Au cours du Moyen Age, et plus spécialement du IXe au XIe siècle, le vol de reliques, c'est-à-dire des restes des saints, tint une place importante dans la vie de la société. En effet, à cette époque, le culte des saints avait pris une telle ampleur que la présence de reliques dans certaines villes leur conférait une réelle importance. A l'origine, les reliques des premiers martyrs chrétiens étaient les plus prisées. Un certain commerce s'était même mis en place, les moines n'hésitant pas à se procurer les corps de ces saints par achat ou par vol. Mais avec le temps et la demande croissante, les célèbres reliques de l'Antiquité vinrent à manquer. Le «commerce» des saints prit alors de l'ampleur, le culte des reliques concernant désormais même les moins connus. Le vol des reliques devint une tradition, du fait notamment des récits de translatio, qui, en racontant la manière dont elles avaient été dérobées – le plus souvent après maintes péripéties, leur conférait une valeur supplémentaire. Mais ces sources hagiographiques étant peu nombreuses et peu fiables, il est difficile de connaître la réalité de ces furta sacra - ce qui signifie, d'après l'éthymologie médiévale accréditée par Isidore de Séville, de ces « appropriations clandestines du bien d'autrui, ainsi nommées d'après le mot furvo, c'est-à-dire sombre, parce qu'elles se font dans l'obscurité ».
Toutefois, cet ouvrage se propose moins de discuter la véracité des récits ou les justifications des voleurs que d'étudier « les contextes culturels et sociaux dans lesquels ces vols acquirent leur signification » et qui « donnèrent aux reliques leur fonction symbolique », ainsi que la « mentalité qui faisait du récit du vol l'équivalent d'une « histoire » de passage d'une ancienne communauté à une nouvelle ».
[...] Mais avec le temps et la demande croissante, les célèbres reliques de l'Antiquité vinrent à manquer. Le «commerce» des saints prit alors de l'ampleur, le culte des reliques concernant désormais même les moins connus. Le vol des reliques devint une tradition, du fait notamment des récits de translatio, qui, en racontant la manière dont elles avaient été dérobées le plus souvent après maintes péripéties, leur conférait une valeur supplémentaire. Mais ces sources hagiographiques étant peu nombreuses et peu fiables, il est difficile de connaître la réalité de ces furta sacra - ce qui signifie, d'après l'étymologie médiévale accréditée par Isidore de Séville, de ces appropriations clandestines du bien d'autrui, ainsi nommées d'après le mot furvo, c'est-à-dire sombre, parce qu'elles se font dans l'obscurité Toutefois, cet ouvrage se propose moins de discuter la véracité des récits ou les justifications des voleurs que d'étudier les contextes culturels et sociaux dans lesquels ces vols acquirent leur signification et qui donnèrent aux reliques leur fonction symbolique ainsi que la mentalité qui faisait du récit du vol l'équivalent d'une histoire de passage d'une ancienne communauté à une nouvelle II. [...]
[...] Enfin, les translations appartenant désormais à une tradition religieuse, elles ne pouvaient que valoriser les reliques . A partir des récits d'Einhard sur le voleur Deusdona se forma une véritable tradition littéraire hagiographique insistant sur les aventures romancées des voleurs de reliques durant leurs périples. Ces translationes étant très populaires, elles jouèrent un rôle fondamental dans la mémoire communautaire entourant les reliques et forgeant l'identité de celles-ci. Conclusions Diverses causes paraissent donc expliquer le vol des reliques : augmentation de la population et donc du besoin, tendance à concrétiser le possible, rôle protecteur des saints face aux contextes de troubles (notamment politiques), concurrence entre monastères, prestige collectif dû à la possession de reliques (spécialement les reliques volées), canalisation de la dévotion populaire, aspects économiques. [...]
[...] Paradoxalement, le fait de voler des reliques ne contredisait pas la morale des chrétiens de l'époque peut-être du fait de ces justifications, la principale demeurant la prise en compte de la volonté du saint. Mais une fois acquises, ces mêmes reliques étaient pieusement gardées contre d'éventuels voleurs, ceux-ci ayant les mêmes justifications III Conclusion Cet ouvrage clair et précis nous brosse un portrait détaillé de la société médiévale européenne du IXe au XIe siècle, et plus spécialement de ses pratiques religieuses. [...]
[...] Ayant une clientèle plutôt aisée l'élite de la société de l'époque, ces voleurs de reliques visaient en partie l'enrichissement personnel. Les vols monastiques En Europe transalpine, les monastères ruraux ne disposaient que de peu de ressources, ce qui peut expliquer leur besoin de saints. Ces derniers assuraient effectivement la protection de la région, mais ils permettaient surtout de rétablir ou d'affermir le prestige des monastères où reposaient leurs reliques, les faisant ainsi survivre en luttant contre l'oubli. D'autre part, la concurrence entre monastères à propos de ces reliques était rude, chacun étant persuadé détenir le corps de tel ou tel saint, ce qui n'était pas toujours le cas. [...]
[...] Dans ces deux cas, les voleurs étaient des marchands et non des religieux - agissant principalement pour la cause de leur ville. Justifications Désapprouvées -voire interdites- par le code théodosien puis par Grégoire de Tours, les translations de reliques n'en prirent pas moins leur essor à partir du VIIIe siècle, ce qui obligea les Carolingiens à les réglementer. La majorité de ces acquisitions demeurant illégales, il fallut alors que leurs auteurs et les hagiographes reprenant le récit de ces vols expliquent, justifient et légitiment leurs actes. Outre la vénération des reliques, quatre principaux motifs étaient invoqués. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture