"Hérésie et inquisition" est le huitième volume de la collection « Les médiévistes français ». Il se compose des plus remarquables articles de Jean-Louis Biget, publiés en 1985 et 2003. Une synthèse générale les précède pour mettre en évidence les thèses principales de l'ouvrage. L'auteur, Jean-Louis Biget, est un médiéviste spécialiste de l'histoire du Languedoc médiéval dont les nombreux travaux sur l'hérésie languedocienne et sur l'inquisition sont des références.
À la suite de Jean Duvernoy, Michel Roquebert ou Anne Brenon, Jean-Louis Biget entreprend ici de renouveler la vision habituellement répandue des dissidences dans le midi de la France en ayant à cœur d'éviter les partis pris idéologiques. Conséquemment, il s'attache à déconstruire minutieusement, par une relecture des sources, les mythes initiés par les clercs, puis repris, pour diverses raisons, par beaucoup d'historiens.
Ainsi, nous pouvons nous demander quels sont les apports entre hérésie et inquisition dans le midi de la France.
[...] Là encore l'idée d'un lien étroit entre dissidence et Orient est donc fausse. Elle relève d'une construction des clercs, incapables de chercher la source de leurs maux à l'intérieur même de leur système, si bien élaborée qu'elle abusa très longtemps les historiens. Longtemps le concile de Saint-Félix (1167) fût considéré fiable pour accréditer cette thèse des racines gréco-bulgares des hérésies (influence des bogomiles), mais les travaux de Biget tendent à montrer qu'il n'en est rien : le phénomène est de nature endogène et les origines prétendument orientales des dissidences (émises d'abord par Michel Zimmermann) ne sont qu'un habillage idéologique. [...]
[...] Le caractère populaire de l'hérésie mis en avant par les Cisterciens est donc un mythe. Par ailleurs, il n'existe pas de Contre-église unifiée, mais des petits groupes indépendants. Le principe même d'une institution unitaire serait contraire à la logique des dissidents où la dimension mystique se greffe sur l'autonomie religieuse locale. D'autant que leur culte est simple et que leur organisation institutionnelle est souple et adaptable (en conformité avec leur propos évangélique et en adéquation avec l'obligation de la clandestinité) : les biens matériels comme les édifices ou les biens mobiliers sont inutiles. [...]
[...] D'où le très faible attrait (formule euphémique) du monde visible pour les dualistes. Contrairement aux écrits des clercs, le dualisme n'est pas la cause, mais la conséquence de l'hostilité des dissidents à l'Eglise. D'un évangélisme initial, les bons hommes sont passés à l'anticléricalisme qui les a amenés, suite à l'opposition des clercs, au dualisme. Le dualisme n'est donc pas une rupture brutale, mais l'aboutissement d'un processus dont le commencement est à chercher à l'intérieur même de l'Eglise. Ce discours rationnel est extrêmement dangereux pour l'Eglise puisqu'il menace ses fondements. [...]
[...] Jean-Louis Biget, "Hérésie et inquisition" Hérésie et inquisition est le huitième volume de la collection Les Médiévistes français. Il se compose des plus remarquables articles de Jean-Louis Biget, publiés en 1985 et 2003. Une synthèse générale les précède pour mettre en évidence les thèses principales de l'ouvrage. L'auteur, Jean-Louis Biget, est un médiéviste spécialiste de l'histoire du Languedoc médiéval dont les nombreux travaux sur l'hérésie languedocienne et sur l'inquisition sont des références. À la suite de Jean Duvernoy, Michel Roquebert ou Anne Brenon, Jean- Louis Biget entreprend ici de renouveler la vision habituellement répandue des dissidences dans le midi de la France, ayant à cœur d'éviter les partis pris idéologiques. [...]
[...] Ainsi, nous pouvons nous demander quels sont les apports d'Hérésie et inquisition à l'histoire des dissidences dans le midi de la France. Pour y répondre, nous précéderons en trois temps. Nous verrons tout d'abord le mythe de la religion cathare avant d'étudier la fiabilité de la filiation orientale des dissidences (II). Nous terminerons enfin par l'analyse du déclin du catharisme (III). I - Le mythe de la religion cathare 1. Une construction des clercs L'hérésie est un concept défini par les religieux des XIIe et XIIIe siècles. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture