En 1763, Louis XV signe le Traité de Paris et clôture ainsi la guerre de sept ans qui opposait essentiellement la France à l'Angleterre. Ce traité eut de lourdes conséquences sur le puissance française qui dût céder une grande partie des ses colonies, dont notamment tous ses territoires du Canada (l'intégralité de la Nouvelle-France, y compris les îles du Cap-Breton et Saint-Jean), ainsi que la partie orientale de la Louisiane (la rive gauche du Mississipi), et de nombreuses îles des Petites Antilles comme la Dominique, la Grenade, Saint-Vincent et Tobago. La France doit aussi « confier » à l'Espagne la Louisiane occidentale, c'est-à-dire la rive droite du Mississipi. Par ce traité, « la Grande-Bretagne se trouva tout à coup placée à une incommensurable hauteur au-dessus des autres nations, que leur puissance continentale semblait condamner à ne plus jouer qu'un rôle secondaire dans l'histoire du monde », écrit Julien Green. Lorsque Louis XVI arrive sur le trône en 1774, la France semble avoir perdu de son éclat. Le règne de Louis XVI est marqué par de nombreuses tentatives de réformes économiques et institutionnelles. L'égalité devant l'impôt est celle qu'il poursuit avec persévérance mais il se heurte toujours à l'opposition de la noblesse et d'une partie du clergé. La France joue un rôle géopolitique prépondérant en Europe : le roi dota l'armée d'une marine qui rivalisait avec celle des Anglais, et qui fut un élément clé de la guerre d'indépendance des Etats-Unis en tant qu'elle apporta une aide capitale aux insurgés.
Le texte de l'abbé Raynal s'articule en plusieurs points. Tout d'abord, il émet une critique de la colonisation de la Louisiane : selon lui la gestion de l'espace est mauvaise, et le choix des engagés n'est pas bon non plus, ce qui ne permet pas d'optimiser cette colonie (§1). Ensuite sa critique cible plus particulièrement la gestion des finances du royaume. La stratégie économique et commerciale de l'Etat n'est pas judicieuse car, entre autre, basé sur la théorie de John Law (§2). Il fait l'hypothèse de ce que pourrait fournir un territoire comme la Louisiane au royaume de France, tant en ce qui concerne l'agriculture que l'industrie (§ 3, 4 et 5) et montre par la défaillance de la politique coloniale du royaume. On sent clairement dans ses phrases l'influence des intellectuelles du XVIIIème car il croit en les bienfaits du progrès technique (§6). Après avoir évoqué tout ce que pourrait être la Louisiane pour la France, il dépeint la réalité qui frappe cette colonie (§7), pour finalement dénoncer l'action étatique qui, suite au traité de Paris –1763- abandonne son territoire transatlantique aux anglais (§8).
Comment Guillaume Raynal remet en question la politique coloniale de la France, ainsi que ses fondements économiques ?
Dans un premier temps il nous faut comprendre comment la Louisiane s'organise commercialement, politiquement et socialement en 1780 ; puis, dans un second temps, nous pourrons établir une critique de la politique Française tant d'un point de vue coloniale que interne.
[...] En réalité, G. Raynal utilise ici la Louisiane comme illustration de ses réflexions sur la Colonisation. N'oublions pas que c'est un homme influencé par l'idéologie des Lumières et qu'il croit en la Liberté, en la Vérité, et dont la conception de l'Etat répond à une sorte d'Idéal (cf. l'Eldorado de Voltaire dans Candide ou l'Optimiste paru en 1759). Bibliographie _Les bayous de la Louisiane par Feibleman Peter S. [...]
[...] Les habitants auxquels le fisc devait 7 millions, acquis la plupart par des manœuvres criminelles, désespérant d'être jamais payés de cette dette impure ou ne pouvant se flatter que de l'être tard et imparfaitement, tournaient heureusement leurs travaux vers des cultures importantes. Ils voyaient grossir leur commerce d'une partie des pelleteries qu'attirait autrefois le Canada. Les îles françaises dont les besoins augmentaient continuellement et dont les ressources venaient de diminuer, leur demandaient plus de bois et de subsistances. Les liaisons frauduleuses avec le Mexique, interrompues par la guerre, reprenaient leur cours. [...]
[...] Néanmoins, sous l'impulsion du financier écossais John Law, en 1717, la Louisiane connaît son plein essor. John Law a développé un système économique qui encourage l'utilisation du papier- monnaie à celle de la monnaie métal, car celui-ci peut plus aisément circuler entre les individus ce qui enrichit l'économie. La France adopte ce système en 1718. Le succès qu'il connaît initialement permet à la Banque générale de se développer et d'englober de grandes compagnies comme la Compagnie de Chine ou la Compagnie française des Indes orientale. [...]
[...] L'avenir de la Louisiane selon l'abbé Raynal (1780) Peut-être la Louisiane n'aurait-elle pas langui si longtemps sans la faute qu'on fit dès l'origine, d'accorder des terres au hasard et selon le caprice de ceux qui les demandaient. Des déserts immenses n'auraient pas séparé les colons les uns des autres. Rapprochés d'un centre commun, ils se seraient prêtés des secours mutuels et auraient heureusement joui de tous les avantages d'une société régulière et bien ordonnée. A mesure que la population aurait augmenté, le cercle des défrichements se serait étendu. [...]
[...] La Louisiane est donc une colonie particulière qui a ses qualités et ses inconvénients. Certes, comme le fait remarquer l'abbé Raynal, elle pourrait apporter beaucoup plus à la France, comme le pourraient les autres colonies du royaume finalement. Mais néanmoins, même si son exploitation n'est pas optimale, même si les choix politiques en ce qui concerne les cultures à développer en Louisiane, les colons à y envoyer, la gestion de son espace, font preuve d'une erreur stratégique de la part du royaume, on ne peut pas nier l'importance de cette colonie dans l'économie de la France. [...]
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