En Europe, la fin des années 1960 voit l'émergence de nouveaux mouvements, groupes et groupuscules révolutionnaires, qui, par leurs nouvelles pratiques de propagande et par la régénération des doctrines révolutionnaires préexistantes, débordent par la « gauche » les partis communistes nationaux, enkystés dans la ligne soviétique. Ces mouvements gauchistes, qui dénoncent la bureaucratisation et l'embourgeoisement des partis conventionnels, se réclament classiquement de l'anarchisme et du trotskisme, mais également du titisme, du castrisme naissant et d'une nouvelle idéologie, faite à la fois d'aspirations libertaires et de marxisme-léninisme non déstalinisé : le maoïsme. C'est la belle époque de la jeunesse contestataire, la « réactivation de l'espérance révolutionnaire ». Libéré des pesanteurs des PC traditionnels, « tout le monde s'agite simultanément, court, s'égosille, dort trois heures par nuit, crée un groupe, le dissout, disparaît, réapparaît » (...)
[...] Pour les maoïstes étudiants, le parti révolutionnaire se formera au milieu des grèves. Dans ce cadre, les intellectuels doivent se mettre au service des travailleurs. Ainsi, en juin 1968, les ouvriers de l'usine de Flins, englués dans une grève qui ne donne aucuns résultats, en appellent aux militants de l'UJC(ml). Pendant trois jours, à partir du 7 juin, c'est une véritable guérilla qui agite l'usine: les forces de l'ordre doivent faire face à des jets de pierre et de cocktails Molotov. [...]
[...] Le choc provoqué par cet évènement, bientôt redoublé par la tentative de meurtre sur Dutschke, permet la création de groupes de défense révolutionnaire, qui se rejoindront bientôt dans la Fraction Armée Rouge (RAF). Conclusion: La fin des années 1960 marque donc l'émergence de nouvelles pratiques d'émancipation révolutionnaire telles que l'établissement. Ce renouveau des pratiques accompagne le remaniement des doctrines d'extrême gauche: à côté des PC liés à l'URSS, foisonnent des groupuscules gauchistes, jeunes et persuadés de vivre une période révolutionnaire. Ces groupes, par ailleurs très divers, renouvellent les doctrines socialistes et anarchistes. Nombre de ces renouvellements sont importés des pays du Tiers Monde en lutte, et fascinent l'intelligentsia européenne. [...]
[...] Ils en partagent certaines idées - anti autoritarisme- mais se méfient de l'esprit de sérieux que manifestent les groupes gauchistes. L'anarchisme, avec à sa pointe l'Internationale Situationniste, reste le mouvement le moins dogmatique, et le plus ironique sur sa propre situation. L'autre groupe d'opposition traditionnel à la ligne soviétique est le trotskisme. En France, il s'organise autour de la JCR d'Alain Krivine et des lambertistes. Plus ou moins fidèle à la voie ouverte par Trotski, ceux-ci dénoncent le stalinisme et le gel bureaucratique de la révolution léniniste. [...]
[...] Résistance contre l'occupant et les Kollabos L'une des occupations quotidiennes des groupes révolutionnaires d'extrême gauche est la chasse aux fascistes. Contre les mouvements étudiants d'extrême droite, tel le groupe Occident en France, les groupuscules gauchistes se dotent de services de sécurité, armés de barres de fer, de casques de chantier, parfois d'armes à feu ou d'artifices explosifs plus ou moins dangereux et spectaculaires. Ainsi, chez les maoïstes, les étudiants désireux d'en découdre forment les Groupes de Protection et d'Autodéfense (GPA). [...]
[...] Violence et pratiques d'émancipation révolutionnaire en Europe occidentale à la fin des années 1960. En Europe, la fin des années 1960 voit l'émergence de nouveaux mouvements, groupes et groupuscules révolutionnaires, qui, par leurs nouvelles pratiques de propagande et par la régénération des doctrines révolutionnaires préexistantes, débordent par la gauche les partis communistes nationaux, enkystés dans la ligne soviétique. Ces mouvements gauchistes, qui dénoncent la bureaucratisation et l'embourgeoisement des partis conventionnels, se réclament classiquement de l'anarchisme et du trotskisme, mais également du titisme, du castrisme naissant et d'une nouvelle idéologie, faîte à la fois d'aspirations libertaires et de marxisme-léninisme non déstalinisé: le maoïsme. [...]
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