Monastère de Gorze, monastère de St-Evremonastère de St-Maximin, John Nightingale, abbés laïcs
Ce livre porte sur le rôle social et politique des monastères au Haut Moyen-Âge, et plus particulièrement sur les relations entre les monastères et la noblesse en Lotharingie avant et après la vague de réformes monastiques des années 930. L'histoire de ces réformes a déjà été faite, mais le but de cette étude est d'ancrer ces réformes dans une histoire plus vaste. La continuité et la stabilité des liens tissés entre les monastères et le monde aristocratique aux IXe et Xe siècles permettent de comprendre comment les communautés monastiques ont survécu et prospéré malgré les destructions liées aux invasions normandes et hongroises et malgré la perte d'une partie de leurs terres.
Cette étude se fonde sur trois études de cas : le monastère de Gorze, celui de St-Evre (et Bouxières-aux-Dames) et celui de St-Maximin.
[...] La communauté avant la réforme de 933 934 La deuxième moitié du IXe et le Xe voient le remplacement des abbés réguliers par des prieurs sous les ordres d'abbés laïcs ou d'évêques de Metz et l'apparition d'un partage des revenus entre abbé ou seigneur d'une part et les moines d'autre part. Cependant, cette évolution n'est pas forcément synonyme d'effondrement de la communauté et de descente vers l'illettrisme et la pauvreté. L'apparition d'abbés laïcs utilisant leur dotation à des fins militaires peut être vue comme un développement inévitable dans les circonstances tourmentées de cette époque, mais un développement qui n'a pas forcément mis en danger la communauté religieuse. Les dons faits à l'abbaye ne sont pas nettement séparés entre part de l'abbé et part de moines. [...]
[...] - Il faut inscrire ces refondations d'abbayes dans le contexte d'une série de tentatives avortées de réforme. - Il y a toujours contradiction entre les idéaux monastiques et le fonctionnement réel de monastères qui ont inévitablement des liens avec le monde. Les abbayes existaient parce qu'elles satisfaisaient les besoins matériels et spirituels de la noblesse. Cet écart entre l'idéal et la pratique, la tension persistante entre besoins spirituels et pressions matérielles, a persisté après la réforme. Pour ces raisons, ce livre peut en partie être lu comme une réponse aux sources de la réforme et aux comptes rendus modernes qu'elles ont générés Ces sources opposent toujours la décadence préexistante à la réforme salvatrice, et John Nightingale estime qu'il ne faut pas les prendre au pied de la lettre. [...]
[...] Par exemple, il fut difficile pour les moines de Gorze de récupérer Varangéville après la mort du comte Boson (895 935, petit-fils de Bivin, fils de Richard II le Justicier roi de Bourgogne). Tertio, les Bosonides avaient des liens forts avec l'abbaye qui dépassaient les accords fonciers. Par exemple, l'abbé Lodovin qui autorisa Bivin II à construire une chapelle sur sa terre de Doncourt était son cousin. Les accords de precaria entre les Bosonides et Gorze ont souvent été interprétés comme des usurpations violentes appuyées sur des intimidations armées. Pourtant, elles n'étaient pas forcément au détriment des moines. [...]
[...] - Les annexes comprennent une carte de la Lotharingie (évêchés et monastères) vers 930, une liste des témoins des chartes de Gorze, des listes des moines de Gorze et de St-Maximin avant la réforme, des arbres généalogiques les bosonides et les descendants de Bivin II les Wigerici : Adalbéron de Metz et sa famille les alliances de mariage entre les Liudolfiens, les Reginars, les Matfridings, les Wigerici et la famille de Dadon de Verdun les Folmars une liste d'abréviations utilisées pour les sources pages), un index et une bibliographie Résumé Le rôle des monastères dans la structuration des familles La notion de famille et de parenté (kindred) est problématique pour John Nightingale, parce que l'étiquette donnée à une famille nous fait imaginer une identité claire et polarisée. Or son étude des liens entre certains couples mariés et les abbayes montre que les individus avaient une large marge de manœuvre et utilisaient plusieurs réseaux complémentaires (par ex, les liens de voisinage). Il estime que les liens avec les monastères permettent de mieux comprendre ce qui unifie une famille. Les monastères ont servi à structurer ces familles, en servant de point nodal. [...]
[...] Ainsi, les enfants de Bivin (Boson de Vienne, la reine Richild, épouse de Charles le Chauve et Bivin II) ont détenu des terres de Gorze. Leurs intérêts convergents liés aux terres de Gorze ont contribué à unifier cette famille. Comment réussirent-ils à acquérir et à garder ces terres malgré le contrôle des évêques de Metz, leurs rivaux, sur l'abbaye ? John Nightingale identifie trois raisons. Primo, le contexte politique des années de restauration de 863 était favorable aux Bosonides. Par exemple, le mariage de Richild avec Charles le Chauve, soutenu par Advence, évêque de Metz, a probablement facilité les transactions de Richild avec l'abbaye. [...]
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