La sorcellerie à la fin du Moyen âge

Résumé du document

L'examen de huit procès de sorcellerie, extraits d'une part du Registre criminel du Châtelet du 6 septembre 1389 au 18 mai 1392, et d'autre part, de l'ouvrage de Laurence Pfister, L'enfer sur terre. Sorcellerie à Dommartin, 1498 , permet de comprendre les mécanismes et les processus qui conduisent implacablement un individu à être considéré comme « sorcier » par les autorités laïques et ecclésiastiques à la fin du Moyen Âge. Mieux, l'étude des circonstances dans lesquelles se déroulent les procès de sorcellerie à la fin du Moyen Âge permet de comprendre pourquoi l'Occident a été, en l'espace de deux siècles, envahi par les fantasmes démonologiques qui sont venus « légitimer » la sanglante chasse aux sorcières.

Nos sources se composent de huit procès de sorcellerie : les quatre premiers sont extraits du Registre criminel du Châtelet ; les quatre autres sont tirés de l'ouvrage de Laurence Pfister, L'enfer sur terre. Sorcellerie à Dommartin (1498).

En ce qui concerne le Registre criminel du Châtelet, Aleaume Cachemarée, clerc criminel chargé d'établir le compte-rendu des procès au Châtelet, retient en 1390-1391 l'exemple de quatre femmes condamnées au bûcher pour sorcellerie par le prévôt de Paris, Jean de Folleville. Il s'agit de Margot de la Barre, dite du Coingnet, condamnée pour « sorcellerie, invocation de l'ennemi au conjurement du Seigneur » ; de Marion la Droiturière, dite l'Estallée, « consentante » à des « ensorcelemens » ; de Jeanne de Brigue, dite la Cordière, accusée d'avoir fait des « invocations contre la foi catholique et les choses défendues » ; enfin de Macete, ayant procédé à des envoûtements à l'encontre de son ami Hennequin de Ruilly.

Ces quatre procès se sont déroulés au Châtelet, c'est-à-dire au tribunal où le prévôt de Paris (ou son représentant) rend la justice au nom du roi, et où l'énorme majorité des affaires criminelles d'une certaine importance aboutit. Ce tribunal prend des arrêts de première instance pour la plus grande partie du territoire de la ville et constitue l'échelon hiérarchique supérieur de nombreuses juridictions seigneuriales. Le prévôt de Paris jouit aussi de prérogatives et d'obligations extraordinaires pour la poursuite des bandits, voleurs et autres délinquants. Quant à l'importance du tribunal du Châtelet, plus que sa compétence légale, elle ressort du fait que le prévôt a en mains l'appareil répressif le plus efficace et le plus nombreux de la ville. Le nombre des affaires qui viennent devant ce tribunal est si grand qu'il a été nécessaire de restructurer l'appareil judiciaire, de former plusieurs chambres, d'abord selon leur importance, ensuite selon leur caractère : les crimes ont donc été examinés à part.

Les archives n'ont pas conservé d'actes judiciaires du Moyen Âge, mais un heureux concours de circonstances a permis la conservation d'un seul registre dans la série des livres du Châtelet. Trouvé au milieu du siècle dernier dans l'une des bibliothèques parisiennes et publié par Henri Duplès-Agier, ce livre contient les « procès des prisonniers criminalz admenz ou Chastellet de Paris » et jugés entre le 24 juillet 1389 et le 18 avril 1392. L'essentiel des affaires concerne des crimes commis à Paris. Quelques-unes seulement touchent des forfaits perpétrés hors les murs, dans les environs de Paris, et transmises au prévôt en vertu de ses pouvoirs « extraordinaires ». Les procès pour des délits commis hors de Paris, mais dans les limites de sa prévôté sont peut-être plus nombreux.

Extraits

[...] Ibid., p. 16-17. Jean-Claude Schmitt, article Sorcellerie in Jacques Le Goff et Jean-Claude Schmitt (dir.), op. cit., 1084-1085. Sa charge lui est retirée entre le 4 juillet 1487 et le 10 juin 1487 pour un manque de discipline canonique dans l'application des peines. Il occupe alternativement son poste avec Antoine Penet, vraisemblablement en raison de conflits opposant François Granet à ses supérieurs ; Laurence Pfister, op. cit., p. 137-138. Ibid., p Ibid., p Ibid., p. [...]

[...] Alfred Vacant et Joseph-Eugène Mangenot, Paris, Letouzey et Ané Dictionnaire du Moyen Âge, dir. Claude Gauvard, Alain de Libera et Michel Zink, Paris, PUF Dictionnaire raisonné de l'Occident médiéval, dir. Jacques Le Goff et Jean- Claude Schmitt, Paris, Fayard GODEFROY Frédéric, Dictionnaire de l'ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle tomes, Paris, 1880-1902. GREIMAS Algirdas-Julien., Dictionnaire de l'ancien français jusqu'au milieu du XIVe siècle, Paris, Larousse LACOSTE Jean-Yves, Dictionnaire critique de théologie catholique, Paris, PUF/Quadrige MIQUEL Pierre, Dictionnaire des symboles liturgiques, Paris, Le Léopard d'or RAHNER Karl et VORGRIMLER Herbert, Petit dictionnaire de théologie catholique, Paris, Seuil SUIRE Éric, Vocabulaire historique du christianisme, Paris, Armand Colin Vocabulaire historique du Moyen Âge, dir. [...]

[...] MERCIER Franck, La vauderie d'Arras. Une chasse aux sorcières à l'automne du Moyen Âge, Presses universitaires de Rennes MERCIER Franck, L'Enfer du décor ou la Vauderie d'Arras (1459-1491) : les enjeux politiques d'un procès d'Inquisition à la fin du Moyen Âge Heresis, nº 40, printemps/été 2004, p. 95-121. MERCIER Franck, Un trompe-l'oeil maléfique : l'image du sabbat dans les manuscrits enluminés de la cour de Bourgogne (à propos du Traité du crime de Vauderie de Jean Taincture, vers 1460-1470) Médiévales, nº 44, Printemps 2003, p. [...]

[...] [125] Ibid., p. 169-170. La laideur et le noir sont deux constantes dans la représentation du Diable au Moyen Âge. [126] Ibid., p. 18-19. [127] Ibid., p [128] Ibid., p [129] Ibid., p [130] Ibid., p [131] Ibid., p. 153-172. [...]

[...] Les hommes, qui se marient en moyenne à l'âge de vingt-huit ans, patientent avec les prostituées avant de se lier avec une femme d'honneur ; on remarquera plus tard que le concubinage n'est pas puni pour le mari de Macete Le mot renommée apparaît exactement à dix reprises dans les quatre procès du Châtelet. Registre criminel du Châtelet , t. II, p Ibid., t. p et t p Ibid., t. p Ibid., t. p Ibid., t. II, p Ibid., t. [...]