La péninsule ibérique et le monde, des années 1470 aux années 1640, Introduction et Chapitre 1 - Guillaume Hanotin (2013)

Thèmes abordés

La péninsule Ibérique et le monde, des années 1470 aux années 1640, Europe, Grandes découvertes, oekoumène, Guillaume Hanotin, 2013, Christophe Colomb

Résumé du document

Le XVIe siècle est marqué par la dilatation de l'œkoumène des Européens désignée par l'expression de « Grandes Découvertes ». Le rôle essentiel des navigateurs portugais et espagnols est mis en évidence par un récit souvent eurocentré :
- doublement du cap de Bonne-Espérance par Bartholomé Dias en 1488.
- voyage de Christophe Colomb en 1492.
- entrée de Vasco Núñes de Balboa dans le Pacifique en 1513.

Désormais, les chercheurs s'intéressent aux échanges, aux implications de cette ouverture au monde. Serge Gruzinski a mis en évidence une « mondialisation ibérique », c'est-à-dire un développement considérable des circulations entre les « quatre parties du monde » : Afrique/ Amérique/ Asie/ Europe. Charles Quint incarne cette mondialisation en régnant sur un empire sur lequel « le soleil ne se couche jamais ».

Extraits

[...] À plusieurs reprises, la cour de Lisbonne se divise au sujet de l'empire. Dans les années 1530 se pose la question de savoir s'il faut s'attacher à conserver les comptoirs d'Afrique, ceux d'Asie ou le Brésil. Dans les années 1620 puis 1640, le dilemme est de trancher entre l'océan Atlantique et l'océan Indien. L'adhésion au catholicisme est un élément fédérateur : la circulation des hommes d'Église et des reliques contribuent à relier les quatre parties du monde Après le martyre des franciscains au Japon, des toiles sur le sujet sont réalisées à Macao, les reliques traversent les océans en 1598 pour rejoindre Mexico puis l'Europe. [...]

[...] Les Européens provoquent un désastre sanitaire : la population américaine est plus vulnérable aux maladies importées par les Européens. Les virus tuent plus que les guerres et l'esclavage. À Hispaniola, la population indienne passe de hommes à entre 1492 et 1514. L'idée que les Amérindiens auraient assimilé les Européens à des dieux est à nuancer fortement. Elle repose sur quelques sources souvent postérieures à la conquête. Certains chroniqueurs franciscains comme Motolina ont tenté de montrer que la conquête était providentielle et insisté sur l'idolâtrie des indigènes. De plus, les résistances se maintiennent très tard. [...]

[...] L'ordre du Christ reste un des principaux soutiens de la politique ultramarine des rois portugais. Les exactions de la Reconquista (1481-1492) se retrouvent plus tard aux Amériques. Autre point commun, la volonté d'étendre le catholicisme constitue un socle idéologique. b. La première expansion portugaise Au Portugal, les musulmans ont été expulsés du royaume lors de la prise de Faro en Algarve, en 1249. Ils se tournent d'abord vers l'Afrique du Nord, aux terres considérées comme chrétiennes jusqu'au Ve siècle. Au cours du XIXe siècle, les rois portugais demandent à cinq reprises, sans succès, une bulle pontificale pour conquérir le Maroc. [...]

[...] Dès les années 1470, les monarques se tournent vers elle, en opposition à la grande noblesse. Le contrôle de l'aristocratie passe par la mise en place du système du majorat en Espagne comme au Portugal. Un majorat est un ensemble de terres et de biens, inaliénables, que certains lignages peuvent établir avec l'autorisation du roi et qui ne sont transmis qu'à un héritier principal. Cela rompt avec la tradition d'un partage égalitaire et incite les cadets sans-terre à participer à l'aventure outre-mer, d'autant plus que la Reconquista prend fin. [...]

[...] Elle est reconnue par les deux souverains. Les Espagnols ne renoncent pas à une présence en Asie. En 1515, João Dias de Solis cherche un passage depuis l'Atlantique vers la mer du Sud (découvert par Núñes de Balboa) et meurt en explorant le Rio de la Plata. Charles Quint autorise Magellan à préparer un tour du monde. Le but était d'atteindre les Moluques pour les rattacher à la sphère d'influence espagnole. L'expédition est financée par la couronne espagnole et le marchand Cristobal de Haro et quitte San Lucar de Barrameda le 20 septembre 1519. [...]