Tres de mayo de 1808 en Madrid - Francisco de Goya (1814) - Analyse historique et artistique

Thèmes abordés

Tres de mayo de 1808 en Madrid, Tres de mayo, Francisco de Goya, peinture, empire napoléonien, Espagne, guerre, violence

Résumé du document

Si le XIXe siècle est souvent considéré comme une période paisible, où la quiétude règne parmi les puissances européennes conciliées (du moins sur le territoire continental qui connaît une longue absence de violence interétatique), il n'en est rien de ses premières années. Ses débuts étant, en effet, marqués par une série d'agressions frénétiques qui prend pour cadre l'espace public et qui a pour finalité le champ de bataille. C'est une violence sociopolitique nouvelle, qui amène à un constat : celui d'un resurgissement de la brutalité. Une expérience inoui?e et profondément marquée par le régime napoléonien, notamment lors de ses guerres de la Révolution et de l'Empire qui voient un déchaînement de violences qui marquera durablement les peuples touchés. Issu d'une petite noblesse corse, Napoléon grandit dans une famille peu argentée. Très tôt, il est promu général et est considéré par ses pairs comme un républicain convaincu, ce, depuis sa bataille du 5 octobre 1795 où il mène la défense de la Convention nationale combattre l'insurrection royaliste qui menace Paris.

Extraits

[...] Son usage restreint des couleurs marque l'envie de retranscrire le tragique, la mort, plutot que de plaire au regard, puisque la palette utilise?e est tre?s terne : de l'ocre au noir en passant par des rouges sanglants, des jaunes de?lave?s et des tons terreux. L'effet granuleux, les finitions mattes presque sableuses sont e?galement inconfortables l'?il est loin de toute norme classique, qui privile?gie un rendu net, lisse et aux lignes pre?cises. C'est le ne?ant qui est mis en avant, l'inutilite? [...]

[...] par le visuel que le message e?vident du tableau. La mort est montre?e telle quelle, sans e?tre sublime?e, enjolive?e pour servir un ide?al patriotique et national de l'homme qui se sacrifierait pour sa patrie. Le spirituel e?tant e?galement absent malgre? une connotation chre?tienne, le peintre n'insinue ni apaisement apre?s la mort, ni re?compense divine. Son message est pragmatisme face la tuerie et ses conse?quences; les troupes militaires e?vitent e?galement tout discours e?le?vateur ayant pour but de rehausser leur images. V. [...]

[...] De?s lors, il peint la vie du peuple espagnol, et des portraits de la famille royale jusqu'en 1792, ou? il e?volue vers une fracture plus libre, inspire? de Rembrandt ou Ve?lasquez. Coupe? du monde, atteint d'un stade de surdite? comple?te, Goya tombe gravement malade en 1773. Son malheur le pousse l'introspection critique, la me?lancolie, et il se met ope?rer un changement artistique pour une approche qu'on pourrait qualifier, posteriori, d'expressionniste, car moins consensuelle. Cette vision nouvelle, sans hypocrisie, ne cherche pas retranscrire des futilite?s dans un but esthe?tique, il souhaite de?sormais exprimer des e?motions afin de mettre nu ses sujets pour voir ce qu'il se cache derrie?re le "masque". [...]

[...] l'e?conomie franc?aise, stabilise?e, tout en mettant en pe?ril ceux qui n'avaient d'autres choix que de le pratiquer. A posteriori, de?s les de?buts de la Restauration, la guerre d'Espagne est de?ja? vue comme « la plus criante des injustices commises par Napole?on » mais aussi comme sa plus « grande faute ». Dans cette Europe apaise?e post-Congre?s de Vienne, on he?site plus critiquer Napole?on pour son he?ge?monie. L'insurrection du 3 mai marque alors le de?clin de l'Empire, comme le formulera plus tard le Baron Bignon pourtant grand apologiste de Napole?on, au sujet de la guerre d'Espagne. [...]

[...] En plac?ant l'Art dans son contexte, sans e?tudier seulement l'Art pour l'Art, nous avons ainsi pu de?duire l'interaction entre esthe?tique et ide?ologie ou autrement dit ici, le lien entre romantisme et nationalisme. L'art en tant qu'agent actif de communication entre les hommes, peut e?galement se transformer en un moyen d'expression de l'ide?ologie patriotique, et inde?pendantiste qui embrigade. [...]