Il est difficile d'opérer une comparaison de trois espaces avec chacun une historiographie différente. Pour les historiens de la Germanie, pas de véritable césure en 888 ou en 919 mais plutôt dans la seconde moitié du XIe siècle avec développement de la réforme grégorienne et élection du premier roi saxon. De plus les historiens allemands sont plus intéressés par un pouvoir souverain alors que les Français sont plus intéressés par la seigneurie et les pouvoirs locaux. Certaines questions concernent cependant tous les espaces, comme la question de l'Etat. Toutefois toute réflexion sur le pouvoir ne doit pas se rapporter systématiquement à l'Etat mais à la domination (Heerschaft) et au pouvoir (Macht). Chez les historiens allemands, il existe une démonstration de formes particulières d' « étaticité » (Staatlichkeit), décrivant tout Etat du haut Moyen Age comme communauté de dominants (Heerschaftsverband) incluant le roi et l'aristocratie. Il est intéressant de noter le rôle mineur des institutions et du territoire dans ce cadre et le caractère peu territorialisé du pouvoir dans le haut Moyen Âge : il s'agit surtout de réseaux de relations personnelles comme fondement du pouvoir royal (H. Keller).
La seconde question que l'on peut se poser concerne le rôle que joue l'Eglise dans ce système, et pas seulement dans forme institutionnelle. Tout pouvoir plonge ses racines dans le sacré au haut Moyen Age : les aristocrates fondent leur domination sur le caractère illustre de leurs ancêtres par la construction de monastères familiaux et de reliques. Or le mouvement de la réforme cherche avant tout à dénier aux laïcs toute prétention à contrôler ou manipuler le sacré. De plus les clercs sont les seuls et uniques producteurs de textes servant à définir et manifester l'idéologie du pouvoir, c'est pourquoi il ne faut pas voir dans le mouvement anti-grégorien un mouvement laïc car les hommes de la société tout entière sont inclus dans la sphère ecclésiale.
Autres questions annexes : qu'est-ce qu'une « principauté » ? En quoi le « duché ethnique » du monde germanique diffère-t-il du duché qu'on trouve en France ? En quels lieux s'exerce le pouvoir royal ? Comment s'articule le pouvoir du pape sur les monastères ?
[...] Chapelle et chancellerie se recouvrent. Souvent la chapelle royale est un sas pour devenir par la suite évêque. (Surtout à partir de la fin du Xème siècle) Sous Otton III, Henri II et Conrad II, la moitié des sièges épiscopaux vacants ont été donnés à des chapelains (Fleckenstein ; Zielinski). La famille royale elle-même fournit beaucoup d'évêques (cf. Brunon de Cologne, frère d'Otton Ier). Ensemble de ce système appelé Rechskirchensystem (système de l'Église impériale) : renforcement du pouvoir de l'Église par les Ottoniens pour contrebalancer le pouvoir des grands. [...]
[...] Hugues le Grand est dès lors plus ou moins contraint de se soumettre au roi, qui meurt dans un accident en 954. C'est son fils Lothaire qui est élu et couronné sans opposition, à l'âge de treize ans. Hugues le Grand cherche à monnayer son soutien, mais meurt en 956 et laisse ses trois fils fort jeunes, peu capables d'exercer la réalité du pouvoir. Une stabilité relative persiste jusqu'à la mort d'Otton Ier en 973, l'oncle de Lothaire. Lothaire se contente alors de coups de main, notamment pour affaiblir son cousin Hugues Capet. [...]
[...] À la fin de sa vie, Adélaïde retourne en Bourgogne pour y faire un pèlerinage et marquer un attachement à l'idéal monastique dans une expression clunisienne. Odilon de Cluny lui en sera reconnaissant puisqu'il écrit un Epitaphium à sa mémoire qui fera beaucoup pour sa fama sanctitatis. Les valeurs du sacre : Les Capétiens sont dans une position d'infériorité à propos de la sacralité du pouvoir, en raison de leur réputation d'usurpateurs. La chose carolingienne a été totalement récupérée par l'empire, reste Reims et la Sainte Ampoule venue du ciel. [...]
[...] Le royaume bosonide date de la révolte de Boson de 879 pour s'emparer de la couronne. Le royaume ne se met cependant vraiment en place qu'avec son fils, Louis. Boson avait profité de la faible légitimité de la descendance de Louis le Bègue en 879 pour tenter de devenir roi de Francie occidentale. Il réunit une assemblée d'évêques et de grands et se fait attribuer la couronne. Mais tous les souverains carolingiens de l'époque, révoltés par l'idée qu'un non-Carolingien puisse prétendre à la couronne, s'allièrent pour le combattre et assiégèrent Vienne où il se trouvait : sous les murs de la ville, ils se prêtèrent serment de se léguer leurs héritages pour que nul ne puisse contester le droit des Carolingiens à exercer le pouvoir royal. [...]
[...] N'est adopté en France qu'au milieu du XIe siècle en même temps que les papes Nicolas II et Alexandre II. Justification théologique, le Lévitique mais aussi justification sociale par saint Augustin, qui voit que l'endogamie réduit les liens de la vie sociale. Également argument de la dégénerescence physiologique, déjà présente dans le Lévitique. On condamne par exemple le remariage entre Robert le Pieux et Berthe, qui donnent naissance à un enfant mal formé. Lorsque Urbain II excommunie Philippe Ier au concile de Clermont en 1095, il le fait en raison de son remariage avec sa cousine Bertrade de Montfort, épouse du comte d'Anjou : excommunication tout sauf politique puisqu'elle empêche Philippe Ier de participer à la croisade. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture