Les livres de Nicolas Rolin, chancelier de Bourgogne et de son fils Jean, cardinal, sont richement enluminés. Destinés pour la plupart à un usage liturgique, ces manuscrits sont des objets de luxe, commandités par des mécènes animés par la volonté de manifester leur réussite sociale. A. de Charmasse, dans son ouvrage sur les livres liturgiques donnés à la cathédrale d'Autun avait déjà en 1905 parlé d'un inventaire des ouvrages trouvés en l'hôtel parisien1 de Jean Rolin en 1483. Cet inventaire est en réalité un document relatif à la succession de Jean sur la demande de ses héritiers. Le passage considéré concerne des livres prisés par un libraire assermenté auprès de l'université, Jacob Seurquant. Il inventorie 27 livres et donne pour chaque volume une description matérielle, indique le titre et les premiers mots du second feuillet et procède enfin à une estimation.
Plusieurs questions s'imposent : d'une part, la qualité exceptionnelle des manuscrits offerts à la cathédrale tranche totalement avec la relative pauvreté de cette bibliothèque parisienne ; cet inventaire renvoie-t-il une bonne image de ces manuscrits ? Cette bibliothèque reflète-t-elle bien la culture de Jean Rolin, c'est-à-dire une culture ecclésiastique d'où la culture profane serait absente ? Cette bibliothèque est-elle comparable à celle d'autres cardinaux de l'époque ou d'autres grands ecclésiastiques ? Est-elle représentative de son possesseur ?
[...] Nous ne savons malheureusement rien de leur rencontre, mais Jean Monnet avait depuis 1448 parmi ses bénéfices un canonicat à Autun et une église à Buxy dans le diocèse de Chalon-sur-Saône. En 1480 on le voit intervenir auprès de l'évêque d'Autun au sujet d'étudiants sans revenus. Or, c'est à cette même époque que la Sorbonne, désirant restaurer sa bibliothèque, demande au prélat de s'associer à cette entreprise. Jean Rolin est donc bien inséré dans un réseau et entretien des relations avec le milieu universitaire parisien ; il est connu et reconnu de ce milieu dont il se veut le protecteur et le bienfaiteur Cette bibliothèque en apparence bien pauvre témoigne donc mal de la culture et de la place de Jean Rolin dans le milieu intellectuel de son temps. [...]
[...] Jean Rolin humaniste ? La littérature semble quasiment absente de cette bibliothèque, ce qui avait fait dire à Charmasse en 1905 que cet inventaire témoignait d'un désert intellectuel Il faut réviser cette affirmation car il est attesté que Jean Rolin entretenait de nombreuses relations avec les humanistes français de la seconde génération, ses missions diplomatiques au service du duc de Bourgogne le conduisant à Mantoue ou à Bâle. Il devint le protecteur de Guillaume Fichet qui évoque dans le Peroratio de la Rhétorique deux manuscrits que Jean Rolin lui aurait envoyés (l'un des deux était sûrement un Cicéron). [...]
[...] Mis à part les livres liturgiques, il reste 23 ouvrages dont 1 seul est en français (la Consolation de Boèce, un best seller du 13e siècle). Ce texte est d'ailleurs l'un des 13 titres qui relèvent de la littérature spirituelle, accompagné d'un Soliloquia beati Augustini, un exemplaire de l'Horloge de Sapience rédigé vers 1339 par Henri Suso, un mystique dominicain. Parmi les ouvrages imprimés figurent là aussi quelques best sellers de l'époque : Le Dyalogus creaturarum moralizatus attribué à Bonjan de Messine Le de vita et moribus philosophorum de Walter Burley Cette large place occupée par les ouvrages de spiritualité n'a rien de surprenant pour ce cardinal ; la collection ne brille donc pas par son originalité. [...]
[...] Il n'est pas fait mention des livres de droit 1 Son hôtel se trouvait près de la place Maubert que possédait sûrement ce prélat. Le cardinal avait sans doute une bibliothèque à Autun dont-il n'est pas fait mention ; il devait également en emporter dans ses bagages ou en avait prêté. Les quelques manuscrits identifiés à son nom qui sont encore conservés sont la preuve que l'inventaire est incomplet. Ce document regroupe en fait sûrement les manuscrits dont aucun héritier ne voulait et dont la vente permettrait de recouvrir certains frais. [...]
[...] Les livres de Nicolas Rolin, chancelier de Bourgogne et de son fils Jean, cardinal, sont richement enluminés. Destinés pour la plupart à un usage liturgique, ces manuscrits sont des objets de luxe, commandités par des mécènes animés par la volonté de manifester leur réussite sociale. A. de Charmasse, dans son ouvrage sur les livres liturgiques donnés à la cathédrale d'Autun avait déjà en 1905 parlé d'un inventaire des ouvrages trouvés en l'hôtel parisien1 de Jean Rolin en 1483. Cet inventaire est en réalité un document relatif à la succession de Jean sur la demande de ses héritiers. [...]
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