Qu'entend-on par clergé de cour et clergé d'État à l'époque moderne ? Au sens strict, le « clergé de cour » désignait l'ensemble des officiers et commensaux de la « maison ecclésiastique » ou de la « chapelle » princière qui encadraient les dévotions du roi et de ses courtisans. Tous les États princiers d'Europe, aussi bien catholiques que protestants, étaient dotés d'un clergé de cour, dont les effectifs ne cessèrent de croître au cours de la première modernité.
Dans la plupart des pays, les maisons ecclésiastiques s'organisèrent et se hiérarchisèrent. Le personnel ecclésiastique en vint à constituer l'un des groupes les plus importants des systèmes curiaux, l'un des seuls aussi en pays catholiques à dépendre à la fois du prince et d'une institution extérieure à la cour, l'Église.
Un tel accroissement s'explique : il était lié à la ritualisation de la vie aulique qui s'intensifia au cours des XVIe-XVIIIe siècles au point d'aboutir à une véritable « mise en scène du quotidien » et de la vie privée des princes. En Angleterre, les rois s'entouraient de chapelains (college of Chaplain) sous les ordres d'un "clerk of the closet".
Les maisons princières luthérienne, catholique ou calviniste du Saint-Empire et de Scandinavie comportaient elles-mêmes une maison ecclésiastique plus ou moins large, dirigée par un maître de Chapelle (Kappelmeister). En France, celle-ci était composée de trois services : l'Aumônerie, l'Oratoire, la Musique. L'aumônerie royale, créée au temps de Philippe Auguste, avait pour mission de gérer les aumônes princières.
[...] 111-125 [Biblio 17, vol. 175]. Eric Nelson, The Jesuits and the Monarchy: Catholic Reform and Political Authority in France (1590-1615), Aldershot, Ashgate Henri Fouqueray, Histoire de la Compagnie de Jésus en France des origines à la suppression (1528-1762), Paris, A. Picard et fils, 1910- vol. Jean-Marie Prat, Recherches historiques et critiques sur la Compagnie de Jésus en France du temps du P. Coton, 1564-1626, Lyon, Briday, 1876- vol. Étienne Thuau, Raison d'État et pensée politique à l'époque de Richelieu, Paris p. [...]
[...] Certes, les multiples formes d'accusation dont ils furent victimes n'étaient pas nécessairement doctrinales et relevaient souvent de motifs politiques et clientélaires. Mais dans tous les cas, elles s'exprimaient le plus souvent en terme religieux. Les cardinaux ministres furent particulièrement visés. En Angleterre, le cardinal Wolsey fut accusé de tous les maux et dut subir la fronde de trois groupes différents : les courtisans jaloux de l'ascendant du prélat sur le roi, les réformateurs qui entendaient mener la réforme de l'intérieur et les juristes désireux de soumettre les juridictions ecclésiastiques aux tribunaux civils[44]. [...]
[...] La plupart des pays de l'Europe catholique suivaient ce schéma d'ensemble, tout en présentant parfois des différences notoires : en Espagne par exemple, le confesseur du roi, même s'il faisait partie de la cour, ne dépendait pas, comme en France, de la Chapelle royale. Les maisons ecclésiastiques ne recouvraient donc pas la totalité de la composante cléricale des systèmes curiaux. Dans les conseils princiers, des hommes d'Église s'imposaient. Ce fut le cas dans les pays catholiques comme dans les principautés luthériennes et calvinistes. Nombreux étaient en effet les ecclésiastiques qui entraient dans les conseils ou assistaient les princes dans leurs activités gouvernementales. [...]
[...] The Acquisition and Transformation of the Language of Politics, 1250-1600, Cambridge, Cambridge University Press Yves Charles Zarka, (dir.), Raison et déraison d'État. Théoriciens et théories de la raison d'État aux XVIe et XVIIe siècles, Paris, PUF Benoist Pierre, La Vierge et le Prince. Les rituels mariaux et l'autorité politique à Turin aux XVIe et XVIIe siècles dans Gilles Bertrand et Ilaria Taddei (dir.), Le Destin des rituels : faire corps dans l'espace urbain, Italie-France-Allemagne, Rome, École française de Rome Sur cette politique confessionnelle savoyarde, voir Paolo Cozzo, La geografia celeste dei duchi di Savoia. [...]
[...] du Collège de France Jacqueline Boucher, Société et mentalités autour d'Henri III, Paris, Honoré Champion France Yates, Les Académies en France au XVIe siècle, Thierry Chaucheyras (trad.), Paris, PUF Benoist Pierre, La Bure et le Sceptre. La congrégation des Feuillants dans l'affirmation des États et des pouvoirs princiers, vers 1560-vers 1660, Paris, Publications de la Sorbonne Mais le texte dressait également la liste des positions jugées hérétiques, à l'extérieur comme à l'intérieur du monde luthérien : celles des calvinistes ou des catholiques associés pour l'occasion aux sacramentaires, mais aussi celles des "flaciens" sur le caractère humain du péché originel et des philippistes sur le libre arbitre. [...]
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