"Que Dieu vous affermisse sur ce trône et que Jésus Christ Notre Seigneur, roi des rois et seigneur des seigneurs, vous fasse régner avec Lui dans son royaume éternel". C'est ainsi que l'archevêque de Reims après avoir présidé toute la cérémonie du sacre du nouveau Roi de France s'exprime et affirme l‘alliance entre le pouvoir religieux et le pouvoir royal.
Ce document est une source iconographique plus précisément une gravure sur bois, image gravée à l'aide d'un burin, illustrant un extrait des Chroniques des Rois de France, écrit historique qui narre des événements passés ou présents selon le point de vue de l'auteur, ici cette chronique retrace la vie des Rois de France. Elle est datée de 1514 et est donc contemporaine de l'événement ici représenté sur la gravure comme étant le Sacre de Louis XII qui lui s'est déroulé le 27 mai 1498 à Reims.
L'auteur de cette gravure n'est pas précisé mais nous pouvons en supposer le commanditaire, nous pouvons penser que cela pourrait être un des 12 « pairs de France » désignant les Grands personnages du Royaume c'est-à-dire les Ecclésiastiques et/ou les Seigneurs laïcs.
Ainsi nous pouvons nous demander en quoi cette représentation du sacre de Louis XII est-elle le moyen d'asseoir le pouvoir royal et allier le pouvoir religieux.
[...] Le Roi se voit également attribuer le pouvoir de commandement. Le Roi est désormais responsable du bon exercice de la justice dans son royaume. L'exercice de la justice a souvent été une façon d'imposer aux seigneurs du royaume, mais aussi à l'Église l'arbitrage royal, et donc montrer la supériorité royale. Ensuite, par la remise des éperons et de l'épée, il devient le premier des chevaliers. Il est le défenseur de son Royaume, et est le chef des armées. Tous ces pouvoirs marquent la supériorité royale. [...]
[...] Cet événement symbolise la première alliance scellée entre le pouvoir temporel et spirituel. Nous pouvons en voir une représentation au deuxième plan à gauche de la gravure. Il semblerait que Clovis soit représenté devant l'autel, torse nu, les mains jointes, ayant à sa droite un des évêques tenant l'Évangile sur lequel Clovis vient de prêter serment de protéger l'Église et le Royaume, de respecter le droit et la justice et de défendre la veuve et l'orphelin. Agenouillé, il est en train d'attendre que l'archevêque Rémi lui dépose à l'aide d'une aiguille d'or un peu de l'huile de la Sainte Ampoule, fiole contenant une huile sacrée qui était rajoutée au Saint Chrême, mélange d'huile et de parfum destiné à oindre les futurs Rois et utilisé dans certains sacrements comme le baptême. [...]
[...] Sur cette gravure, Louis XII est représenté assis devant l'autel à droite de la gravure. Il est entouré de 12 pairs de France composés de six ecclésiastiques et six laïcs. Positionnés à la droite du futur roi, ce sont les six ecclésiastiques. Les trois premiers portent sur leurs têtes une mitre avec le symbole de la croix et sont couverts d'un grand manteau, symbole des archevêques, ici le premier ecclésiastique est l'archevêque de Reims Guillaume Briçonnet (1497-1507) qui est un évêque placé à la tête d'une province ecclésiastique et qui a plusieurs évêques pour suffragants, le second habillé de la même manière semble être également un archevêque, de même pour celui qui est placé derrière lui. [...]
[...] Ici, Louis XII a prié dans la cathédrale de Reims. Vers minuit il se confessait, c'est-à-dire que devant Dieu, il avoue ses fautes et ses péchés. L'absolution ne devant lui être donnée que le lendemain, au moment du sacre. Ce rite a pour but de laver de rendre pur celui qui vient d'avouer ses fautes. L'archevêque lui accorde alors son pardon au nom de Dieu. Il regagnait ensuite le Palais du Tau situé à côté de la Cathédrale de Reims, où il prenait son gîte et se reposait avant le début de la cérémonie qui se déroulait le lendemain. [...]
[...] C'est par cette cérémonie également que normalement les trois forces en présence se doivent de s'unir afin de se respecter mutuellement. Par cette cérémonie, ils forment une alliance. Par ailleurs, ici nous avons la représentation de la cérémonie du sacre au sein de la Cathédrale, mais avant que le Roi n'entre dans celle- ci, le Roi doit la veille commencer à se préparer à son sacre par une veillée de prière. Habituellement la cérémonie était organisée un dimanche, selon la tradition chrétienne c'est le jour du Seigneur c'est-à-dire un jour de sabbat, de repos. [...]
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