Représentation du nu, Moyen Age, nus, idéalisme grec, culte du corps, représentation du corps, sculture
Le nu n'est pas forcément une évidence au Moyen Age car, de la place centrale acquise dans l'idéalisme grec et de l'importance accordée au culte du corps, on passe à l'occultation de la chair. Les représentations de corps dénudés sont cependant permises, exclusivement dans l'art sacré et à condition d'être strictement indispensables à la compréhension du message qui sous-tend l'œuvre. Les épisodes relatifs à Adam et Eve sont parmi les sujets le plus souvent traités dans l'art médiéval : c'est en effet la découverte de leur nudité qui, selon la doctrine catholique, éloigne les hommes de Dieu.
[...] La dernière occasion de figurer Adam et Eve nus est offerte par l'épisode biblique de la descente du Christ aux enfers. Par exemple, Hugo Van der Goes représente le Péché originel (après 1479, Vienne, Kunshistorisches Museum) : Adam et Eve cachent pudiquement leur sexe. Le baptême du Christ : Comme la représentation de la Crucifixion, le baptême confronte les artistes à l'épineux problème de la nudité du Christ adulte. Le mosaïste de Ravenne (baptistère des Ariens, première moitié du VIe siècle) fait preuve d'une grande liberté en figurant le corps du Christ complètement nu, même si on l'entrevoit à travers l'eau du Jourdain. [...]
[...] Par exemple une miniature des Grandes Heures de Rohan (vers 1418-1425, BNF, ms. Lat folio 159r) représente le mort devant son juge sous la forme d'un cadavre très émacié. Adam et Eve : Au moment de la Création, Adam et Eve sont nus : L'homme et sa femme étaient tous deux nus, et ils n'en avaient point honte II, 25). La rupture définitive se produit quand Eve, poussée par le serpent, cueille le fruit interdit, en mange et en donne à Adam. [...]
[...] C'est le cas des scènes montrant les âmes des damnés soumises aux supplices de l'enfer, dans des poses soulignant leurs souffrances. Les démons, quand ils sont anthropomorphisés, sont en général nus. L'âme : Dans l'iconographie médiévale, l'âme du défunt prend souvent l'aspect d'un petit corps dénudé, avec parfois des ailes. Les âmes dans la balance de l'archange Michel lors de la psychostasie (pesée des âmes) sont nues, comme celles livrées aux supplices de l'enfer. Dans la Crucifixion, l'âme du bon larron est parfois transportée au ciel par des anges, celle du mauvais emmené par des démons. [...]
[...] L'usage du perizonium (pagne noué autour des hanches) se généralise ensuite. Dans les Méditations du Pseudo-Bonaventure, texte très populaire au Moyen Age, Marie couvre elle- même la nudité de son fils avec le voile qu'elle porte sur la tête. La luxure et le péché : La luxure, l'un des sept péchés capitaux, est un objet de réprobation au Moyen Age, où elle apparait souvent sous la forme des personnages nus. Plus généralement, la nudité est associée à un comportement immoral, à l'expression de la nature animale, éphémère et pécheresse de l'homme. [...]
[...] La gamme des sujets dignes d'être représentés nus, en partie ou en totalité, s'élargit considérablement : à Adam et Eve ou au Christ s'ajoutent les saints, martyrs, personnages de l'Ancien Testament et de la mythologie La maigreur : Le Moyen Age a privilégié la maigreur à la corpulence, car elle est liée à la mortification de la chair : le Christ en croix et les ermites sont toujours émaciés. La maigreur est caractéristique de la vieillesse, de la pauvreté et de la maladie. Au Moyen Age, l'obésité avait une connotation négative (la gourmandise est un péché). Par exemple, dans l'Enfer de Taddeo di Bartolo (vers 1393, collégiale de San Gimignano), les démons empêchent les gourmands de se servir à table en guise de punition. [...]
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