L'auteur de cet extrait est Ibn Battûta considéré comme le plus grand voyageur de son époque. Il naît à Tanger en 1304, et meurt en 1368 après avoir effectué trente années de pérégrinations du Maroc jusqu'à la Chine à travers un monde islamique déchiré. Le but de son périple est de voir les frontières de l'Islam. En 1332-1333, il se rend à Constantinople, symbole de la culture byzantine.
La Rihla d'Ibn Battûta est une oeuvre essentielle compte tenu de l'immensité des régions visitées. Elle est dictée par Ibn Battûta à Ibn Battûta Jouzay, secrétaire particulier du sultan mérinide Abou Inan à qui cette commande est destinée. L'érudition traditionnelle la considère globalement comme une source fiable même si certains séjours restent discutables. L'extrait étudié provient du tome II des Voyages d'Ibn Battûta et s'intitule Description de la ville, où l'auteur fait un bref récit de plusieurs aspects de Byzance. Concernant Constantinople, il semble que l'auteur s'y soit véritablement rendu, ce qui fait de cet extrait un objet très précieux éclairant certains points sur la ville à cette époque.
[...] Il précise aux lignes 1 et 2 que sur celui-ci se font sentir le flux et le reflux, à la manière de ce qui a lieu dans le fleuve de Salé, ville du Maghreb L'auteur semble dire qu'il a lui-même traversé ce fleuve pour aller d'un côté à l'autre de la ville, et qu'il a donc pu ressentir ce mouvement de l'eau. Par ailleurs, il fait une comparaison avec une image qui lui est familière ainsi qu'à ses lecteurs. Ici, il parle du fleuve Bou regreg, deuxième fleuve du Maroc, qui sépare la ville de Salé au nord et Rabat au sud. Son but est d'être comprit par l'intermédiaire d'images, de choses connues. Il faut quand même préciser que la comparaison semble un peu inappropriée. Ibn Battûta paraît totalement étranger à ce qu'il découvre. [...]
[...] Il faut préciser que des populations multiples vivent à Galata. En effet, de nouveaux arrivants comme les catalans, les provençaux se sont ajoutés aux colons italiens déjà présents depuis longtemps comme les vénitiens et les pisans. L'établissement des génois, que l'auteur mentionne, lui a lieu plus tard et non sans difficulté car ils devaient compter sur l'opposition des italiens déjà puissants à constantinople. Au final, même si l'auteur fait une énumération très brève et incomplète, en oubliant par exemple les grecs et les juifs vivant à Galata, on note une ville très cosmopolite qui englobe des civilisations diverses. [...]
[...] Aussi, la mention de ce pont de pierres supprimé n'est peut-être pas anodine. En effet, cette destruction et apparemment la non nécessité de le reconstruire laissent supposer des tensions entre les deux parties de la ville, et/ou peu d'échanges entre elles. Lignes 4 et 14 : une des deux portions de la ville s'appelle Esthamboûl et quant à la seconde partie de celle-ci, on la nomme Galata Esthamboûl, proche du nom actuel de la ville Istanbul, est une déformation du grec eis ten polin qui signifie à la ville Ibn Battûta a bien su voir que la corne d'or découpe la ville en deux avec à l'ouest Esthamboûl, et de l'autre côté de la rive, Galata. [...]
[...] Cependant, précisons que la population de Constantinople est en déclin à cette époque. Pour donner une idée plus précise, la ville, qui avec les faubourgs, avait approché le million d'habitants, tombe à la fin du XIVème siècle à un peu plus de habitants. Par conséquent même si ces villages englobent, selon Ibn Battûta, une population non négligeable, peut-être y a-t-il un gros écart si l'on compare avec la période précédente ; ou bien ces villages sont effectivement bien peuplés, mais l'auteur ne prend pas en compte la disparition de nombreux quartiers de la ville remplacés par des champs et des vergers, probablement à cause desquels l'auteur parle de villages D'autre part à la ligne Ibn Battûta dit d'Esthamboûl que Ses marchés et ses rues sont larges, et pavés de dalles de pierres L'auteur semble s'être promené dans les rues, il est donc un témoin direct de son récit. [...]
[...] La situation est probablement plus tranquille que l'auteur veut le faire croire. Au final, nous avons deux pouvoirs, l'empereur et le sultan, que l'auteur présente de manière différente et subjective. En effet, il fait un tableau plutôt sombre des relations entre le pouvoir impérial et la population à Galata, et en revanche ne dit rien concernant Esthamboûl, ce qui lui est favorable. Ibn Battûta continue par la suite à avoir un regard subjectif en évoquant de manière assez générale la vie à Byzance. [...]
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