Les études comparatives sont rares. L'absence d'État est le dénominateur commun des différents royaumes, la seule institution étant l'Église. Patrick Geary a parlé de « sociétés sans État », mais ces sociétés ne sont pas dépourvues d'autorités légitimes, à commencer par les rois. Le début du XIIe siècle marque la naissance de l'Etat moderne, même si la Francie occidentale se consolide alors que le royaume oriental est ébranlé par la querelle des Investitures.
Durant ces deux siècles, les rois disposent d'atouts touchant à la sacralisé, les rituels, la mémoire, les insignes, la représentation palatiale, l'association aux communautés religieuses… Les grands cherchent à imiter les rois, sans atteindre cependant la sacralité royale. Au début de notre période, la dynastie carolingienne subit un premier choc même s'il faudra attendre un siècle avec l'avènement de la dynastie capétienne, qui avait déjà fourni trois rois.
La date de 987 apparaît ainsi comme un incident dynastique mineur aux yeux des contemporains. Vers 960, des principautés émergentes font accéder au premier rang de nouveaux princes. Dans la seconde moitié du XIe siècle et au début du XIIe siècle, on assiste à la consolidation des principautés.
Notre sujet invite à explorer les relations entre l'Église et les pouvoirs. L'Église joue un rôle politique primordial puisque ses cadres et ses réseaux sont intimement mêlés à l'Etat. Évêchés et abbayes sont des points d'appui essentiels de la puissance, dans toutes les dimensions : sociale, économique et spirituelle.
[...] Si on écarte le duché de Bourgogne, raccroché à la Francie occidentale dès 843, se distinguent deux entités : le Bourgogne Transjurane et la Provence, auxquelles on peut ajouter la zone intermédiaire du Lyonnais et du Viennois. Deux familles aristocratiques s'affrontent : les Bosonides et les Welfs. Boson, installé par Charles le Chauve en 875 comme duc dans le royaume de Provence exerce un pouvoir centré sur le Viennois. Il profite de la mort de Louis le Bègue, fils de Charles le Chauve, pour obtenir des grands laïques et des évêques de la région, d'être proclamé roi en 879. Une coalition des Carolingiens l'oblige à abandonner Vienne (882). [...]
[...] Les pouvoirs publics s'exercent dans des cadres nouveaux : le comté de Bourgogne, développé à partir de 982 par l'action d'Otte-Guillaume ; le comté de Savoie, rassemblé par Humbert Ier ; le Viennois, où Guigues d'Albon prend le titre de comte vers 1034/5. Dans les années 995-999, Rodolphe III a affronté sa haute aristocratie, notamment le puissant Otte-Guillaume, pour tenter d'éradiquer l'hérédité des honores. Mais l'intégration du royaume à l'Empire, en éloignant la Bourgogne et la Provence de toute autorité royale, précipite la recomposition des pouvoirs au sein de principautés concurrentes. [...]
[...] Les échanges entre laïques et églises sont envisagés dans leur diversité : la circulation de la terre, les conflits, les demandes de prières, l'entretien de la mémoire lignagère. Bibliographie avec sources et iconographie. Les royaumes au tournant de 888 Les royaumes de 888 sont un héritage du traité de Verdun de 843, lorsque les fils de Louis le Pieu : Charles, Lothaire et Louis se partagent l'Empire. La Francie occidentale et la Francie orientale restent individualisées en 888, alors que la partie médiane a subi des partages successifs. [...]
[...] En Bourgogne, les souverains germaniques accordent leur protection à certains monastères : Montmajour, Payerne et jouent un rôle d'arbitres entre les Rodolphiens et leur aristocratie. L'annexion du royaume bourguignon est envisagée lorsqu'il s'avère que Rodolphe III n'aura pas d'héritier. L'empereur Henri II, petit-fils par sa mère de Conrad de Bourgogne, se fait reconnaître par Rodolphe III, au cours de deux rencontres en 1016 et 1018. Mais une partie de l'aristocratie de Transjurane refuse l'absorption de la Bourgogne dans l'Empire. En 1024, la mort d'Henri II remet tout en question. [...]
[...] "Pouvoirs, Église et société dans les royaumes de France, de Bourgogne et de Germanie - de 888 aux premières années du XIIe siècle", Buch Holzer- Rémy, Carraz et Lemesle - analyse du chapitre I Comment aborder la question ? Première approche Les études comparatives sont rares. L'absence d'Etat est le dénominateur commun des différents royaumes, la seule institution étant l'Église. Patrick Geary a parlé de sociétés sans Etat mais ces sociétés ne sont pas dépourvues d'autorités légitimes, à commencer par les rois. [...]
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