra de près le vent mais il prit l'avantage du vent sur nous que nous n'avons jamais pu reprendre : Le jeu est en effet de se placer au vent de l'adversaire, en général c'est acquis, on y peut plus rien. [...]
[...] Avant la nuit, on vit deux sabords de l'Aquilon se rejoindre et vers dix heures, plusieurs grosses explosions à son bord. On était si proche que la bourre de chaque bateau tombait en feu sur le pont et celle d'un de leurs canons entra dans un de nos sabords du pont supérieur, enleva la cartouche de poudre d'un de nos servants qui était en train de charger une pièce, mit le feu à voisines et souffla tous les servants. D'autres bourres mirent le feu à nos hamacs sur la poupe mais ils furent vite éteints. [...]
[...] Pour être efficace, lors d'une bataille navale, les bateaux doivent donc être très rapprochés. -l.21-22 l'intention de notre capitaine était de se glisser entre les deux bateaux ennemis ; l.33-35 nous avons vite ( ) viré sur bâbord pour se glisser entre les bateaux ennemis» : la stratégie anglaise était d'essayer de se glisser entre deux bateaux ennemis pour rompre leur ligne de file et d'envoyer alors une bordée afin de toucher les bateaux là où ils sont le plus fragile, c'est-à-dire à l'arrière. [...]
[...] Ils sont divisés en plusieurs éléments (le beaupré, le mât de misaine, le grand mât et l'artimon), dont certains coulissants, ce qui permettait des variations de hauteur répondant aux nécessités de la navigation. -l.28 barre : organe de commande du gouvernail. -l.31 leurs cacatois : Voile haute, employée pour la première fois au XVIIIe siècle par des vaisseaux de la Compagnie des Indes néerlandaises. C'était alors une quatrième voile ajoutée au-dessus des trois voiles classiques : grand-voile (ou misaine) sur le mât, hunier sur le mât de hune, perroquet sur le mât de perroquet. Voiles de beau temps, les cacatois étaient en toile fine et légère. [...]
[...] Elles sont placées en croix sur l'avant des mâts dont elles portent le nom, elles soutiennent et oriente la voile. Les haubans constituent la partie du gréement dormant, constituée de cordages servant à tenir les mâts sur les côtés. Enfin, la brigantine est la voile principale du mât d'artimon sur les trois-mâts, grand-voile sur les bricks, elle est enverguée en haut sur une corne, en bas sur un gui. Sa chute avant, d'abord lacée au mât, y fut tenue ensuite par des colliers. Les écoutes sont fixées par des palans, à l'extrémité du gui. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture