Aux origines de la nation française : mythes et réalités d'après l'ouvrage de Colette Beaune, "Naissance de la Nation France"

Résumé du document

Normalienne et agrégée d'histoire, Colette Beaune est une spécialiste du bas Moyen-âge, et s'intéresse particulièrement à l'histoire des représentations. Le livre que nous étudions -"Naissance de la Nation France"- constitue une référence dans son domaine, comme celui, plus récent, sur Jeanne d'Arc.

"Naissance de la Nation France" est fondamentalement un livre sur l'imaginaire politique de la France médiévale à travers l'étude précise et systématique des grands mythes de la nation France. C. Beaune nous propose ici la réalité de la France par la signification, l'emploi et la glorification de ses mythes. Pour autant, le livre n'est pas qu'un amalgame de mythes interprétés : il est aussi un tableau de leur résonance et de leur place dans la construction de la Nation française. En effet, le but du livre est de faire surgir le mot "nation" et sa réalité par les mythes fondateurs. La naissance de la nation France remonte ainsi à la chute de Troie ... S'il y a des racines païennes (Troie et la loi salique), notons que l'imaginaire de la nation est un imaginaire religieux chrétien. C'est donc un ouvrage portant sur le récit des origines nationales, sur l'identité d'une France favorable à la monarchie, et de la naissance de la nation inscrite dans le temps. Avec C. Beaune, on comprend également qu'il n'y a pas une France mais "des" France.

Extraits

[...] Réalité et mythe vont donc de pair ; le mythe n'a d'existence que par une réalité et la réalité créée ne trouve de résonance que par le mythe. Mythe donc réalité C'est justement en s'éloignant de ce que serait la pure réalité que les mythes ont été utilisés pour la naissance de la nation France. Mais ce fut pour créer la réalité de la France que l'on rêvait. Les mythes ont donc en effet accouché de la Nation France. Bibliographie BEAUNE Colette, Naissance de la Nation France, Paris, Gallimard p. [...]

[...] En 1435 et 1450, elle permet de trouver une justification utile aux problèmes de succession de 1314 et 1328. C. Beaune établit le passage au rang de mythe en 1500. La loi salique devient bien le mythe de la première loi française : Loi juste, sainte, inviolable, bonne pour le roi et le royaume La nation se crée par un mythe d'un autre ordre que ceux attachés à des ancêtres glorieux, des exploits chevaleresques, des combats. Elle passe dans l'ordre du droit, ce qui lui confère une légitimité tout autre. [...]

[...] Compte rendu critique Aux origines de la nation française : Mythes et réalités Introduction * Colette Beaune : Normalienne et agrégée d'histoire, Colette Beaune est une spécialiste du bas Moyen-âge et s'intéresse particulièrement à l'histoire des représentations. Le livre que nous étudions -Naissance de la Nation France- constitue une référence dans son domaine, comme celui plus récent sur Jeanne d'Arc. * l'imaginaire médiéval et monarchique vu au travers d'un éclairage historique Naissance de la Nation France est fondamentalement un livre sur l'imaginaire politique de la France médiévale à travers l'étude précise et systématique des grands mythes de la nation France. [...]

[...] Ce mythe prend part dans la naissance de la nation puisque la spécificité nationale de la nation . [est] souvent le seul aspect de l'identité nationale auquel on pense On le voit bien par la prière qui est une pratique et vérifie donc sa définition : elle est en effet le moyen de diffuser la conscience d'une unité nationale. On prie pour soi, pour le royaume et surtout pour le roi, et à travers tous, pour la nation chrétienne. Il y a un lien invisible dans cet enchaînement de telle sorte qu' une sorte d'espace de prières tend[e] à se créer à l'intérieur des limites du royaume (p78). [...]

[...] Saint Denis lie la France fondamentalement au christianisme et confère à la nation un caractère vénérable, et très chrétien Il est donc normal que l'abbaye de Saint- Denis soit le sanctuaire de l'imaginaire national. Mais une fois conquise par les Anglais, l'abbaye condamne la figure de saint Denis ; son rôle s'achève là dans la construction de la nation. Saint Denis a assez servi ; quand le mythe ne peut plus servir, on en construit un autre Saint Louis : il a un rôle important même si c'est plus tard qu'il prendra sa dimension la plus significative (à partir de l'époque moderne). [...]