Au XVIIe siècle, la France connaît un épisode peu connu du règne du grand roi Louis XIV : l'hiver 1693-1694 qui a été un des moments les plus dramatiques de l'histoire française appelée aussi « petit âge glaciaire ». La gestion de cette catastrophe va s'avérer dramatique.
En effet, tout concorde pour donner lieu à la plus grave crise de subsistance de l'Ancien Régime : la France est en pleine guerre de la ligue d'Augsbourg (1688-1697) qui a déjà augmenté les impôts d'un tiers. Depuis 10 ans le climat est mauvais, les prix ont monté, les réserves de grain sont faibles et le fisc lourd.
A travers les notes de Michel Lalande, recteur de Siran datant du 13 août 1694, il témoigne en écrivant ses registres pour laisser acte de ce qui se passe dans sa paroisse et des alentours à son prédécesseur. Ces registres font office en quelque sorte d'état des lieux.
Comment ce curé du Languedoc voit-il cette année 1694 ?
[...] En quelque sorte, il écrit un journal pour faire l'état des lieux. Cependant, à travers les faits qu'il choisit de transmettre, ce curé est informé des problèmes économiques, politiques d'en dehors de sa paroisse et précisément de Paris par son supérieur, Mgr l'Évêque. Ce curé semble par ces faits d'être un peu comme un missionnaire religieux. A travers ce registre il en découle que la solidarité villageoise n'apparaît pas, au contraire on a peur de l'autre, on redoute de s‘approcher de son voisin. [...]
[...] Depuis 10 ans le climat est mauvais, les prix ont monté, les réserves de grain sont faibles et le fisc lourd. En 1693 le printemps commence mal : pluie continue, froid constant. Les blés meurent sur pied alors que le régime alimentaire de la moitié de la population est composé à 75% de pain. Le prix du blé double entre avril et mai. Les pillages se multiplient. Le 20 octobre 1693 Louis XIV fait publier une ordonnance pour imposer aux communautés villageoises de nourrir leur pauvre car les hôpitaux sont pleins. [...]
[...] Tant bien que mal, chacun pourtant fait un effort pour construire de nouveaux cimetières et ensevelir dignement ces morts. N'ayant aucune aide et ne bénéficiant pas de la charité publique comme la population urbaine ayant recours aux hôpitaux, le curé de la paroisse est vite débordé. Alors les paysans prennent la route vers la ville voisine où ils sont accueillis avec désolation. Au sein des villes Pour montrer que cette crise touche les milieux urbains, même si elle parait moins forte, il donne comme exemple celui de la capitale où en six semaines, on compte trente mille morts. [...]
[...] Comment ce curé du Languedoc voit-il cette année 1694? Dans un premier temps, nous verrons de quelles manières se manifeste cette crise, puis dans une seconde partie, nous aborderons le fait que cette crise touche le milieu rural et le milieu urbain,puis enfin dans une troisième partie nous étudierons les mesures prises face à la crise. I Manifestations de la crise La vie précaire D'après ce registre datant du 13 août 1694 laissé comme constat par ce curé, sa paroisse et les alentours semblent affaiblis et vivent dans des conditions précaires. [...]
[...] Les problèmes de transport empêchent de pallier le manque de nourriture. La disette devient famine. Les habitants affaiblis physiologiquement sont plus sensibles aux maladies. Guerres et épidémies allaient souvent de pair : pestes, paludisme, typhus, dysenterie et suette frappaient régulièrement les hommes déjà affaiblis par la sous-alimentation en entraînant malheurs et dépopulation. Mal nourries, quand la population ne meurt pas littéralement de faim, les populations sont la proie de maladies endémiques qui se transforment alors en épidémies, telle la redoutable dysenterie. [...]
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