L'expulsion des Juifs en 1306 sonna le glas de nombreuses communautés juives du royaume de France. Encore que protégée par la monarchie pour les revenus qu'elle en tirait, la communauté juive tendait à se marginaliser. A une politique hostile de Saint-Louis, à des accusations de meurtre rituel ou de profanation d'hostie, aux sermons malveillants des dominicains, s'ajoutaient des griefs financiers, les juifs pratiquant le prêt à intérêt, l'usure proscrite aux chrétiens. Des échanges existaient pourtant avec des chrétiens, dont certains manifestaient une réelle curiosité à découvrir les us, coutumes, traditions et surtout savoirs du peuple de la Bible. En dépit des difficultés à vivre en terre chrétienne, le Moyen-Age fut une période féconde pour la pensée juive, aussi bien dans le nord de la France – on pense, en particulier, au grand théologien RASHI DE TROYES et à ses nombreux successeurs, les tossaphistes – que dans le sud où des communautés juives, stimulées par la venue de juifs d'Espagne fuyant l'invasion des musulmans almohades au XIIe siècle, s'adonnaient à l'étude des sciences et de la philosophie.
Ici, il s'agit de découvrir toutes les richesses d'une période mouvementée et non dénuée de paradoxe : l'ascension et le déclin d'un judaïsme original et sa contribution à l'histoire intellectuelle et religieuse de la France.
[...] Ils ont une grande influence sur l'interprétation et la réception des textes par l'introduction des titres, de mots initiaux, de décorations, d'illustrations, de diagrammes, de tables des matières Les centres de production de manuscrits hébreux L'histoire des manuscrits hébreux suit les aléas de la politique menée envers les juifs : en effet, les persécutions que ces derniers subissent durant tout le Moyen-Âge frappent aussi leurs livres. Philippe IV Le Bel expulsera ses juifs en 1306 et les rares manuscrits postérieurs à cette date résultent d'un éphémère retour des juifs, dont le séjour est interrompu par de nouvelles expulsions auxquelles succèdent de précaires retours (entre 1915 et 1322, et entre 1359 et 1394). Dans le Comtat de Vénaissin, les juifs conservent leur tradition manuscrite jusqu'au XVIII° siècle. [...]
[...] Les personnages sont aussi représentés de dos ou sans traits. La démarche qui consiste à remplacer les têtes humaines par des faciès d'animaux se généralise à partir du milieu du XIII° siècle et devient la particularité des manuscrits hébreux d'Allemagne de la première période. Il reste peu de manuscrits assurément produits dans le royaume de France et nous ne savons pas si cette pratique y était courante. Dans les autres ouvrages liturgiques, philosophiques, médicaux à usage familial, synagogal ou privé, la peinture figurative est admise et parfois largement développée, particulièrement dans les haggadot[19] qui sont à usage familial. [...]
[...] Les manuscrits hébreux du sud de la France Dans le sud de la France et en Provence, la production du livre est marquée par l'influence espagnole. Les manuscrits hébreux de ces régions portent donc les caractéristiques des codices séfarades dans le mode de fabrication, le style de la décoration et de l'iconographie ainsi que dans l'écriture ; on y trouve néanmoins des influences françaises dans la description des rites et parfois dans des transcriptions de termes appartenant à la langue d'Oc. [...]
[...] S'il a pu être écrit en 1985 que l'édifice n'avait pas livré tous ses secrets, l'on peut se réjouir aujourd'hui de voir l'immeuble du de la rue de la Barralerie classé au titre des Monument Historique (depuis mai 2004), soumis bientôt à une étude d'archéologie monumentale pour à terme restaurer le synagogue médiévale, et rendre le lieu accessible au public. Chacun connaît les célèbres frères Platter, Félix et Thomas, venus de Bâle dans la seconde moitié du XVI° siècle à Montpellier pour y accomplir leurs études de médecine. [...]
[...] Ces deux personnifications, mises encore en vis-à-vis d'égalité dans les ivoires carolingiens, s'opposèrent rapidement dans une lutte dont l'issue ne pouvait être que le triomphe de l'Eglise et la disparition de la Synagogue. Princesse déche, la Synagogue était confrontée à l'Eglise, reine du catholicisme triomphant. Au lieu d'envisager une réconciliation finale, on finit par ne plus concevoir que la disparition de la Synagogue, ce qui allait entraîner la disparition des juifs du paysage royal. La volonté politique Ainsi, l'image des juifs dans l'art chrétien médiéval reflète l'attitude des autorités et les passions populaires savamment orchestrées : les artistes se sont employés à caricaturer les juifs et à rabaisser la Synagogue. [...]
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