Entre le VIIIe et le VIe siècle av. J.-C., s'est déroulée en Grèce une grande vague de colonisation. Pendant presque trois cents ans, le monde grec s'est développé et une grande partie de la Méditerranée et de l'Asie mineure a été colonisée.
Cependant, le mot « colonisation » utilisé pour cette vague de déplacement grec ne doit pas nous amener à dire que le seul et unique objectif des grecs était de s'étendre. En effet, les buts de ces colonisations étaient plus variés que le simple désir d'expansion. Ces déplacements pouvaient résulter tout d'abord d'un manque de terres que l'on a appelé la sténochôria. A cela s'ajoutait une forte croissance démographique et pour certains, une volonté de partir à l'aventure ou un échec dans une lutte pour le pouvoir.
Pour Théra, île située au nord de la Crète (actuellement l'île de Santorin), ce fut une importante sécheresse occasionnant par là une disette et donc, des difficultés de subsistance, qui poussa les Théréens à fonder une colonie en Libye. Ainsi, en 632, les Théréens fondèrent la ville de Cyrène.
Pour étudier la fondation de Cyrène, les historiens disposent de deux sources importantes. La première est le récit fait par Hérodote qui nous livre une description assez complète et détaillée du départ et de l'installation des colons à Cyrène. La deuxième source, celle que nous étudierons, est le Serment des Fondateurs. Elle a été écrite un peu après la fondation de la ville au VIIe siècle, mais gravée sur du marbre à Cyrène seulement au IVe siècle. Cette stèle nous livre les modalités de départ et d'installation des colons Théréens, nous rappelant le lien entre la ville-mère et sa colonie et le droit de cité des colons notamment.
Cependant, le rôle de cette inscription épigraphique est de rappeler aux Théréens du IVe siècle leur droit de cité à Cyrène. En soit, ce décret d'isopilitie fait plusieurs siècles après la fondation de la ville, est, somme toute, assez commun. L'originalité du serment des fondateurs réside dans le fait d'avoir été gravé d'après un texte déjà existant et non pas rédigé pour l'occasion.
Pour étudier ce texte, nous nous intéresserons dans un premier temps au départ même des colons relaté dans le serment ainsi que ses modalités, puis, nous analyserons les aspects de cette colonisation.
[...] Le serment, le désigne d'ailleurs comme futur roi. L'Oikistès, en tant que chef, avait pour devoir d'établir les institutions dans la nouvelle ville. Ces institutions étaient en général calquées sur celles de la ville- mère, ici, Théra. Il devait aussi organiser la répartition des terres (dont nous verrons les caractéristiques plus loin), mais également, établir des sanctuaires. L'Oikistès des Théréens, Battos, était fils d'un notable théréen et d'une crétoise. Aussi, les origines somme toutes assez simples de Battos, nous montrent qu'une ascendance noble n'était pas forcément privilégiée dans la désignation de l'Oikistès. [...]
[...] Ils risquent la peine de mort et la saisie de leurs biens. En effet, les instances dirigeantes de Théra qui cherchaient à régler un problème social ne pouvaient donc pas se permettre des exceptions. Le serment des fondateurs organise le départ des colons mais également l'arrivée et le droit de cité, nous donnant ainsi des indications sur la répartition des terres lors d'une colonisation, ainsi que les rapports entre colons et indigènes. Ces derniers pouvant être soit hostiles, ou, au contraire, bienveillants à l'arrivée de colons sur leurs terres. [...]
[...] Le Serment des Fondateurs, en rappelant la fondation de la ville de Cyrène, ses modalités de départ et d'installations, ses risques, avait donc pour but de légitimer la citoyenneté des Théréens du IVe siècle en résidence à Cyrène, ou voulant y aller. Ce droit de cité, les Théréens le possédaient traditionnellement depuis la fondation de Cyrène. Mais, il avait dû tomber en désuétude au fil des années. Cependant, ce décret est d'autant plus important, que les Théréens du VIIe siècle, fondateurs de Cyrène, avaient mis sept ans pour s'installer sur les terres libyennes. L'accès à la citoyenneté à Cyrène n'avait donc pas été évidente. [...]
[...] Serment des Fondateurs de Cyrène Entre le VIIIe et le VIe siècle av. J.-C., s'est déroulée en Grèce une grande vague de colonisation. Pendant presque trois cents ans, le monde grec s'est développé et une grande partie de la Méditerranée et de l'Asie mineure a été colonisée. Cependant, le mot colonisation utilisé pour cette vague de déplacement grec ne doit pas nous amener à dire que le seul et unique objectif des grecs était de s'étendre. En effet, les buts de ces colonisations étaient plus variés que le simple désir d'expansion. [...]
[...] Le serment des Fondateurs accorde une bonne place aux modalités de départ des colons pour Cyrène. Ces modalités sont de différentes natures. D'ailleurs, plus que de simples modalités ne s'appliquant que dans ce cas précis, on peut y conclure quelques généralités en ce qui concerne cette vague d'expéditions, notamment le patronage religieux des colonisations et leur ritualisation, ainsi que la désignation d'un chef d'expédition. Mais tout d'abord, le serment en lui-même est ritualisé. La fin fait état d'imprécations prononcées dans le but de sanctionner les transgressions et au contraire de récompenser les Théréens, qu'ils soient colons ou pas, qui ont accepté le serment et qui s'y sont tenus. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture