"L'oeil et la main du roi", voici ce que doit représenter, selon l'expression même de Louis XIV, un intendant. Avant l'arrivée de Jean Talon à ce poste, la Nouvelle-France est sous-peuplée et le commerce de la fourrure, principale ressource économique de la colonie, est désorganisée à cause de la prise de la Huronie par les Iroquois entre 1648 et 1650. De plus, la Compagnie des Cent-Associés se retrouve privée de ses alliés commerciaux, les Hurons, tout en négligeant le peuplement de ces jeunes terres conquises.
La Nouvelle-France est donc au plus mal dans les années 1650-1660 et c'est pourquoi Colbert et Louis XIV décident d'envoyer un intendant outre-Atlantique afin de reprendre en main la situation. C'est donc Jean Talon, alors âgé de quarante ans, qui va être nommé à ce poste crucial pour l'avenir de la colonie.
[...] Jean Talon est donc de retour en Nouvelle-France dès 1670. A l'occasion de ce second mandat en tant qu'intendant, il poursuit ses projets mis en place de 1665 à 1668, mais s'attèle également à nouvelle mission : l'expansion de la colonie. Il envoie pour ce fait des explorateurs aux quatre coins de l'Amérique du Nord dans le but de nouer de nouvelles alliances avec les peuples autochtones et de prendre possession de nouvelles terres. Ce mouvement d'exploration a pour but de prévenir les Anglais en s'assurant la possession des territoires, d'étendre le commerce des fourrures, et de trouver la mer de Chine. [...]
[...] Dès lors, on peut s'interroger sur les raisons de ce choix de la part du Royaume de France ainsi que sur l'étendue des réalisations de Jean Talon en Nouvelle-France. Ainsi, seront abordées ici les origines de cet homme ainsi que son évolution dans l'administration française, puis il sera question des raisons de ce choix avant de terminer par l'œuvre de Jean Talon en Nouvelle-France. Jean Talon est né à Châlons-sur-Marne, en Champagne, vers 1625. Il y fut baptisé le 8 janvier 1626. [...]
[...] Ainsi, Talon, par ses réalisations, conçoit un commerce à trois temps, Canada-Antilles-France. Le premier essai a lieu avec un vaisseau de la Compagnie des Indes occidentales, qui rentre en France chargé de sucre. Chaque année, par la suite, deux ou trois navires font voile vers les Antilles avec leur cargaison de produits du pays. Il est donc un acteur économique majeur pour les colonies et par conséquent pour le royaume de France. En 1673, lorsqu'il quitte la colonie, il se montre optimiste à propos de ce commerce. [...]
[...] Mais Talon croit en une véritable implantation des familles. C'est ainsi qu'est organisée par Colbert et Talon la venue des filles du roi : en sept ans, mille femmes trouvent un mari en Nouvelle-France et reçoivent une dot, de la nourriture et 50 livres de la part de l'intendant. Cette volonté absolue de peuplement va même plus loin, comme il le montre lors de son second mandat avec l'ordonnance du 20 octobre 1671 qui stipule que les jeunes hommes célibataires doivent marier une jeune fille venue de France sans quoi ils perdent leur droit de pêcher, de chasser et d'échanger des fourrures. [...]
[...] L'intendance à ce moment-là en France est une fonction majeure de l'administration française. Créés par Richelieu durant la première moitié du XVIIème siècle, les intendants sont d'abord mal acceptés, car ils rendent trop présent le pouvoir royal, mais deviennent vite incontournables. Selon Pierre Clément, ils doivent connaître de toutes contraventions aux ordonnances et des oppressions que les sujets du roi pourraient souffrir des gens de justice par corruption, négligence, ignorance ou autrement, signaler les procédures oiseuses et les concussions des magistrats, juger par délégation du conseil et rendre, sans appel, des arrêts comportant la peine de mort, prévenir et réprimer tout ce qui pouvait menacer l'ordre, veiller aux approvisionnements et subsistances, à l'état des prisons. [...]
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