Autorité politique, Diderot, liberté des hommes, Etat qui appartient au peuple, paradigme de l'autorité politique
Comme le résume brillamment, Ernst Cassirer, « La philosophie des lumières fait sienne la revendication que seule la raison possède le véritable droit d'aînesse ».
En effet, cette dynamique de « désenchantement du monde » pour reprendre l'expression de Marcel Gauchet, poursuit une lutte dans tous les domaines contre le pouvoir de la coutume, de la tradition, et in fine de l'autorité.
L'ouvrage polémique de Diderot paru en 1749, Lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui voient, vaste réflexion athée sur la perception et la matière, affirmant que le monde n'est pas la création d'une divinité, préfigure l'affirmation subversive de l'Encyclopédie (ce qui lui a valu par ailleurs d'être emprisonné en 1749 à Vincennes pour la petite anecdote).
Le présent article « Autorité politique », appartient au premier volume de l'Encyclopédie, intitulé Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers.
Paru en 1751, ce premier volume tient comme postulat qu'il ne demeure pas d'activité noble en opposition avec une activité triviale, qu'il existe seulement des hommes, à des postes différents, non hiérarchiques.
On ne peut que noter la singularité de ce texte, car, en plus d'être un article argumentatif contrairement aux autres articles de l'Encyclopédie qui sont explicatifs ou informatifs, il convient de souligner que sur près de cent articles à tonalité politique des 28 tomes que comprend l'Encyclopédie, deux seulement portent l'astérisque d'auteur que s'est réservé le « rédacteur en chef », Denis Diderot.
[...] Comparaison du paradigme de l'autorité politique de Diderot avec Rousseau. Diderot est-il vraiment subversif ? Si choqué qu'ait pu être les Lumières par la situation politique du XVIIIe, jamais pourtant ils n'auraient poussé la critique de cette situation jusqu'à une remise en cause de l'existence sociale en tant que telle. (Selon Rousseau on n'échappera à ce système qui est aux antipodes de la vraie liberté qu'en abolissant l'ordre présent, dont on connaît l'imposture et l'arbitraire, en rasant jusqu'à la base l'édifice politique et social existant pour en instaurer à sa place un autre aux fondements plus justes et plus assurés. [...]
[...] (Par ailleurs l'argumentation utilisée par Diderot dans ce paragraphe est surprenante, il légitime l'autorité par consentement en passant par Dieu. Il permet (Dieu), pour le bien commun et le maintien de la société, que les hommes établissent entre eux un ordre de subordination (ligne 25/26). (Mais également il sous entend que seul Dieu peut disposer de la vie d'un homme et pas un prince, la nature même de Dieu rendant impossible la tyrannie, l'homme se retrouve logiquement condamné à la liberté. [...]
[...] (Force est de constater que l'héritage cartésien est parti intégrante de la réflexion de Diderot. De la raison dans les sciences on passe, limpidement à la raison dans l'ordre économique, social et politique. Dans ce texte, il s'exprime par un raisonnement rigoureux et progressif pour convaincre le destinataire. (Il convient alors de se demander en quoi par le primat du doute méthodique cartésien, Diderot affirme t-il que l'autorité politique appartient-elle au peuple? (Pour tenter de résoudre cette interrogation il conviendra de se pencher d'abord sur Le paradigme de l'autorité naturelle ou la remise en cause du fondement de la société monarchique absolue de droit divin. [...]
[...] Si le roi règne au XVIIIe siècle, c'est du consentement exprès de ceux qu'on a soumis (ligne 15/16) selon lui. (Le roi n'est autre qu'un tyran que ses sujets, par habitude, par lâcheté et surtout par ignorance, laisse régner, laissent exercer sur eux une autorité illégitime. Ils ont aliénés leurs libertés individuelles en oubliant que ce prince est un tyran. Pour Diderot, une seule autorité politique et organisation sociétal est légitime, celle du consentement des peuples. II. Le consentement populaire par la dynamique contractuel, l'espoir d'un modèle de société plus juste et synonyme de liberté ? [...]
[...] (Tout d'abord celle qui émane de la force ou de la violence. Elle n'est qu'une usurpation (ligne11), pour Diderot. Comme il a avancé dans le premier paragraphe qu'aucun homme n'a reçu de la nature de commander aux autres il démontre de façon indubitable par ce raisonnement que ce type d'autorité est illégitime. (En revanche, toujours en considérant cette dialectique cartésienne, Diderot définit le deuxième type d'autorité, celui émanant du consentement des assujettis comme légitime. Mais les concepts d'autorité, légitime et illégitime donnent parfois l'impression de se superposer. [...]
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