D'origine biblique, le sacre a très tôt été entouré d'un cérémonial fastueux et mystique, accordant au roi à la fois la légitimité nécessaire pour régner dans des périodes de crise et des pouvoirs particuliers qui le différenciaient des hommes. Cette institution emblématique des monarchies françaises depuis Pépin le Bref (751) a traditionnellement lieu à Chartres où elle est présidée par l'évêque de la cathédrale voire dans un cas exceptionnel par le pape lui-même. Nous disposons d'un certain nombre de textes pour cerner cette pratique qui persista jusque sous Louis XVI. Les Ordines, tel l'Ordines ad consecrantum regem de Fulrad au Xe siècle établie déjà les traits principaux de la structure du sacre, mais il s'agit davantage de la description de pratiques liturgiques. Au XIVe est publié un traité consacré au Sacre par Jean Goulain.
Célèbre théologien, il est aussi un proche du pouvoir royal. Confesseur de la reine Jeanne, épouse de Charles V, mais aussi mandaté par les universités pour présenter des excuses en leur nom concernant la révolte des Mailletons en 1382, il était tout destiné à faire paraître ce texte.
Que nous apprend donc cet extrait sur le sacre et à travers lui sur la royauté ?
Jean Golein évolue sur deux registres. Tout d'abord le registre didactique. Il s'agit d'un traité, nous l'avons dit, il faut donc instruire le lecteur sur le cadre spatio-temporel dans lequel le sacre se développe, le contexte historique, mais aussi le lieu où le sacrement est donné. Néanmoins le traité incorpore des éléments merveilleux et raconte la « fable » de Reims et des pouvoirs accordés au roi, pour reprendre une formule de Voltaire.
[...] Ce qui fait la spécificité de Reims n'est autre que la présente d'une relique sacrée : la Sainte Ampoule dont l'auteur nous conte la légende et que Voltaire qualifie par ailleurs de véritable farce dans son essai sur les bonnes mœurs. Selon la légende cette ampoule a été apportée lors du baptême de Clovis par des anges, nous pourrions d'ailleurs souligner le lien que la royauté a tenté de maintenir entre cet acte fédérateur et l'institution du sacre légitimant le roi. Par la suite l'ampoule fut utilisée lors des sacres. Selon la légende elle se trouvait toujours pleine lors de la consécration des rois et vide à leur mort. [...]
[...] De même, le pape de son côté cherche à imposer au roi de France ses vues notamment par exemple lors de la bataille de Crécy en1346 où le pape tente une médiation entre Édouard III et Philippe VI, au détriment de ce dernier. Le sacre constitue un moyen de légitimité, un pouvoir en ce qu'il est délégué par une autorité supérieure et reconnue du monde chrétien : Dieu. Bibliographie indicative Richard A. Jackson, The Traité du Sacre of Jean Golein The American Philosophical Society A Latreille, JR Palanque, E Delaruelle - 1957 - Histoire du catholicisme en France, Editions Spes. [...]
[...] Dans la retranscription que fait l'abbé Goy du discours de Jeanne d'Arc, on voit clairement que seul le roi sacré est considéré comme vrai roi Et c'est grâce à ce rite que se transmet le patrimoine foncier. Mais ce n'est pas que dans son royaume que s'exerce l'influence du sacre. En effet Jean Golein souligne presque immédiatement que certains rois ne sont pas sacrés. Il nous dit aussi que nul souverain au temporel n'est au- dessus du roi. Et l'extrait se conclut à la supériorité du roi de France. C'est loin d'être innocent lorsqu'on connait le contexte de ce texte. [...]
[...] Au XIVe est publié un traité consacré au Sacre par Jean Goulain. Célèbre théologien, il est aussi un proche du pouvoir royal. Confesseur de la reine Jeanne, épouse de Charles mais aussi mandaté par les universités pour présenter des excuses en leur nom concernant la révolte des Mailletons en 1382, il était tout destiné à faire paraître ce texte. Que nous apprend donc cet extrait sur le sacre et à travers lui sur la royauté ? Jean Golein évolue sur deux registres. [...]
[...] Le Texte didactique Le traité de Jean Golein s'inscrit dans un cadre didactique puisqu'il a pour but d'enseigner. Ce professeur de théologie va regrouper dans son ouvrage des faits attestés. Il décrit ainsi dans ce cours extrait l'institution du sacre sous deux angles. Le premier est historique, voire diplomatique, il s'agit de connaître les origines et le développement de la pratique. Le second point, succinctement débattu, traite de l'institution du sacre en France. a. L'historique Jean Golein commence par rappeler à son lecteur les origines mythiques du Sacre. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture