Sciences humaines et arts, Pierres tombales médiévales, Sculptures de l'au-delà, Xavier Dectot, monument rétrospectif, monument funéraire, mausolée
Les monuments funéraires antiques ont profondément influencé ceux des périodes postérieures. La pratique de l'enterrement ad sanctos, le plus près possible du corps d'un saint, se développe. Pour les plus puissants, la sépulture privilégiée reste le mausolée, un bâtiment le plus souvent de plan centré destiné à abriter le corps du défunt (mais ces rotondes funéraires sont désormais adjacentes à un lieu de culte. Par exemple : le mausolée de sainte Constance à Rome). Le seul traitement des corps est alors l'inhumation ; se pose alors le problème de la visibilité du monument funéraire (sarcophages enterrés dont le décor n'est pas nécessairement christianisé. Par exemple : le sarcophage de sainte Hélène orné de scènes de combats).
[...] Les puissants cherchent à ce que leur sépulture soit placée en un point de passage, le plus visible et le plus central possible. Dans les cathédrales, alors que les tombes y étaient originellement réservées aux seuls évêques, les plus puissants des laïcs parviennent à obtenir ce privilège. Par exemple : à Las Huelgas de Burgos, le cimetière de la famille royale de Castille (installé vers 1250) occupe les trois vaisseaux de la nef. La grande commande de Saint Denis, vers 1260, affirme le triomphe du gisant. [...]
[...] Cependant l'augmentation du nombre de monuments funéraires à l'intérieur des édifices pose rapidement un problème de place. La solution va être l'établissement de chapelles latérales de part et d'autre de la nef. Les monuments sont alors de moindre ampleur, moins demandeurs en matériaux et en espace (dalle funéraire). Peu à peu apparaissent des ateliers spécialisés qui imposent donc une certaine standardisation de la production. Les membres des familles puissantes et les détenteurs du pouvoir religieux cherchent autant que possible à se démarquer de la masse avec des gisants plus riches et plus monumentaux. [...]
[...] -1150-1250 : naissance du monument funéraire : Au milieu du XIIe siècle, la conception du chevet de l'abbatiale de Saint Denis marque un bouleversement dans la conception des arts monumentaux (rôle central dévolu à la sculpture monumentale). Un second phénomène vient marquer cette période : le processus de théorisation d'un lieu intermédiaire entre Enfer et Paradis où les âmes se purgent de leurs péchés en attendant le jour du Jugement. Après 1150, l'on voit se développer de véritables ensembles funéraires destinés à commémorer une dynastie (tombes destinées à former un ensemble). [...]
[...] C'est la formule retenue pour les tombes de Philibert de Savoie et Marguerite d'Autriche à Brou. La fin du Moyen Age voit le développement de tombeaux de plus en plus grands ; notamment pour les commanditaires puissants. Le tombeau de Philippe Pot tient une place particulière par la force qu'il donne à la figure de pleurant, désormais figuré grandeur nature. Deux dimensions semblent essentielles à la compréhension de l'évolution formelle de la sculpture funéraire : l'évolution de la conception religieuse de l'au-delà et la transformation des structures familiales (nécessité de se situer dans une généalogie, mettre en avant les traces terrestres de ses ancêtres). [...]
[...] Par exemple : le sarcophage de saint Martin de Dume : le saint y est représenté dans une mandorle enlevé par deux anges (motif qui rappelle l'imago clipeata antique). D'autres monuments se concentrent sur des scènes bibliques, glorifiant la Création et le Salut de l'homme. Peu à peu, l'on passe d'une époque où le souvenir du défunt ne se célébrait que par une épitaphe à des temps nouveaux dans lesquels le défunt n'existe que par son monument visible. Par exemple : le tombeau de l'abbé Isarn à Saint Victor de Marseille(fin XIe) constitue un cas intermédiaire associant épitaphe et figure du défunt. [...]
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