De 1041 à 1059, le comté de Barcelone est en proie à des luttes exacerbées. Pendant toute la période s'y développe une révolte qui, sous la direction d'un puissant magnat, Mir Géribert, soulève une grande partie de l'aristocratie contre le comte Reimond Béranger Ier et met en jeu jusqu'au principe même de l'autorité publique.
Mais il convient bien de voir qu'il ne s'agit pas là d'un phénomène isolé. À des degrés divers, tous les comtés catalans sont, vers la même époque, secoués de violentes secousses. Les conflits offrent aux lignages nobiliaires le prétexte idéal de rejeter toute tutelle et d'affirmer par les armes leur propre indépendance. Le comté d'Urgel n'est pas non plus épargné, où la documentation énumère meurtres, incendies de moissons et dévastations de toutes sortes. Dans ce climat de violence extrême, les paysans sont les victimes désignées.
Le texte que nous devons étudier est un extrait de l'Arxiu Capitular de Urgell, il date des années 1041-1075, et fût écrit par l'évêque Guillem Guilfred, évêque d'Urgel. Cet extrait nous présente une seigneurie de l'évêque d'Urgel en Catalogne, celle-ci est la châtellenie de Sanahuja se situant dans la province de Lleida, dans le canton de Solsona. Ce texte énumère les revenus de l'évêque dans sa seigneurie de Sanahuja c'est-à-dire les charges banales et les exactions, mais il nous montre également le fonctionnement du régime seigneurial dans cette châtellenie.
[...] Les cabalers constituent les chevilles ouvrières de la seigneurie banale. B : Le partage des profits Le nombre des profiteurs du ban n'a cessé de croître, à mesure que les progrès agricoles créaient davantage de surplus, à mesure aussi que s'étendaient les exactions : Un système complexe de répartition : la répartition tripartite Pour sauvegarder et accroître leur puissance, les grands sont amenés à recruter des fidèles et ceux-ci sont naturellement récompensés par la concession de revenus assis sur les châtellenies qu'ils s'engagent à protéger. [...]
[...] Beaucoup de ceux-ci dérivent clairement des anciennes obligations publiques qui pesaient sur les hommes libres. Ainsi en est-il du devoir de porter des messages du châtelain partout où celui-ci l'exige. Il en va de même pour les tragias, services de transport que les propriétaires d'ânes ou de mulets doivent effectuer gratuitement pour le compte du seigneur et à sa seule requête. Lignes 13 à 16 : Et les paysans de Sanahuja qui travaillent avec un attelage doivent donner à l'évêque un setier d'avoine et une gerbe, ceux qui possèdent à plusieurs un attelage une émine d'avoine et une gerbe, et ceux qui travaillent à la houe un quarter d'avoine et une gerbe Les nouvelles corvées de type banal ne sont dues que par les paysans propriétaires d'attelages. [...]
[...] Il est plus simple de se les faire livrer au château. Le receptum devient alors une redevance en nature. Parfois livré à discrétion, comme ici à Sanahuja, où le seigneur du château peut exiger à tout moment, de chaque chef de famille, bois, légumes, fromages et œufs : Les prestations de caractère paramilitaire Lignes 8 à 9 : Et que les bayles des seigneurs fassent apprécier le service de ceux qui doivent faire l'ost avec des ânes et tout autre équipement Si les paysans sont de moins en moins requis de participer en armes aux expéditions guerrières, le service d'ost ne continue pas moins de peser sur eux. [...]
[...] A : Agents et méthodes de l'oppression seigneuriale La plupart des seigneurs ne gouvernent pas directement leurs châtellenies. Ils utilisent les bayles et les castlans qui sont les véritables maîtres du pouvoir : L'exploitation de la seigneurie : les bayles Aux lignes et 22, Guillem Guilfred parle de bayle Le bayle est un agent domanial chargé particulièrement de surveiller le versement régulier des cens dus par les tenanciers. Le procédé de l'inféodation les multiplie au sein de chaque châtellenie, chacun des détenteurs du ban se voyant contraint de se faire représenter sur place par un homme de confiance. [...]
[...] On conçoit l'attachement ainsi porté à ce droit : il place le châtelain en position de force vis-à-vis des paysans qu'il fait appeler, souvent contre leur gré, devant son tribunal. Les arrhes perçues, il peut déterminer en toute quiétude le montant des placitos qu'il impose. Celui-ci varie selon les causes jugées. Très tôt l'habitude est prise de distinguer entre placitos minores et maximos. Les premiers sont constitués par les amendes simples, infligés par le seigneur à ceux de ses administrés qu'il juge coupables de mauvaise conduite Ils relèvent du droit de correction. Les plaids majeurs sont, au contraire, ceux qui impliquent la confiscation des biens du condamné. [...]
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