La chasse est au Moyen Âge profondément intégrée dans la société dans un processus tant politique qu'économique et social. On sait que la chasse se pratique presque partout et tout le temps par toutes les classes de la population malgré les interdictions répétées. De par l'abondance des législations ainsi que des exemptions, il semble difficile d'obtenir un tableau homogène de la question cynégétique au Moyen Âge. Toutefois, nous tenterons de définir certaines caractéristiques clés qui nous permettront de mieux comprendre ce que représente la chasse pour la société médiévale.
Sur la période Ve–XIVe siècle, nous nous interrogerons sur ceux qui chassent, mais aussi comment et quelles sont leurs motivations. En somme, qu'est-ce que la chasse au Moyen Âge ?
La société médiévale ne connaît pas de droit unifié, en matière de chasse, ce sont les usages, les exceptions et privilèges qui dominent.
Pour comprendre les modalités de la chasse médiévale l'historien dispose d'une part des privilèges accordés par les souverains aux particuliers, et les restrictions et interdits de chasse.
Les invasions constituent une date clef, dans la mesure où les chefs qui s'installent dans l'empire et notamment en Provence imposent leur domination. En ce qui concerne la chasse, ils conservent le principe du droit de chasse lié à la propriété terrienne.
Au début du Ve siècle, la loi des Burgondes de 502 interdit de tendre des objets a terre pour attraper des loups dans la mesure ou ce stratagème pourrait mettre en péril les habitants du voisinage. Ces dispositions que l'on retrouve aussi dans la loi des Wisigoths et des Burgondes mettent en place l'idée de responsabilité des propriétaires dans la mesure où les pièges qu'ils disposent sur leurs terres peuvent mettre en péril des hommes et des animaux domestiques. Dès lors, la propriété ne confère plus un droit absolu chez soi.
Entre le VIe et le Xe siècle, la chasse constitue une des préoccupations favorites des Francs. Dans sa Vie de Charlemagne, Eginhard constate que me gibier est abondant et divers surtout dans les zones montagneuses. Au VIIe siècle il devient clair que l'on tend à réserver ce loisir à certaines catégories de personnes sans cependant y arriver complètement.
Pour s'assurer de l'abondance du gibier et le maintenir dans des lieux difficilement accessibles à la population, les souverains constituent dès le VIIe siècle des forets et des garennes qui sont surveillées par des custodes. Par son ordonnance de 630, Dagobert se réserve la chasse des forêts du domaine royal de Malemaison.
Jusqu'au XIIIe siècle, la gestion des forêts royales relève des baillis et des forestiers dont Philippe Auguste est l'initiateur. Les ordonnances royales organisent progressivement cette administration. Le bailli royal y détient la haute justice. Les officiers des Eaux et Forets s'occupent des dégâts occasionnés par le gibier, de la culture des lieux et des délits de chasse.
[...] Parmi les animaux que l'on chasse au moyen âge, la loutre faisait débat et notamment durant les périodes de carême. En effet, cette période imposait aux communautés religieuses de disposer d'importantes réserves de poissons, cependant ces derniers étaient tout autant convoités par les loutres. Dès lors, elle était chassée sans scrupules à l'aide de chiens spécialement dressés. Le comte d'Artois avait un loutrier à son service qui recevait huit deniers parisis par jours pour lui et ses six chiens afin de lutter contre ce nuisible dont on faisait aussi commerce de sa peau. [...]
[...] De leur qualité dépend la réussite de la chasse. Pour traiter des armes utilisées, les historiens se sont penchés notamment sur les sources iconographiques et les représentations qu'elles donnent des équipements des chasseurs. On distingue dans un premier temps les armes d'estoc. On retrouve dans la chasse à l'épée le symbolisme médiéval, L'épée doit être aiguisée seulement sur la moitié qui va vers la pointe pour éviter tout accident. C'est cette arme que Gaston Phébus recommande pour s'attaquer aux sangliers qui sont les animaux sauvages les plus dangereux pour l'homme. [...]
[...] La fourrure Si à Arles, les chasseurs étaient autorisés à vendre la chair de leur chasse sur la place du bourg neuf, les commerçants faisaient les plus gros profits en transformant les produits retirés du gibier. On sait, via l'autorisation concédée par Charlemagne en 774 à l'abbaye de Saint-Denis, que le cuir retiré du cerf était utilisé pour relier des livres. L'ouvrage L'homme et la forêt de Deffontaines nous apprend que les moines de la Grande Chartreuse utilisaient pour la même fin, la peau de Chamois. Dans La vie privée d'autrefois, A. Francklin écrit que le cuir de cerf pouvait aussi être utilisé pour faire des bourses, des gants. [...]
[...] On peut enfin dire que la chasse consistait pour la noblesse en un important rituel social, un lieu de convivialité dans le cadre d'une société hiérarchisée. Les chroniques mentionnent des chasses données en l'honneur de princes étrangers ou d'ambassadeurs, les oiseaux de chasses étaient au moyen âge des cadeaux de grande valeur.Les faucons et les chiens étaient entourés de luxe et portaient des colliers ornés. Leur mort était soigneusement notée. C'était en somme une passion fort coûteuse que les élites se réservaient. [...]
[...] Jusqu'au XIIIème siècle, la gestion des forêts royales relève des baillis et des forestiers dont Philippe Auguste est l'initiateur. Les ordonnances royales organisent progressivement cette administration. Le bailli royal y détient la haute justice. Les officiers des Eaux et Forets s'occupent des dégâts occasionnés par le gibier, de la culture des lieux et des délits de chasse. Si l'abondance du gibier cause beaucoup de dégâts, elle tente les non- ayants droit. Chasser est en effet interdit aux roturiers Les délits à la règle sont vivement réprimés. [...]
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