Le comte de Maurepas a su jouer un rôle politique tout au long du XVIIIe siècle, en étant tour à tour secrétaire d'Etat de Louis XV, puis ministre d'Etat de Louis XVI. De cette position de privilégié auprès des puissants, on retient surtout son action en tant que secrétaire d'Etat à la marine : il réussit en effet à donner une impulsion nouvelle à un domaine alors mal considéré, les océans demeurant pour nombre de personnages influents une zone d'affrontement secondaire.
Ses Mémoires sont donc un document de prime importance : elles relatent la démarche de l'homme d'Etat et les recommandations qu'il a pu préconiser à son Roi. Les mémoires sont un genre littéraire particulier qui mêlent la vie personnelle de l'auteur et les faits historiques : elles sont constituées d'un récit rétrospectif se proposant d'apposer une explication sur des événements passés et de pièces d'archives. L'adresse au Roi Louis XV laisse à penser qu'il s'agit donc d'un document officiel : les recommandations qu'à pu faire Maurepas à son souverain dans le cadre de la politique maritime
En 1730, Maurepas est depuis sept ans secrétaire à la Marine, son action se porte essentiellement sur le développement de la liaison avec les Antilles. Celles-ci jouent un rôle primordial sur la géopolitique européenne : la puissance espagnole tend à s'effacer, le duel franco-anglais à s'affirmer toujours plus. Certes, on est dans une période d'accalmie, mais les hautes instances françaises ont compris l'intérêt des Caraïbes et des retombées sur l'économie métropolitaine.
L'extrait décrit successivement la production des îles antillaises françaises et leur commercialisation, lignes 1-15. Puis, le lien avec la métropole, qui dévoile les intérêts des ports, lignes 16-26. L'auteur s'arrête sur le cas de Cayenne, une terre exclue géographiquement de l'ensemble des îles antillaises, mais qui participe tout de même à son dynamisme, lignes 27-31. Enfin, il conclue par un bilan des activités commerciales et coloniales françaises, soulignant autant leur attrait que leur nécessité à une échelle mondiale, lignes 32-47.
Dans quelle mesure cet extrait des Mémoires de Maurepas souligne le rôle grandissant des Antilles dans l'économie métropolitaine? Et comment les îles sont-elle mises en valeur par la présence française?
On verra tout d'abord les isles : une économie à la production variée et au potentiel énorme ; puis, le lien avec les ports français : avantages et inconvénients du commerce transatlantique.
[...] Le traitement du sucre, malgré son interdiction pour protéger les industries françaises en 1695, engendre un équipement lourd, en chaudières, ainsi que de l'argent pour faire venir ce matériel : le métier de planteur n'est donc pas à la portée du premier colon et l'essor sucrier observé est le fruit d'une classe de notables. Sucre terré, blanc ou brut, ainsi que rhum ou mélasse : l'offre est vaste. Mais il n'es pas possible de vendre du rhum en France, une loi protège en effet les eaux-de-vie nationales, dès lors se pose la question de quel marché atteindre. A noter que plus le sucre est raffiné, plus le prix est élevé. Le café prendra la place du sucre au cours du siècle. [...]
[...] On peut donc comprendre que les étrangers soient non désirés sur les terres royales : le bénéfice de la mise en valeur ne doit bénéficier qu'à l'économie française, du moins de manière directe. On doit cependant relever la présence d'un commerce interlope qui dynamise l'île de Saint Domingue tout particulièrement, afin de contourner les législations en vigueur qui prohibe le commerce entre colonies françaises et anglaises. Il y a un donc un rapport d'exclusivité France/Antilles françaises, en vigueur depuis 1727, qui interdit d'introduire «des nègres, effets, denrées et marchandises autres que ceux importés par des bâtiments nationaux chargés dans les ports français . [...]
[...] Elle a déjà suscité l'intérêt de Colbert qui a voulu en faire une colonie de peuplement, mais cette tentative a échoué en raison d'un climat trop dur et de conflits d'intérêts. Néanmoins, la proximité du Surinam et du Brésil montre que la culture sucrière est possible Les productions Le sucre en 1730 est la principale production antillaise. Il a supplanté la culture du tabac dès la décennie 1690, avec notamment l'emploi de fonds provenant de la flibuste. La culture de la canne à sucre convient parfaitement au sol antillais, mais nécessite une main d'œuvre impressionnante. [...]
[...] C'est dans cette colonie qu'on a commencé à cultiver le café, dont le premier arbre y a été apporté, en 1719, de Surinam, qui est une colonie hollandoise, laquelle n'en est pas éloignée. Le commerce que les sujets de Votre Majesté font dans ces différentes îles, occupe tous les ans deux cent quatre-vingts à trois cents navires, et va, en marchandises qui y sont portées et en denrées qu'on en rapporte, depuis 45 jusqu'à sans y comprendre l'or et l'argent qui en est rapporté dans le royaume, dont il est presqu'impossible d'avoir connoissance ; et il augmentera tous les ans par les nouvelles terres qui s'y établiront et par les ordres que Votre Majesté a donnés d'empêcher les étrangers de le faire, lesquels sont régulièrement exécutés. [...]
[...] Produit des matières d'or et d'argent et de la monnoie d'Espagne ligne 45. La France, dans les hautes sphères, a tout d'abords manifesté un intérêt pour les Antilles en raison de sa proximité avec les débouchés espagnols, attrait ravivé par le pacte Bourbon. C'est en partie les métaux qui font rêver, rêve diffusé par le réseau de marchands important implanté à Cadix. Tout le continent sud-américain est sous influence ibérique, la France n'a que l'enclave de Cayenne justement. Une telle proximité, liée aux moyens mis en œuvre vus plus haut, permet d'envisager de nouveaux échanges avec la puissance espagnole, qui fait désormais figure de partenaire privilégié dans l'esprit de Maurepas. [...]
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