Chrétien de Troyes fait partit des auteurs, les plus illustres du Moyen Age, il est l'un des plus grands auteurs du Moyen Age et fait figure de premier romancier français. Avec le développement de la société féodale, le XIIeme siècle voit la naissance d'une nouvelle culture en français, ou langue vulgaire. Le roman et la chanson de geste illustre cette littérature en français. Sous la plume de Chrétien, le roman n'aura plus seulement le sens de "récit en français" mais déjà celui d'un mode d'écriture ouvert à la fiction et l'agrément. Nous avons peu d'éléments biographiques le concernant. On a cherché à l'identifier avec un certain Christiannus, chanoine de Saint Loup de Troyes mentionné dans une charte de 1173 mais il ne s'agit que d'hypothèses sans fondements véritables. Il est vraisemblablement né vers 1135-1140 et il est mort vers 1190. Son surnom "de Troyes", indique son origine champenoise, qui est confirmé par des traces de dialecte champenois dans ses écrits. Chrétien de Troyes était une personne lettrée, qui maîtrisait parfaitement, l'art de la dialectique, de la rhétorique mais aussi de la grammaire. Il semble qu'il ait commencé à écrire vers 1155-1160, il nous a laissé une ouvre considérable. Outre un conte inspiré d'Ovide et quelques ouvrages aujourd'hui malheureusement perdus, Chrétien de Troyes a rédigé cinq grands romans : "Erec et Enide" en 1170, "Cligès"en 1176 ; entre 1177 et 1180, il compose "Le chevalier au lion" et "Le chevalier de la charrette", puis il entreprend vers 1181 la réalisation du "Conte du Graal" qu'il n'aura pas le temps d'achever. Au début du roman du Chevalier de la Charrette, Chrétien affirme avoir écrit sur le « comandemanz » de sa « dame de Champagne », soit Marie de Champagne (1145-1198), fille d'Aliénor d'Aquitaine et de Louis VII. Le Chevalier de la Charrette est avant tout la quête initiatique de Lancelot pour parvenir à délivrer la reine Guenièvre, qui a été enlevée. C'est aussi un roman de l'amour adultère entre Lancelot et la reine, un amour impossible pour lequel Lancelot est prêt à tous les sacrifices. Chrétien de Troyes n'a pas entièrement inventé le sujet, que l'on retrouve dans des légendes ou traditions antérieures. Un récit gallois, la "Vita Gildae" de Caradoc de Lancarfan évoque déjà l'enlèvement de Guenièvre. Dans "l'Historia regum Britanniae" de Geoffroy de Monmouth ou bien encore dans le "Roman de Brut" de Wace, qui sont les deux textes fondateurs de la légende arthurienne, l'histoire se termine là aussi par une sorte de double trahison, Mordred s'emparant du trône et de l'épouse du Roi. Enfin, un roman en vieil allemand, le "Lanzelet" d'Ulrich von Zatzikhoven raconte comment Lancelot a été enlevé par une fée des eaux, puis est devenu à la cour d'Arthur, le champion de Guenièvre. En faisant de Lancelot, l'amant de la Reine, Chrétien innove. De plus Chrétien n'évoque qu'un fragment de la vie de Lancelot, c'est ce que nous allons voir en effectuant un bref résumé de l'œuvre. Le roman commence par l'arrivée de Méléagant à la cour du Roi Arthur. Il lance un défi au Roi dont l'enjeu est la libération des habitants du royaume de Logres qu'il détient comme captifs sur ses terres, à condition qu'un de ses chevaliers à qui sera confier la reine parvienne à le vaincre. Le sénéchal Keu ne parvient pas à relever le défi, la reine Guenièvre est donc enlevée par Méléagant en pays de Gorre. Le chevalier Lancelot qui aime Guenièvre, part à sa recherche, et subit de multiples épreuves. Il subit d'abord l'humiliation de la Charrette, puis remporte avec succès toute une série d'épreuves : le lit défendu, le gué périlleux, le cimetière futur, le combat contre le chevalier orgueilleux ; il franchit enfin le terrible Pont de l'Epée. Motivé par l'amour, Lancelot défait Méléagant et délivre Guenièvre. Après d'intenses turpitudes amoureuses, Lancelot et Guenièvre part une nuit passionnel ensemble. Lancelot repart ensuite vers de nouvelles aventures mais il est trahi et emprisonné. Il parvient malgré tout à participer en secret au tournoi de Noauz où il se distingue par son courage, sa vaillance et son implacable soumission à la reine. Il est ensuite emmuré vivant dans une tour par Méléagant. Une tour dont il parvient finalement à s'échapper pour effectuer un retour triomphal à la cour du roi Arhtur et d'affronter Méléagant dans un dernier combat. Un combat de haute lutte qu'il remporte en le décapitant froidement. Chrétien de Troyes a parsemé son œuvre de signes qui étaient parlant pour ses contemporains, qui disposaient, par tradition, de tout un jeu de correspondances que nous avons perdu. Cette œuvre comme toutes les grandes œuvres médiévales avait un sens, une orientation profonde, car au Moyen Age, la littérature, comme l'univers, est « orientée ». Longtemps on a vu dans ce roman qu'une glorification de la "fine amor", de l'amour courtois en somme mais il est intéressant de s'attarder sur la place de la violence dans ce roman. Car même si la violence fait partie du décor habituel des romans médiévaux, Chrétien lui donne une place prédominante et l'aborde sous de nombreux angles. Il y a fort à penser que cette violence est là pour satisfaire les besoins et les attentes de son public, non pas de la comtesse Marie de Champagne mais des jeunes nobles, futurs chevaliers à qui il présente un Lancelot, modèle de vertu et parangon des valeurs chevaleresques. A travers ce roman, nous allons donc voir comment se manifeste la violence au Moyen Age et la manière dont elle est perçue.
[...] Chrétien de Troyes prend la peine de détailler chaque élément, les traces de sang, la position de l'arçon, les marques au sol comme pour accentuer le réalisme de la scène, comme pour mieux nous acclimater à l'atmosphère de violence que nous allons connaître par la suite dans le royaume de Gorre. La violence ne tient pas de l'exceptionnel comme le prouve la Charrette. Sa présence montre qu'il y a des criminels vers 333, des assassins vers 328 à châtier. Mais cela démontre aussi, que les gens sont habitués à côtoyer la violence puisque la Charrette est un instrument de torture répandue comme on peut lire au vers 323 dans chaque bonne ville on peut en dénombrer. [...]
[...] Mais la violence est avant tout, codifiée et légitimée. Chrétien de Troyes le cycle arthurien cherche à réhabiliter l'errance des chevaliers, substituant à la "vagatio" la quête d'une "peregrinatio". La violence reposant sur des valeurs chevaleresques bien ancrées dans les esprits, les hommes du Moyen Age lui donne une valeur éthique, esthétique et parfois ludique avec les tournois. Lancelot n'est pas un héros négatif car il tire sa force du bon usage qu'il fait de la violence. Cette dernière revêt une fonction salvatrice et non destructrice. [...]
[...] Et la violence envahie le royaume de Logres dès la première scène, une violence verbale et gestuelle avec l'attitude de Méléagant. Ce dernier se permet de défier le roi sans le saluer nous dit-on au vers 50. Son manque de politesse contraste très nettement avec le raffinement et la courtoisie de la société de cour du roi Arthur, en particulier avec les conversation des belles dames courtoises habiles à parler en langue française peut-on lire aux vers 39 et 40. [...]
[...] A travers ce roman, nous allons donc voir comment se manifeste la violence au Moyen Age et la manière dont elle est perçue. II) Un environnement âpre et violent Dès le début du texte, Chrétien de Troyes nous dépeint un monde violent. On a l'impression que la violence débarque dans le Royaume de Logres jusqu'ici pacifié avec l'intrusion de Méléagant, fils du roi Bademagu du royaume de Gorre. Dans ce roman, Logres et Gorres sont séparés par une rivière presque infranchissable, frontière humide traditionnelle dans la mythologie celtique, seuls deux ponts redoutables permettent de la franchir. [...]
[...] L'usage des armes n'est pas toujours chevaleresque bien au contraire. Comme dans le Conte du Graal, Chrétien de Troyes montre que la chevalerie loin de combattre la violence, y est souvent intimement liée. Lancelot rencontre sur son chemin des personnages qui enfreignent les valeurs et les codes de la chevalerie. Ce sont des anti-modèles tel Méléagant par exemple que Lancelot véritable parangon des valeurs chevaleresques parvient à vaincre car son combat est légitime et ses valeurs morales véritables. La chevalerie a une propension à se dégrader, à ne pas être accomplie correctement, c'est en ce sens que l'on comprend l'objectif du roman, poser les bases d'une chevalerie épurée de ces défauts. [...]
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